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[Jeu] Alphabet : Je Thème

  • Auteur de la discussion DeletedUser27939
  • Date de début

Florn

Force de frappe
Insatiablement

Emile Verhaeren

Le soir, plein des dégoûts du journalier mirage,
Avec des dents, brutal, de folie et de feu,
Je mords en moi mon propre coeur et je l'outrage
Et ricane, s'il tord son martyre vers Dieu.

Là-bas, un ciel brûlé d'apothéoses vertes
Domine un coin de mer - et des flammes de flots
Entrent, comme parmi des blessures ouvertes,
En des écueils troués de cris et de sanglots.

Et mon coeur se reflète en ce soir de torture,
Quand la vague se ronge et se déchire aux rocs
Et s'acharne contre elle et que son armature
D'or et d'argent éclate et s'émiette, par chocs.

La joie, enfin, me vient de souffrir par moi-même,
Parce que je le veux, et je m'enivre aux pleurs
Que je répands, et mon orgueil tait son blasphème
Et s'exalte, sous les abois de mes douleurs.

Je harcèle mes maux et mes vices. J'oublie
L'inextinguible ennui de mon détraquement,
Et quand lève le soir son calice de lie,
Je me le verse à boire, insatiablement.
 

Lyuba

Conquistador
J’AI UN ARBRE EN MOI…

J’ai un arbre en moi
Dont j’ai rapporté le plant du soleil,
Poissons de feu ses feuilles se balancent
Ses fruits tels des oiseaux gazouillent.

Les voyageurs depuis longtemps sont descendus de leur fusée
Sur l’étoile qui est en moi,
lls parlent ce langage entendu dans mes rêves,
Ni ordres, ni vantardises, ni prières.

J’ai une route blanche en moi
Y passent les fourmis avec les grains de blé,
Les camions pleins de cris de fête,
Mais cette route est interdite aux corbillards.

Le temps reste immobile en moi,
Comme une odorante rose rouge,
Que l’on soit vendredi et demain samedi
Que soit passé beaucoup de moi, qu’il en reste peu ou prou
Je m’en fous !

Nâzim Hikmet

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Florn

Force de frappe
Kabala.

François Coppée

Après avoir blanchi sous un grimoire antique,
Près du creuset, bravant fagots et Montfaucon,
Sans avoir trouvé l'or ni le basilicon,
L'ancien souffleur mourait, pauvre et sans viatique.

Mais, comme pour venger la foi cabalistique,
La chimie émergeait des fourneaux de Bacon ;
Et, tâchant d'enfermer la vie en un flacon,
Paracelse créait une thérapeutique.

Cependant la science était encor trop peu.
Des arts charmants sont nés dans le secret du feu,
Comme y seraient éclos des œufs de salamandre.

C'est là que Limosin et Bernard Palissy
Ont cueilli le laurier qu'après eux tu viens prendre,
Claudius, et le vieil Hermès te dit : Merci.
 

BlackKwolph

Biologiste
juste pour dire que "I" a évoqué Kipling et "IF" que je poste tout de même, parce que c'est tellement connu :

If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you,
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting,
Or being lied about, don’t deal in lies,
Or being hated, don’t give way to hating,
And yet don’t look too good, nor talk too wise ;
(...)
If you can fill the unforgiving minute
With sixty seconds’ worth of distance run,
Yours is the Earth and everything that’s in it,
And—which is more—you’ll be a Man, my son!


Je pense que toute traduction est inutile

Ach ! @Barbara99 , Florn vient de me couper l'herbe sous le pied.... J'allais poster du Goethe, un peu d'allemand pour changer : "K" pour "der KONIG in Thule" !!!!
 

BlackKwolph

Biologiste
Ah mais, je me rattrape illico : Der LINDENBAUM

Der Lindenbaum

Wilhelm Müller

Am Brunnen vor dem Tore,
Da steht ein Lindenbaum;
Ich träumt’ in seinem Schatten
So manchen süssen Traum.

Ich schnitt in seine Rinde
So manches liebe Wort;
Es zog in Freud’ und Leide
Zu ihm mich immer fort.

Ich musst’ auch heute wandern
Vorbei in tiefer Nacht,
Da hab’ ich noch im Dunkel
Die Augen zugemacht.

Und seine Zweige rauschten,
Als riefen sie mir zu:
Komm her zu mir, Geselle,
Hier findst du deine Ruh’!

Die kalten Winde bliesen
Mir grad’ in’s Angesicht,
Der Hut flog mir vom Kopfe,
Ich wendete mich nicht.

Nun bin ich manche Stunde
Enfernt von jenem Ort,
Und immer hör’ ich’s rauschen:
Du fändest Ruhe dort!

Non loin de la fontaine
Se dressait un tilleul ;
J’avais fait sous son ombre
Plus d’un rêve chéri,

Gravé dans son écorce
Nombre de mots d’amour ;
Dans la joie ou la peine
J’allais à lui toujours.

Je suis passé non loin
De lui dans les ténèbres ;
Au milieu de ma nuit
J’avais fermé les yeux.

Sa ramure tremblait,
Il semblait m’appeler :
Viens à moi, mon compère,
Tu connaîtras la paix !

Les bises de l’hiver
Me sifflaient à la face ;
Mon chapeau s’envola,
Je ne me tournai pas.

Cela fait quelque temps
Que j’ai quitté ces lieux ;
Et je l’entends me dire :
Tu connaîtrais la paix !


 

Lyuba

Conquistador
La fuga
Madre mía, en el sueño
ando por paisajes cardenosos :
un monte negro que se contornea
siempre, para alcanzar el otro monte ;
y en el que sigue estás tú vagamente,
pero siempre hay otro monte redondo
que circundar, para pagar el paso
al monte de tu gozo y de mi gozo.

Mas, a trechos tú misma vas haciendo
el camino de burlas y de expolio.
Vamos las dos sintiéndonos, sabiéndonos
mas no podemos vernos en los ojos,
y no podemos trocarnos palabra,
cual la Eurídice y el Orfeo solos,
las dos cumpliendo un voto o un castigo,
ambas con pies y con acentos rotos.

Pero a veces no vas al lado mío :
te llevo en mí, en un peso angustioso
y amoroso a la vez, como pobre hijo
galeoto a su padre galeoto,
y hay que enhebrar los cerros repetidos,
sin decir el secreto doloroso :
que yo te llevo hurtada a dioses crueles
y que vamos a un Dios que es de nosotros.

Y otras veces ni estás cerro adelante,
ni vas conmigo, ni vas en mi soplo :
te has disuelto con niebla en las montañas,
te has cedido al paisaje cardenoso.
Y me das unas voces de sarcasmo
desde tres puntos, y en dolor me rompo,
porque mi cuerpo es uno, el que me diste,
y tú eres un agua de cien ojos,
y eres un paisaje de mil brazos,
nunca más lo que son los amorosos :
un pecho vivo sobre un pecho vivo,
nudo de bronce ablandado en sollozo.

