DeletedUser49654
Guest
-Mademoiselle PeiNe, mademoiselle PeiNe…
Il était obnubilé par elle, ses lèvres murmuraient son nom malgré lui.
Elle était restée longtemps derrière les rayons, il ne distinguait que ses cheveux noirs de jais qui ondulaient au dessus des livres. Ils n’avaient pas échangé un mot, elle étant victime de sa pudeur, de sa délicatesse, lui souffrant d’un trouble qui allait doucement le changer. Par une chimie enfin coïncidente, le mélange de leur aura venait de créer un précipité. Un cristal d’anticorps qui pourrait soigner son esprit aliéné.
Au moment où mademoiselle PeiNe était sorti, il avait cru entendre la voix de Leeyong. Elle venait probablement, comme tous les mois, récupérer sa commande. Il se leva et prit le paquet qui contenait le nouveau roman de la collection “audace” des éditions Harlequin. Il se précipita, claudiquant vers la porte. Il ne voulait pas qu’elle entre ni qu'elle s’éternise et perturbe l’atmosphère qu’avait laissé cette douce colombe. Mais dans le couloir il ne vit qu’un bout de l’étoffe de son châle disparaître en direction des galeries. Il resta dans l’incompréhension et se dit que décidément la vie sentimentale de sa camarade semblait vraiment la perturber.
Il était soulagé de se retrouver seul, l’après-midi passa pour lui, pleine d’une sérénité que les événements de ces derniers jours n’auraient jamais pu présager. Il arpentait les rayons quand il fut étonné de trouver un livre posé sur le dos exactement à l’endroit où mademoiselle PeiNe s’était installée. C’était un Boris Vian, “l’écume des jours”, il allait le remettre dans l’alignement maniaque qui caractérisait tous les rayonnages lorsqu’il remarqua une feuille pliée en quatre à l’intérieur. Il déplia l’opale quatre-vingt gramme pour photocopieuse, c’était une lettre. Les premiers mots le jetèrent dans une confusion extrême. Il ne pouvait plus lire, il ne savait plus lire. Son cœur s’affolait.
“ Mon Liebraire…”
Il ne voyait que la signature en bas de page, mademoiselle PeiNe.
Il mit la lettre dans la poche de sa veste, il fallait vite fermer boutique pour la retrouver. Le tramway, vite le tramway. Comme à son arrivée, il ne voyait personne dans le bâtiment Inno, mais cette fois dans un tout autre état d’esprit. Pourtant un choc au moment de franchir la porte fit vaciller son chapeau. Il lança un regard haineux à une jeune bimbo qui semblait se croire super chouette. Qui es-tu pour ralentir ma course ? Mon chapeau ? Quoi mon chapeau ? C’est le chapeau de papa, Norma lui avait donné après la mort accidentelle de celui-ci.
Fenrir n’avait que douze ans et Norma lui avait dit :
- C’est toi l’homme de la famille maintenant !
Il avançait maintenant au ralenti, on venait de le sortir du rêve et la réalité c’était Norma, Norma...
Il était obnubilé par elle, ses lèvres murmuraient son nom malgré lui.
Elle était restée longtemps derrière les rayons, il ne distinguait que ses cheveux noirs de jais qui ondulaient au dessus des livres. Ils n’avaient pas échangé un mot, elle étant victime de sa pudeur, de sa délicatesse, lui souffrant d’un trouble qui allait doucement le changer. Par une chimie enfin coïncidente, le mélange de leur aura venait de créer un précipité. Un cristal d’anticorps qui pourrait soigner son esprit aliéné.
Au moment où mademoiselle PeiNe était sorti, il avait cru entendre la voix de Leeyong. Elle venait probablement, comme tous les mois, récupérer sa commande. Il se leva et prit le paquet qui contenait le nouveau roman de la collection “audace” des éditions Harlequin. Il se précipita, claudiquant vers la porte. Il ne voulait pas qu’elle entre ni qu'elle s’éternise et perturbe l’atmosphère qu’avait laissé cette douce colombe. Mais dans le couloir il ne vit qu’un bout de l’étoffe de son châle disparaître en direction des galeries. Il resta dans l’incompréhension et se dit que décidément la vie sentimentale de sa camarade semblait vraiment la perturber.
Il était soulagé de se retrouver seul, l’après-midi passa pour lui, pleine d’une sérénité que les événements de ces derniers jours n’auraient jamais pu présager. Il arpentait les rayons quand il fut étonné de trouver un livre posé sur le dos exactement à l’endroit où mademoiselle PeiNe s’était installée. C’était un Boris Vian, “l’écume des jours”, il allait le remettre dans l’alignement maniaque qui caractérisait tous les rayonnages lorsqu’il remarqua une feuille pliée en quatre à l’intérieur. Il déplia l’opale quatre-vingt gramme pour photocopieuse, c’était une lettre. Les premiers mots le jetèrent dans une confusion extrême. Il ne pouvait plus lire, il ne savait plus lire. Son cœur s’affolait.
“ Mon Liebraire…”
Il ne voyait que la signature en bas de page, mademoiselle PeiNe.
Il mit la lettre dans la poche de sa veste, il fallait vite fermer boutique pour la retrouver. Le tramway, vite le tramway. Comme à son arrivée, il ne voyait personne dans le bâtiment Inno, mais cette fois dans un tout autre état d’esprit. Pourtant un choc au moment de franchir la porte fit vaciller son chapeau. Il lança un regard haineux à une jeune bimbo qui semblait se croire super chouette. Qui es-tu pour ralentir ma course ? Mon chapeau ? Quoi mon chapeau ? C’est le chapeau de papa, Norma lui avait donné après la mort accidentelle de celui-ci.
Fenrir n’avait que douze ans et Norma lui avait dit :
- C’est toi l’homme de la famille maintenant !
Il avançait maintenant au ralenti, on venait de le sortir du rêve et la réalité c’était Norma, Norma...