Y nunca estamos, nunca nos quedamos,
como dicen que quedan los gloriosos,
delante de su Dios, en dos anillos
de luz, o en dos medallones absortos,
ensartados en un rayo de gloria
o acostados en un cauce de oro.

O te busco, y no sabes que te busco,
o vas conmigo, y no te veo el rostro ;
o en mí tú vas, en terrible convenio,
sin responderme con tu cuerpo sordo,
siempre por el rosario de los cerros,
que cobran sangre por entregar gozo,
y hacen danzar en torno a cada uno,
¡ hasta el momento de la sien ardiendo,
del cascabel de la antigua demencia
y de la trampa en el vórtice rojo !

Gabriela Mistral
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Ma mère, en rêve,
je traverse des paysages chardonneux :
une montagne noire que l’on doit contourner
toujours, pour atteindre l’autre montagne ;
et dans celle qui suit tu te trouves vaguement
mais il y a toujours une autre montagne ronde
à contourner, pour payer le passage
vers le mont de ta joie et de ma joie.

Mais, par intervalles toi-même tu traces
le chemin de moqueries et de spoliation.
Toutes deux nous nous sentons, nous savourons peu à peu
mais ne pouvons nous voir dans les yeux,
et ne pouvons nous échanger un mot,
tels Eurydice et Orphée seuls,
accomplissant toutes deux une promesse ou un châtiment
toutes deux les pieds et les accents brisés.

Mais parfois tu ne marches pas à mes côtés :
je te porte en moi, en un poids angoissant
et amoureux à la fois, comme un pauvre fils
entremetteur porte son père entremetteur,
et il faut enfiler les collines successives
sans avouer le douloureux secret :
je t’ai dérobée à des dieux cruels
et nous allons vers un Dieu qui est le nôtre.

Et à d’autres reprises tu ne me devances pas dans la colline
et tu n’es pas à mes côtés, ni te trouves dans mon souffle :
tu t’es dissoute avec le brouillard dans les montagnes.
Tu t’es soumise au paysage chardonneux
et tu m’adresses des cris de sarcasme
depuis trois points, et je me brise de douleur,
car mon corps est un, celui que tu m’as donné,
et toi tu es une eau formée de cent yeux,
et tu es un paysage formé de mille bras,
plus jamais ce que sont les amoureux :
un cœur vivant sur un cœur vivant,
nœud de bronze ramolli en sanglots.

Et nous ne sommes jamais et ne restons jamais ensemble
contrairement à ce que l’on dit des glorieux,
devant leur Dieu, en deux anneaux
de lumière, ou absorbés en deux médaillons,
enfilés dans un rayon de gloire
ou couchés dans un lit d’or.

Soit je te cherche, et tu ne sais pas que je te cherche,
soit tu m’accompagnes, et je ne vois pas ton visage ;
soit tu vas en moi, en un terrible accord,
sans me répondre de ton corps sourd,
toujours à travers le chapelet des collines,
qui demandent du sang en échange de joie,
et font danser en rond tout un chacun,
jusqu’au moment de la tempe qui brûle,
du grelot de l’ancienne folie
et du piège dans le tourbillon rouge !

OOPS, trop lente

Madrigal

Si c'est aimer, Madame, et de jour, et de nuit
Rêver, songer, penser le moyen de vous plaire,
Oublier toute chose, et ne vouloir rien faire
Qu'adorer et servir la beauté qui me nuit :

Si c'est aimer que de suivre un bonheur qui me fuit,
De me perdre moi même et d'être solitaire,
Souffrir beaucoup de mal, beaucoup craindre et me taire,
Pleurer, crier merci, et m'en voir éconduit :

Si c'est aimer que de vivre en vous plus qu'en moi même,
Cacher d'un front joyeux, une langueur extrême,
Sentir au fond de l'âme un combat inégal,
Chaud, froid, comme la fièvre amoureuse me traite :

Honteux, parlant à vous de confesser mon mal !
Si cela est aimer : furieux je vous aime :
Je vous aime et sait bien que mon mal est fatal :
Le cœur le dit assez, mais la langue est muette.


Pierre de Ronsard
 
Dernière édition :

Loup Tenace

Empereur
Je pense que toute traduction est inutile
Bé non on est pas tous anglophile ou à l'aise avec la langue de Shelley.
Et puis : La langue officielle de la communauté est le français, seule cette langue peut être utilisée pour la communication au sein du forum.
Alors merci d'y mettre les traductions quand les textes sont dans une autre langue.
 

Florn

Force de frappe
Je crois @Loup Tenace qu'on peut tous reconnaître "Tu seras un homme mon fils".

NOCHE DEL AMOR INSOMNE (Sonetos del amor oscuro)

Federico Garcia Lorca

Noche arriba los dos con luna llena,
yo me puse a llorar y tú reías.
Tu desdén era un dios, las quejas mías
momentos y palomas en cadena.

Noche abajo los dos. Cristal de pena,
llorabas tú por hondas lejanías.
Mi dolor era un grupo de agonías
sobre tu débil corazón de arena.

La aurora nos unió sobre la cama,
las bocas puestas sobre el chorro helado
de una sangre sin fin que se derrama.

Y el sol entró por el balcón cerrado
y el coral de la vida abrió su rama
sobre mi corazón amortajado.


***​

Nuit de l'amour insomniaque (sonnet d'amour obscur)

Nuit de pleine lune au-dessus de nous deux,
Je commençais à pleurer et toi, tu riais.
Ton mépris était un dieu, mes plaintes
Des moments et des colombes en chaîne.

La nuit en dessous de nous deux. Cristal de chagrin,
Tu pleurais à cause de révoltes lointaines.
Ma douleur était un groupe de poules mouillées
Sur ton coeur de sable affaibli.

L'aurore nous unit sur le lit,
Les bouches posées sur l'écoulement gelé
D'un sang qui déborde sans fin.

Et le soleil entra par le balcon fermé
Et le corail de la vie ouvrit ses branches

Sur mon coeur inhumé.

J'espère avoir bien traduit, excusez moi si il y a peut être quelques approximations ou interprétations de ma part, je me les suis permises, connaissant assez bien l'auteur
:rolleyes:
 

Lyuba

Conquistador
Ode to a Nightingale

My heart aches, and a drowsy numbness pains
My sense, as though of hemlock I had drunk,
Or emptied some dull opiate to the drains
One minute past, and Lethe-wards had sunk:
'Tis not through envy of thy happy lot,
But being too happy in thine happiness,—
That thou, light-winged Dryad of the trees
In some melodious plot
Of beechen green, and shadows numberless,
Singest of summer in full-throated ease.

O, for a draught of vintage! that hath been
Cool'd a long age in the deep-delved earth,
Tasting of Flora and the country green,
Dance, and Provençal song, and sunburnt mirth!
O for a beaker full of the warm South,
Full of the true, the blushful Hippocrene,
With beaded bubbles winking at the brim,
And purple-stained mouth;
That I might drink, and leave the world unseen,
And with thee fade away into the forest dim:

Fade far away, dissolve, and quite forget
What thou among the leaves hast never known,
The weariness, the fever, and the fret
Here, where men sit and hear each other groan;
Where palsy shakes a few, sad, last gray hairs,
Where youth grows pale, and spectre-thin, and dies;
Where but to think is to be full of sorrow
And leaden-eyed despairs,
Where Beauty cannot keep her lustrous eyes,
Or new Love pine at them beyond to-morrow.

Away! away! for I will fly to thee,
Not charioted by Bacchus and his pards,
But on the viewless wings of Poesy,
Though the dull brain perplexes and retards:
Already with thee! tender is the night,
And haply the Queen-Moon is on her throne,
Cluster'd around by all her starry Fays;
But here there is no light,
Save what from heaven is with the breezes blown
Through verdurous glooms and winding mossy ways.

I cannot see what flowers are at my feet,
Nor what soft incense hangs upon the boughs,
But, in embalmed darkness, guess each sweet
Wherewith the seasonable month endows
The grass, the thicket, and the fruit-tree wild;
White hawthorn, and the pastoral eglantine;
Fast fading violets cover'd up in leaves;
And mid-May's eldest child,
The coming musk-rose, full of dewy wine,
The murmurous haunt of flies on summer eves.

Darkling I listen; and, for many a time
I have been half in love with easeful Death,
Call'd him soft names in many a mused rhyme,
To take into the air my quiet breath;
Now more than ever seems it rich to die,
To cease upon the midnight with no pain,
While thou art pouring forth thy soul abroad
In such an ecstasy!
Still wouldst thou sing, and I have ears in vain—
To thy high requiem become a sod.

Thou wast not born for death, immortal Bird!
No hungry generations tread thee down;
The voice I hear this passing night was heard
In ancient days by emperor and clown:
Perhaps the self-same song that found a path
Through the sad heart of Ruth, when, sick for home,
She stood in tears amid the alien corn;
The same that oft-times hath
Charm'd magic casements, opening on the foam
Of perilous seas, in faery lands forlorn.

Forlorn! the very word is like a bell
To toll me back from thee to my sole self!
Adieu! the fancy cannot cheat so well
As she is fam'd to do, deceiving elf.
Adieu! adieu! thy plaintive anthem fades
Past the near meadows, over the still stream,
Up the hill-side; and now 'tis buried deep
In the next valley-glades:
Was it a vision, or a waking dream?
Fled is that music:—Do I wake or sleep?

John Keats


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Mon coeur souffre, une torpeur accablante s'empare
De mes sens comme si j'avais bu de la ciguë,
Ou vidé une coupe de puissant narcotique
À l'instant même et m'étais plongé dans la Léthé:
Ce n'est pas par envie de ton heureux destin,
Mais parce que je suis enivré de ton bonheur,-
Toi, qui, Dryade ailée des arbres,
Dans quelque mélodieux entrelacs
De hêtres verts et d'ombrages infinis
Chantes l'été à plein gosier, à ton aise.


Oh ! Qui me donnera une gorgée d'un vin
Longtemps refroidi dans la terre profonde,
D'un vin qui sent Flora et la campagne verte,
La danse, les chansons provençales et la joie ensoleillée !
Oh ! Qui me donnera une coupe pleine du chaud Midi,
Pleine de la véritable, de la rougissante Hippocrène,
Avec, sur le bord, des bulles d'écume entraînante,
Que, la bouche teinte de poupre,
Je puisse m'abreuver et, quittant le monde sans être vu,
M'égarer avec toi dans l'obscurité de la forêt :


Disparaître dans l'espace, me dissoudre, oublier
Ce qu'au sein du feuillage tu n'as jamais connu,
Le degoût, la fièvre et l'agitation,
Parmi les hommes qui s'écoutent gémir les uns les autres;
Où le tremblement secoue les vieux aux rares cheveux gris,
Où la jeunesse devient blême, puis spectrale, et meurt ;
Où rien que de penser remplit de tristesse
Et sur les paupières pèse d'un poids de plomb,
Où la Beauté ne peut conserver un jour ses yeux lumineux,
Sans qu'un nouvel Amour le lendemain en ternisse l'éclat !


Loin, m'égarer loin ! car je veux voler vers toi,
Non pas traîné par les léopards de Bacchus,
Mais sur les ailes invisibles de la Poésie,
Malgré les obstacles et les retards de la sotte pensée :
Déjà je me sens avec toi ! tendre est la nuit,
Et peut-être la Lune Reine est-elle sur son trône,
Au milieu de son essaim d'étoiles Fées ;
Mais içi, il n'y a nulle clarté,
Sauf celle que le ciel souffle avec les brises
Sur les sombres feuillages et la mousse des sentiers sinueux.


Je ne peux même pas discerner les fleurs à mes pieds,
Ni quelles essences d'arbre dégagent d'aussi suaves senteurs,
Mais dans la pénombre embaumée, je devine chacune de ses odeurs
Dont ce mois de la saison parfume
Le gazon, le hallier, le fruit de l'arbre sauvage ;
La blanche aubépine et l'églantine des champs ;
La violette qui se fane si vite recouverte par les feuilles ;
Et la fille ainée de la mi-Mai,
La rose musquée en bouton, trempée de rosée vineuse,
Où bourdonnent les mouches par les soirs d'été.


Plongé dans l'obscurité, j'écoute et plus d'une fois
J'ai été presque amoureux de la mort apaisante,
Je lui ai donné de doux noms en plus d'un vers pensif,
Pour qu'elle enlevât dans l'air mon souffle calme ;
Maintenant plus que jamais il semble délicieux de mourir,
De finir à minuit sans souffrance
Pendant qu'au-dehors tu répands ton âme
Dans une telle extase!
Tu chanterais encore; moi, j'aurais des oreilles qui n'entendraient
pas ?
Ton sublime Requiem résonnerait sur un tertre de gazon.


Mais toi, tu n'es pas né pour la mort, immortel Oiseau !
Il n'y a pas de générations affamées pour te fouler aux pieds ;
La voix que j'entends cette nuit fut entendue
Dans les anciens jours par empereurs et manants :
Peut-être cette même chanson fit tressaillir
Le triste coeur de Ruth, lorsque regrettant sa patrie,
Elle se tenait en larmes parmi les blés de l'étranger ;
Peut-être est-ce toi-même qui souvent as
Charmé de magiques fenêtres, s'ouvrant sur l'écume
Des mers périlleuses, en de féeriques terres délaissées.


Délaissé ! Ce mot même semble une cloche
Qui sonne la séparation et me rend à la solitude !
Adieu ! l'imagination ne parvient pas à me leurrer autant
Que sa réputation le proclame, décevant elfe.
Adieu ! Adieu ! ton antienne plaintive va s'affaiblissant,
Il franchit la prairie voisine, le silencieux ruisseau,
Le sommet de la colline, puis s'anéantit dans les profondeurs
De la vallée prochaine.
Était-ce une vision, était-ce une rêve ?
La musique s'est envolée :- Suis-je éveillé, suis-je endormi ?
 
Dernière édition :

BlackKwolph

Biologiste
OK, la traduction de "la Prière" de Kipling.... bêtement, je pensais que c'était un texte connu de tous... car qui n'a jamais cité "tu seras un homme, mon fils".
Je me suis fourvoyée manifestement, et la masse cite Kipling sans même avoir idée de l'origine de cette citation...


Voici la traduction d'Alain Caillé, que je trouve pertinente, il en existe d'autres plus célèbres.

Si tu sais garder la tête froide quand tous
La perdent et t’accusent,
Croire en toi quand tous doutent,
Et, pourtant, leur faire crédit ;
Si tu sais attendre sans te lasser,
Accepter d’être calomnié sans calomnier en retour,
Etre haï sans haïr à ton tour,
Sans, pourtant, jouer ni au saint ni au sage ;

Si tu sais faire des rêves- sans en être l’esclave,
Penser – mais sans en faire ton but ;
Si tu peux accueillir Triomphe ou Désastre
Comme les deux imposteurs qu’ils sont ;
Si tu peux supporter de voir tes vérités
Déformées par des escrocs pour piéger les idiots,
Le combat de toute ta vie réduit à néant,
Et pourtant te baisser et ramasser tes outils hors d’usage
Pour construire à nouveau ;

Si tu as le courage de jouer tous tes gains passés
Sur un seul coup de dé,
De les perdre et de repartir à zéro
Sans le moindre soupir ;
Si tu peux forcer ton coeur, tes nerfs
Et tes muscles à servir encore et encore
Quand pourtant tout défaille
Sauf la Volonté qui te dit : “Tiens bon !”

Si tu sais parler aux foules sans t’avilir
Ou frayer avec les Rois sans te croire hors du commun,
Si ni ennemis ni amis ne peuvent te briser,
Si tout homme compte pour toi, mais qu’aucun ne compte trop
Si dans toute minute qui passe, inexorable,
Tu sais voir la valeur de chaque seconde
Alors, le Monde sera à toi, avec tout ce qu’il contient,
Et, surtout, bien mieux que cela, tu seras un Homme mon fils.



Puisque ce texte ne semble pas connu, je suis heureuse de le porter ici car la leçon qui y est donnée trouve tout son sens sur ce forum.
 

Loup Tenace

Empereur
Je crois @Loup Tenace qu'on peut tous reconnaître "Tu seras un homme mon fils".
OK, la traduction de "la Prière" de Kipling.... bêtement, je pensais que c'était un texte connu de tous... car qui n'a jamais cité "tu seras un homme, mon fils".
Il faut admettre là bien humblement ma faible culture à ce niveau là, si Rudyard Kipling m'est pas totalement inconnu car de lui à part le livre de la jungle (attention même pas lu, juste vu la version de 1967 de Walt Disney durant ma prime enfance) et le film : L'homme qui voulut être roi tiré d'une de ces nouvelles, de cet auteur je ne connais rien désolé.
Quand à la citation elle a du passé une ou plusieurs fois devant mes yeux (en plus d'un demi siècle d'existence) mais sans l'associé à qui que se soit.

Les poèmes d'ici ou d'ailleurs est le thème et bien un poème d'ici (d'un certain Loup Tenace) ;-)

Paradis perdu

Tu me quitte, tu m'abandonne, tu me fuis
Plus vite encore que ne sonne l'heure de la nuit.
Oh ! Bien lugubre est à ce moment là mon monde,
Où cours tu si loin de mon esprit, de mon âme,
Qu'es je donc fais de terrible pour éteindre ta flamme.

Tout tombe, tout coule, tout sombre
Plus rien à faire pour sortir de la pénombre.
Reste encore auprès de moi, sois mon monde
Je ne peux croire qu'il n'existe plus rien
Hormis cette route, ce sentier, ce chemin.

Écorchure, Crainte, blessure et douleur
sont maintenant gravé en mon cœur
Et toi divine fée ensorcelante,
Insensible à ma peine qui me tenaille,
Tu t'éloigne en guise de représailles.

Mais que de drame, que d'histoire
Pour un instant d'égarement d'un soir,
Il a suffit q'une voix provocante
Se déclare à mon corps défendant
Pour que s'éteigne tout sentiment.

Terre dévastée mis à nue
Voilà mon paradis perdu.
 

Lyuba

Conquistador
Que serais-je sans toi.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait jour à midi qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N'est-ce pas un sanglot de la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve ailleurs que dans les nues
Terre terre voici ses rades inconnues.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.


Louis Aragon - Le roman inachevé
 

Florn

Force de frappe
Rimes riches à l'oeil

Alphonse Allais

L'homme insulté‚ qui se retient
Est, à coup sûr, doux et patient.
Par contre, l'homme à l'humeur aigre
Gifle celui qui le dénigre.
Moi, je n'agis qu'à bon escient :
Mais, gare aux fâcheux qui me scient !
Qu'ils soient de Château-l'Abbaye
Ou nés à Saint-Germain-en-Laye,
Je les rejoins d'où qu'ils émanent,
Car mon courroux est permanent.
Ces gens qui se croient des Shakespeares
Ou rois des îles Baléares !
Qui, tels des condors, se soulèvent !
Mieux vaut le moindre engoulevent.
Par le diable, sans être un aigle,
Je vois clair et ne suis pas bigle.
Fi des idiots qui balbutient !
Gloire au savant qui m'entretient !
 

Lyuba

Conquistador
Sonnet 130

My mistress' eyes are nothing like the sun
Coral is far more red than her lips' red;
If snow be white, why then her breasts are dun;
If hairs be wires, black wires grow on her head.

I have seen roses damask'd, red and white,
But no such roses see I in her cheeks;
And in some perfumes is there more delight
Than in the breath that from my mistress reeks.

I love to hear her speak, yet well I know
That music hath a far more pleasing sound;
I grant I never saw a goddess go;
My mistress, when she walks, treads on the ground:

And yet, by heaven, I think my love as rare
As any she belied with false compare.

William Shakespeare


Les yeux de ma maîtresse ne sont nullement comme le soleil ;
le corail est bien plus rouge que le rouge de ses lèvres ;
si la neige est blanche, alors pourquoi ses seins sont bruns ;
si les cheveux sont des cordes d'instrument, des cordes noires poussent sur sa tête.

J'ai vu des roses de Damas, rouges et blanches,
mais nulle de telles roses ne vois-je dans ses joues ;
et dans certains parfums il y a plus de délice
que dans l'haleine qui de ma maîtresse pue.

J'aime l'entendre parler, cependant je sais bien
que la musique a un son bien plus plaisant ;
j'admets que je n'ai jamais vu de déesse passer ;
ma maîtresse, quand elle marche, pose le pied sur le sol.

Et pourtant, par le ciel, je pense mon amour aussi rare
que tout ceux qu'elle dément avec de fausses comparaisons.
 

Lyuba

Conquistador
o.opersonne ??

(Der) Taucher.

Wer wagt es, Rittersmann oder Knapp,
Zu tauchen in diesen Schlund?
Einen goldnen Becher werf ich hinab,
Verschlungen schon hat ihn der schwarze Mund.
Wer mir den Becher kann wieder zeigen,
Er mag ihn behalten, er ist sein eigen.

Der König sprach es, und wirft von der Höh
Der Klippe, die schroff und steil
Hinaus hängt in die unendliche See,
Den Becher in der Charybde Geheul.
Wer ist der Beherzte, ich frage wieder,
Zu tauchen in diese Tiefe nieder?


Und die Ritter, die Knappen um ihn her,
Vernehmens und schweigen still,
Sehen hinab in das wilde Meer,
Und keiner den Becher gewinnen will.
Und der König zum drittenmal wieder fraget:
Ist keiner, der sich hinunter waget?

Doch alles noch stumm bleibt wie zuvor,
Und ein Edelknecht, sanft und keck,
Tritt aus der Knappen zagendem Chor,
Und den Gürtel wirft er, den Mantel weg,
Und alle die Männer umher und Frauen
Auf den herrlichen Jüngling verwundert schauen.


Und wie er tritt an des Felsen Hang,
Und blickt in den Schlund hinab,
Die Wasser, die sie hinunter schlang,
Die Charybde jetzt brüllend wiedergab,
Und wie mit des fernen Donners Getose
Entstürzen sie schäumend dem finstern Schoose.

Und es wallet und siedet und brauset und zischt,
Wie wenn Wasser mit Feuer sich mengt,
Bis zum Himmel sprützet der dampfende Gischt,
Und Flut auf Flut sich ohn Ende drängt,
Und will sich nimmer erschöpfen und leeren,
Als wollte das Meer noch ein Meer gebähren.

Doch endlich, da legt sich die wilde Gewalt,
Und schwarz aus dem weißen Schaum
Klafft hinunter ein gähnender Spalt,
Grundlos als giengs in den Höllenraum,
Und reissend sieht man die brandenden Wogen
Hinab in den strudelnden Trichter gezogen.


Jetzt schnell, eh die Brandung zurückekehrt,
Der Jüngling sich Gott befiehlt,
Und – ein Schrey des Entsetzens wird rings gehört,
Und schon hat ihn der Wirbel hinweggespült,
Und geheimnißvoll über dem kühnen Schwimmer
Schließt sich der Rachen, er zeigt sich nimmer.

Und stille wirds über dem Wasserschlund,
In der Tiefe nur brauset es hohl,
Und bebend hört man von Mund zu Mund:
Hochherziger Jüngling, fahre wohl!
Und hohler und hohler hört mans heulen,
Und es harrt noch mit bangem, mit schrecklichem Weilen.


Und wärfst du die Krone selber hinein,
Und sprächst: wer mir bringet die Kron’,
Er soll sie tragen und König seyn,
Mich gelüstete nicht nach dem theuren Lohn,
Was die heulende Tiefe da unten verhehle,
Das erzählt keine lebende glückliche Seele.


Wohl manches Fahrzeug, vom Strudel gefaßt,
Schoß gäh in die Tiefe hinab,
Doch zerschmettert nur rangen sich Kiel und Mast,
Hervor aus dem alles verschlingenden Grab.
Und heller und heller wie Sturmes Sausen
Hört mans näher und immer näher brausen.

Und es wallet und siedet und brauset und zischt,
Wie wenn Wasser mit Feuer sich mengt,
Bis zum Himmel sprützet der dampfende Gischt,
Und Well’ auf Well’ sich ohn Ende drängt,
Und wie mit des fernen Donners Getose
Entstürzt es brüllend dem finstern Schoose.

Und sieh! aus dem finster flutenden Schooß
Da hebet sichs schwanenweiß,
Und ein Arm und ein glänzender Nacken wird bloß
Und es rudert mit Kraft und mit emsigem Fleiß,
Und er ists, und hoch in seiner Linken
Schwingt er den Becher mit freudigem Winken.

Und athmete lang und athmete tief,
Und begrüßte das himmlische Licht.
Mit Frohlocken es einer dem andern rief,
Er lebt! Er ist da! Es behielt ihn nicht.
Aus dem Grab, aus der strudelnden Wasserhöhle
Hat der Brave gerettet die lebende Seele.

Und er kommt, es umringt ihn die jubelnde Schaar,
Zu des Königs Füßen er sinkt,
Den Becher reicht er ihm knieend dar,
Und der König der lieblichen Tochter winkt,
Die füllt ihn mit funkelndem Wein bis zum Rande,
Und der Jüngling sich also zum König wandte:


Lang lebe der König! Es freue sich,
Wer da athmet im rosigten Licht.
Da unten aber ists fürchterlich,
Und der Mensch versuche die Götter nicht,
Und begehre nimmer und nimmer zu schauen
Was sie gnädig bedecken mit Nacht und Grauen.

Es riß mich hinunter Blitzesschnell,
Da stürzt’ mir aus felsigtem Schacht,
Wildflutend entgegen ein reissender Quell,
Mich pakte des Doppelstroms wüthende Macht,
Und wie einen Kreisel mit schwindelndem Drehen,
Trieb michs um, ich konnte nicht widerstehen.

Da zeigte mir Gott, zu dem ich rief,
In der höchsten schrecklichen Noth,
Aus der Tiefe ragend ein Felsenrif,
Das erfaßt’ ich behend und entrann dem Tod,
Und da hieng auch der Becher an spitzen Korallen,
Sonst wär er ins Bodenlose gefallen.

Denn unter mir lags noch, Bergetief,
In purpurner Finsterniß da,
Und obs hier dem Ohre gleich ewig schlief,
Das Auge mit Schaudern hinunter sah,
Wies von Salamandern und Molchen und Drachen
Sich regte in dem furchtbaren Höllenrachen.

Schwarz wimmelten da, in grausem Gemisch
Zu scheußlichen Klumpen geballt,
Der stachlichte Roche, der Klippenfisch,
Des Hammers gräuliche Ungestalt,
Und dräuend wies mir die grimmigen Zähne
Der entsetzliche Hay, des Meeres Hyäne.


Und da hieng ich und war mirs mit Grausen bewußt,
Von der menschlichen Hülfe so weit.
Unter Larven die einzige fühlende Brust,
Allein in der gräßlichen Einsamkeit,
Tief unter dem Schall der menschlichen Rede
Bey den Ungeheuern der traurigen Oede.

Und schaudernd dacht ichs, da krochs heran,
Regte hundert Gelenke zugleich,
Will schnappen nach mir, in des Schreckens Wahn
Laß ich los der Koralle umklammerten Zweig,
Gleich faßt mich der Strudel mit rasendem Toben,
Doch es war mir zum Heil, er riß mich nach oben.

Der König darob sich verwundert schier,
Und spricht: Der Becher ist dein,
Und diesen Ring noch bestimm ich dir,
Geschmückt mit dem köstlichsten Edelgestein,
Versuchst dus noch einmal und bringst mir Kunde,
Was du sahst auf des Meers tiefunterstem Grunde?

Das hörte die Tochter mit weichem Gefühl,
Und mit schmeichelndem Munde sie fleht:
Laßt Vater genug seyn das grausame Spiel,
Er hat euch bestanden, was keiner besteht,
Und könnt ihr des Herzens Gelüsten nicht zähmen,
So mögen die Ritter den Knappen beschämen.

Drauf der König greift nach dem Becher schnell,
In den Strudel ihn schleudert hinein,
Und schaffst du den Becher mir wieder zur Stell,
So sollst du der treflichste Ritter mir seyn,
Und sollst sie als Ehgemahl heut noch umarmen,
Die jetzt für dich bittet mit zartem Erbarmen.


Da ergreifts ihm die Seele mit Himmelsgewalt,
Und es blitzt aus den Augen ihm kühn,
Und er siehet erröthen die schöne Gestalt,
Und sieht sie erbleichen und sinken hin,
Da treibts ihn, den köstlichen Preiß zu erwerben,
Und stürzt hinunter auf Leben und Sterben.


Wohl hört man die Brandung, wohl kehrt sie zurück,
Sie verkündigt der donnernde Schall,
Da bückt sichs hinunter mit liebendem Blick
Es kommen, es kommen die Wasser all,
Sie rauschen herauf, sie rauschen nieder,
Den Jüngling bringt keines wieder.

Friedrich Schiller.


LE PLONGEUR


« Qui donc, chevalier ou vassal, oserait plonger dans cet abîme ? J’y lance une coupe d’or ; le gouffre obscur l’a déjà dévorée ; mais celui qui me la rapportera l’aura pour récompense. »

Le roi dit, et, du haut d’un rocher rude et escarpé, suspendu sur la vaste mer, il a jeté sa coupe dans le gouffre de Charybde. « Est-il un homme de cœur qui veuille s’y précipiter ? »

Les chevaliers, les vassaux ont entendu ; mais ils se taisent, ils jettent les yeux sur la mer indomptée, et le prix ne tente personne. Le roi répète une troisième fois : « Qui de vous osera donc s’y plonger ? »

Tous encore gardent le silence ; mais voilà qu’un page à l’air doux et hardi sort du groupe tremblant des vassaux. Il jette sa ceinture, il ôte son manteau, et tous les hommes, toutes les femmes admirent son courage avec effroi.

Et, comme il s’avance sur la pointe du rocher en mesurant l’abîme, Charybde rejette l’onde, un instant dévorée, qui dégorge de sa gueule profonde, avec le fracas du tonnerre.

Les eaux bouillonnent, se gonflent, se brisent et grondent comme travaillées par le feu ; l’écume poudreuse rejaillit jusqu’au ciel, et les flots sur les flots s’entassent, comme si le gouffre ne pouvait s’épuiser, comme si la mer enfantait une mer nouvelle !

Mais enfin sa fureur s’apaise, et, parmi la blanche écume apparaît sa gueule noire et béante, ainsi qu’un soupirail de l’enfer ; de nouveau l’onde tourbillonne et s’y replonge en aboyant.

Vite, avant le retour des flots, le jeune homme se recommande à Dieu, et… l’écho répète un cri d’effroi ! les vagues l’ont entraîné, la gueule du monstre semble se refermer mystérieusement sur l’audacieux plongeur… Il ne reparaît pas !

L’abîme, calmé, ne rend plus qu’un faible murmure, et mille voix répètent en tremblant : « Adieu, jeune homme au noble cœur ! » Toujours plus sourd, le bruit s’éloigne, et l’on attend encore avec inquiétude, avec frayeur.

Quand tu y jetterais ta couronne, et quand tu dirais : « Qui me la rapportera l’aura pour récompense et sera roi… » un prix si glorieux ne me tenterait pas ! — Âme vivante n’a redit les secrets du gouffre aboyant !

Que de navires, entraînés par le tourbillon, se sont perdus dans ses profondeurs ; mais il n’a reparu que des mâts et des vergues brisés au-dessus de l’avide tombeau. — Et le bruit des vagues résonne plus distinctement, approche, approche, puis éclate.

Les voilà qui bouillonnent, se gonflent, se brisent, et grondent comme travaillées par le feu ; l’écume poudreuse rejaillit jusqu’au ciel, et les flots sur les flots s’entassent, puis, avec le fracas d’un tonnerre lointain, surmontent la gorge profonde.

Mais voyez : du sein des flots noirs s’élève comme un cygne éblouissant ; bientôt on distingue un bras nu, de blanches épaules qui nagent avec vigueur et persévérance… C’est lui ! de sa main gauche, il élève la coupe, en faisant des signes joyeux !

Et sa poitrine est haletante longtemps et longtemps encore ; enfin le page salue la lumière du ciel. Un doux murmure vole de bouche en bouche : « Il vit ! il nous est rendu ! le brave jeune homme a triomphé de l’abîme et du tombeau ! »

Et il s’approche, la foule joyeuse l’environne ; il tombe aux pieds du roi, et, en s’agenouillant, lui présente la coupe. Le roi fait venir son aimable fille, elle remplit le vase jusqu’aux bords d’un vin pétillant, et le page, ayant bu, s’écrie :

« Vive le roi longtemps ! — Heureux ceux qui respirent à la douce clarté du ciel !… le gouffre est un séjour terrible ; que l’homme ne tente plus les dieux, et ne cherche plus à voir ce que leur sagesse environna de ténèbres et d’effroi.

« J’étais entraîné d’abord par le courant avec la rapidité de l’éclair, lorsqu’un torrent impétueux, sorti du cœur du rocher, se précipita sur moi ; cette double puissance me fit longtemps tournoyer comme le buis d’un enfant, et elle était irrésistible.

« Dieu, que j’implorais dans ma détresse, me montra une pointe de rocher qui s’avançait dans l’abîme ; je m’y accrochai d’un mouvement convulsif, et j’échappai à la mort. La coupe était là, suspendue à des branches de corail, qui l’avaient empêchée de s’enfoncer à des profondeurs infinies.

« Car, au-dessous de moi, il y avait encore comme des cavernes sans fond, éclairées d’une sorte de lueur rougeâtre, et, quoique l’étourdissement eût fermé mon oreille à tous les sons, mon œil aperçut avec effroi une foule de salamandres, de reptiles et de dragons qui s’agitaient d’un mouvement infernal.

« C’était un mélange confus et dégoûtant de raies épineuses, de chiens marins, d’esturgeons monstrueux et d’effroyables requins, hyènes des mers, dont les grincements me glaçaient de crainte.

« Et j’étais là suspendu avec la triste certitude d’être éloigné de tout secours, seul être sensible parmi tant de monstres difformes, dans une solitude affreuse, où nulle voix humaine ne pouvait pénétrer, tout entouré de figures immondes.

« Et je frémis d’y penser… En les voyant tournoyer autour de moi, il me sembla qu’elles s’avançaient pour me dévorer… Dans mon effroi, j’abandonnai la branche de corail où j’étais suspendu : au même instant, le gouffre revomissait ses ondes mugissantes ; ce fut mon salut, elles me ramenèrent au jour. »

Le roi montra quelque surprise, et dit : « La coupe t’appartient, et j’y joindrai cette bague ornée d’un diamant précieux, si tu tentes encore l’abîme, et que tu me rapportes des nouvelles de ce qui se passe dans les profondeurs les plus reculées.

À ces mots, la fille du roi, tout émue, le supplie ainsi de sa bouche caressante : « Cessez, mon père ; cessez un jeu si cruel ; il a fait pour vous ce que nul autre n’eût osé faire. Si vous ne pouvez mettre un frein aux désirs de votre curiosité, que vos chevaliers surpassent en courage le jeune vassal. »

Le roi saisit vivement la coupe, et, la rejetant dans le gouffre : « Si tu me la rapportes encore, tu deviendras mon plus noble chevalier, et tu pourras aujourd’hui même donner le baiser de fiançailles à celle qui prie si vivement pour toi. »

Une ardeur divine s’empare de l’âme du page ; dans ses yeux l’audace étincelle : il voit la jeune princesse rougir, pâlir et tomber évanouie. Un si digne prix tente son courage, et il se précipite de la vie à la mort.

La vague rugit et s’enfonce… Bientôt elle remonte avec le fracas du tonnerre… Chacun se penche et y jette un regard plein d’intérêt : le gouffre engloutit encore et revomit les vagues, qui s’élèvent, retombent et rugissent toujours… mais sans ramener le plongeur.
 

Florn

Force de frappe
Oh @Lyuba je pensais bien à TEARS de Whitman ou bien à Chenier (mais j'ai déjà posté ce poème ailleurs) et à tant d'autres... Un peu échaudé peut être, je me suis retenu.

Un nom

- Alphonse de Lamartine -


Il est un nom caché dans l'ombre de mon âme,
Que j'y lis nuit et jour et qu'aucun oeil n'y voit,
Comme un anneau perdu que la main d'une femme
Dans l'abîme des mers laissa glisser du doigt.

Dans l'arche de mon coeur, qui pour lui seul s'entrouvre,
Il dort enseveli sous une clef d'airain ;
De mystère et de peur mon amour le recouvre,
Comme après une fête on referme un écrin.

Si vous le demandez, ma lèvre est sans réponse,
Mais, tel qu'un talisman formé d'un mot secret,
Quand seul avec l'écho ma bouche le prononce,
Ma nuit s'ouvre, et dans l'âme un être m'apparaît.

En jour éblouissant l'ombre se transfigure ;
Des rayons, échappés par les fentes des cieux,
Colorent de pudeur une blanche figure
Sur qui l'ange ébloui n'ose lever les yeux.

C'est une vierge enfant, et qui grandit encore ;
Il pleut sur ce matin des beautés et des jours ;
De pensée en pensée on voit son âme éclore,
Comme son corps charmant de contours en contours.

Un éblouissement de jeunesse et de grâce
Fascine le regard où son charme est resté.
Quand elle fait un pas, on dirait que l'espace
S'éclaire et s'agrandit pour tant de majesté.

Dans ses cheveux bronzés jamais le vent ne joue.
Dérobant un regard qu'une boucle interrompt,
Ils serpentent collés au marbre de sa joue,
Jetant l'ombre pensive aux secrets de son front.

Son teint calme, et veiné des taches de l'opale,
Comme s'il frissonnait avant la passion,
Nuance sa fraîcheur des moires d'un lis pâle,
Où la bouche a laissé sa moite impression.

Sérieuse en naissant jusque dans son sourire,
Elle aborde la vie avec recueillement ;
Son coeur, profond et lourd chaque fois qu'il respire,
Soulève avec son sein un poids de sentiment.

Soutenant sur sa main sa tête renversée,
Et fronçant les sourcils qui couvrent son oeil noir,
Elle semble lancer l'éclair de sa pensée
Jusqu'à des horizons qu'aucun oeil ne peut voir.

Comme au sein de ces nuits sans brumes et sans voiles,
Où dans leur profondeur l'oeil surprend les cieux nus,
Dans ses beaux yeux d'enfant, firmament plein d'étoiles,
Je vois poindre et nager des astres inconnus.

Des splendeurs de cette âme un reflet me traverse ;
Il transforme en Éden ce morne et froid séjour.
Le flot mort de mon sang s'accélère, et je berce
Des mondes de bonheur sur ces vagues d'amour.

- Oh ! dites-nous ce nom, ce nom qui fait qu'on aime ;
Qui laisse sur la lèvre une saveur de miel !
- Non, je ne le dis pas sur la terre à moi-même ;
Je l'emporte au tombeau pour m'embellir le ciel.
 

Anamatt

Empereur
Allez... Je m'y colle ^^

Vision
Alfred de Musset

Je vis d’abord sur moi des fantômes étranges
Traîner de longs habits ;
Je ne sais si c’étaient des femmes ou des anges !
Leurs manteaux m’inondaient avec leurs belles franges
De nacre et de rubis.
Comme on brise une armure au tranchant d’une lame,
Comme un hardi marin
Brise le golfe bleu qui se fend sous sa rame,
Ainsi leurs robes d’or, en grands sillons de flamme,
Brisaient la nuit d’airain !
Ils volaient ! – Mon rideau, vieux spectre en sentinelle,
Les regardait passer.
Dans leurs yeux de velours éclatait leur prunelle ;
J’entendais chuchoter les plumes de leur aile,
Qui venaient me froisser.
Ils volaient ! – Mais la troupe, aux lambris suspendue,
Esprits capricieux,
Bondissait tout à coup, puis, tout à coup perdue,
S’enfuyait dans la nuit, comme une flèche ardue
Qui s’enfuit dans les cieux !
Ils volaient ! – Je voyais leur noire chevelure,
Où l’ébène en ruisseaux
Pleurait, me caresser de sa longue frôlure ;
Pendant que d’un baiser je sentais la brûlure
Jusqu’au fond de mes os.
Dieu tout-puissant ! j’ai vu les sylphides craintives
Qui meurent au soleil !
J’ai vu les beaux pieds nus des nymphes fugitives !
J’ai vu les seins ardents des dryades rétives,
Aux cuisses de vermeil !
Rien, non, rien ne valait ce baiser d’ambroisie,
Plus frais que le matin !
Plus pur que le regard d’un œil d’Andalousie !
Plus doux que le parler d’une femme d’Asie,
Aux lèvres de satin !
Oh ! qui que vous soyez, sur ma tête abaissées,
Ombres aux corps flottants !
Laissez, oh ! laissez-moi vous tenir enlacées,
Boire dans vos baisers des amours insensées,
Goutte à goutte et longtemps !
Oh ! venez ! nous mettrons dans l’alcôve soyeuse
Une lampe d’argent.
Venez ! la nuit est triste et la lampe joyeuse !
Blonde ou noire, venez ; nonchalante ou rieuse,
Cœur naïf ou changeant !
Venez ! nous verserons des roses dans ma couche ;
Car les parfums sont doux !
Et la sultane, au soir, se parfume la bouche ;
Lorsqu’elle va quitter sa robe et sa babouche
Pour son lit de bambous !
Hélas ! de belles nuits le ciel nous est avare
Autant que de beaux jours !
Entendez-vous gémir la harpe de Ferrare,
Et sous des doigts divins palpiter la guitare ?
Venez, ô mes amours !
Mais rien ne reste plus que l’ombre froide et nue,
Où craquent les cloisons.
J’entends des chants hurler, comme un enfant qu’on tue ;
Et la lune en croissant découpe, dans la rue,
Les angles des maisons.

Alfred de Musset, Poésies posthumes
 

Florn

Force de frappe
Walking Around

Pablo Neruda

Sucede que me canso de ser hombre.
Sucede que entro en las sastrerías y en los cines
marchito, impenetrable, como un cisne de fieltro
Navegando en un agua de origen y ceniza.

El olor de las peluquerías me hace llorar a gritos.
Sólo quiero un descanso de piedras o de lana,
sólo quiero no ver establecimientos ni jardines,
ni mercaderías, ni anteojos, ni ascensores.

Sucede que me canso de mis pies y mis uñas
y mi pelo y mi sombra.
Sucede que me canso de ser hombre.

Sin Embargo sería delicioso
asustar a un notario con un lirio cortado
o dar muerte a una monja con un golpe de oreja.
Sería bello
ir por las calles con un cuchillo verde
y dando gritos hasta morir de frío

No quiero seguir siendo raíz en las tinieblas,
vacilante, extendido, tiritando de sueño,
hacia abajo, en las tapias mojadas de la tierra,
absorbiendo y pensando, comiendo cada día.

No quiero para mí tantas desgracias.
No quiero continuar de raíz y de tumba,
de subterráneo solo, de bodega con muertos
ateridos, muriéndome de pena.

Por eso el día lunes arde como el petróleo
cuando me ve llegar con mi cara de cárcel,
y aúlla en su transcurso como una rueda herida,
y da pasos de sangre caliente hacia la noche.

Y me empuja a ciertos rincones, a ciertas casas húmedas,
a hospitales donde los huesos salen por la ventana,
a ciertas zapaterías con olor a vinagre,
a calles espantosas como grietas.

Hay pájaros de color de azufre y horribles intestinos
colgando de las puertas de las casas que odio,
hay dentaduras olvidadas en una cafetera,
hay espejos
que debieran haber llorado de vergüenza y espanto,
hay paraguas en todas partes, y venenos, y ombligos.

Yo paseo con calma, con ojos, con zapatos,
con furia, con olvido,
paso, cruzo oficinas y tiendas de ortopedia,
y patios donde hay ropas colgadas de un alambre:
calzoncillos, toallas y camisas que lloran
lentas lágrimas sucias.



Walking Around

Il arrive que je me lasse d'être homme.
Il arrive que j'entre chez les tailleurs et dans les cinémas
fané, impénétrable, comme un cygne de feutre
naviguant sur une eau d'origine et de cendre.

L'odeur des coiffeurs me fait pleurer à cris.
Je ne veux qu'un repos de pierres ou de laine,
je veux seulement ne pas voir d'établissement ni de jardins,
ni de marchandises, ni de lunettes, ni d'ascenseurs.

Il arrive que je me lasse de mes pieds et de mes ongles,
de mes cheveux et de mon ombre.
Il arrive que je me lasse d'être homme.

Il serait cependant délicieux
d'effrayer un notaire avec un lys coupé
ou de donner la mort à une religieuse d'un coup d'oreille.
Il serait beau
d'aller par les rues avec un couteau vert
et en criant jusqu'à mourir de froid.

Je ne veux pas continuer à être une racine dans les ténèbres,
vacillant, étendu, grelottant de rêve,
en dessous, dans les pisés mouillés de la terre,
absorbant et pensant, mangeant chaque jour.

Je ne veux pas pour moi tant de malheur.
Je ne veux pas continuer avec la racine et la tombe,
avec le souterrain solitaire, avec la cave aux morts
transi, me mourant de chagrin.

Voilà pourquoi le lundi flambe comme le pétrole
lorsqu'il me voit arriver avec ma face de prison,
il aboie dans son parcours comme une roue blessée,
et marche à pas de sang chaud vers la nuit.

Et il me pousse vers certains coins, vers certaines maisons humides,
vers des hôpitaux où les os sortent par la fenêtre,
vers certaines cordonneries à l'odeur de vinaigre,
vers certaines rues effroyables comme des crevasses.

Il y a des oiseaux couleur de soufre et d'horribles intestins
pendant aux portes des maisons que je hais,
il y a des dentiers oubliés dans une cafetière,
il y a des miroirs
qui devraient avoir pleuré de honte et d'épouvante,
il y a de tous côtés des parapluies, et des poisons et des nombrils.

Je me promène paisiblement, avec des yeux, avec des chaussures,
avec fureur, avec oubli,
je passe, je traverse des bureaux et des magasins d'orthopédie
et des cours où il y a des vêtements pendus à un fil de fer:
caleçons, serviettes et chemises qui pleurent
de longues larmes sales.
 

Lyuba

Conquistador
Un peu échaudé peut être, je me suis retenu.
Et comme je te comprends

Pour le X, je vais innover : Xerxès, HWV40 est un opéra de Georg Friedrich Haendel
Il est accompagné d'un poème dans sa version YTB * (Youtube pour les néophytes)

et je profite pour partager le Libretto, chanté par le personnage principal, Xerxès Ier de Perse, admirant l'ombre d'un platane .

Frondi tenere e belle
del mio platano amato
per voi risplenda il fato.
Tuoni, lampi, e procelle
non v'oltraggino mai la cara pace,
né giunga a profanarvi austro rapace.

Ombra mai fu
di vegetabile,
cara ed amabile,
soave più.

Tendres et belles frondes
de mon platane bien-aimé,
laissez le destin vous sourire.
Que le tonnerre, la foudre et les tempêtes
ne troublent jamais votre chère paix,
et que vous ne soyez pas profané par le vent.

Jamais l'ombre
d'une plante n'a été
plus chère et plus belle,
ni plus douce.


Espérant que cette petite liberté ne cause aucun dommage à cette discussion
 

Florn

Force de frappe
Yseult

Jean Lorrain

Loin des clameurs du monde et des cours dénigrantes
Yseult, la blanche Yseult, au fond d'un bois obscur
Avait rejoint Tristan et là, parmi l'air pur
Et l'ombre des halliers, pleins de voix attirantes,

Elle errait sans couronne, heureuse, indifférente,
Ses cheveux dénoués sur sa robe d'azur,
Les yeux ravis d'amour, enivrée, enivrante,
Buvant aux sources d'or et mordant au fruit mûr.

Le souci de leur faute et le soin de leur gloire,
Les bienfaits du roi Mark et l'oubli de leur cour,
Comme un songe d'avril, avaient fui leur mémoire.

Les soirs, ils s'arrêtaient aux fontaines pour boire
Et les chênes aïeux, qui savaient leur histoire,

Les appelaient tout bas les proscrits de l'amour.
 
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