• Événement Anniversaire 2024

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  • Événement Avril 2024 - Cot Cot Codeccc

    Forgiennes et Forgiens,
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  • Mise à jour 1.281

    La mise à jour 1.281 aura lieu le mercredi 24 avril ! Comme d'habitude, il y aura une courte interruption des serveurs pendant la mise à jour et nous vous prions de nous excuser pour ce petit désagrément.
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Au plaisir des yeux...

Statut
N'est pas ouverte pour d'autres réponses.

BlackKwolph

Biologiste
Un poème léger (encore que ....) de Théophile Gauthier

La source
Tout près du lac filtre une source,
Entre deux pierres, dans un coin ;
Allègrement l'eau prend sa course
Comme pour s'en aller bien loin.

Elle murmure : Oh ! quelle joie !
Sous la terre il faisait si noir !
Maintenant ma rive verdoie,
Le ciel se mire à mon miroir.

Les myosotis aux fleurs bleues
Me disent : Ne m'oubliez pas !
Les libellules de leurs queues
M'égratignent dans leurs ébats ;

A ma coupe l'oiseau s'abreuve ;
Qui sait ? - Après quelques détours
Peut-être deviendrai-je un fleuve
Baignant vallons, rochers et tours.

Je broderai de mon écume
Ponts de pierre, quais de granit,
Emportant le steamer qui fume
A l'Océan où tout finit.

Ainsi la jeune source jase,
Formant cent projets d'avenir ;
Comme l'eau qui bout dans un vase,
Son flot ne peut se contenir ;

Mais le berceau touche à la tombe ;
Le géant futur meurt petit ;
Née à peine, la source tombe
Dans le grand lac qui l'engloutit !

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ou encore
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Lyuba

Conquistador
Pour répondre à Arcane de @Florn

La neige

Si peu nombreux encore, tes jours coulent bien sombres,
Jeune année, et ton front est enveloppé d'ombres.
De ces nuages noirs, qui déguisent les cieux,
Descendant les frimas à flots silencieux.
Comme le froid chagrin sur une âme oppressée,
La neige sur le sol tombe lente et glacée.
Dans mes yeux abattus je sens rouler des pleurs !
Hélas! mon cher pays, qu'as-tu fait de tes fleurs ?
Quel sinistre pouvoir a flétri ta parure ?
En vain mon cœur gémit et ma bouche murmure ;
Demain, hélas! demain, de ses blancs tourbillons
La neige aura comblé tes fertiles sillons ;
Les oiseaux, que la bise atteint dans leurs retraites,
Demain s'exileront de tes forêts muettes ;
Demain ces flots nombreux qui, dans leur liberté.
Te vont porter la vie et la fécondité,
S'arrêteront captifs, et ce réseau de glace
Comme un voile de mort couvrira ta surface !
Mais ce linceul pesant, sous sa morne pâleur,
Double en la comprimant la féconde chaleur :
Telle, dans nos hameaux la couveuse fidèle
Cache un germe inconnu sous l'ombre de son aile,
Et peut-être, trompée en son aveugle amour,
S'étonnera des fruits qui vont éclore au jour.
Déjà dans sa puissance où la terre se fie
Fermente sourdement le principe de vie ;
Déjà la sève errante en ses mille canaux
Promet aux troncs vieillis des rejetons nouveaux,
Et sur le froid sommeil de la nature entière
Plane un songe d'espoir, de joie et de lumière.
Pour hâter le moment d'un glorieux réveil,
France, que te faut-il ? Un rayon du soleil !
Le soleil, il est là, brillant sous ce nuage,
Comme la vérité, dont son astre est l'image :
Comme elle aussi, couvert d'un voile passager,
Qui l'obscurcit un jour, mais ne peut le changer.
Ah ! si l'ombre est rapide et lui seul immuable,
S'il faut subir du temps le cours inexorable,
Si le plus long hiver est suivi d'un printemps,
Il vient ! l'hiver s'enfuit ; le temps vole !... j'attends !

Amable Tastu.


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Lyuba

Conquistador
IL EST GRAND TEMPS DE RALLUMER LES ÉTOILES

... Puis le temps est venu le temps des hommes
J'ai fait la guerre ainsi que tous les hommes

C'était au temps où j'étais dans l'artillerie
Je commandais au front du nord ma batterie
Un soir que dans le ciel le regard des étoiles
Palpitait comme le regard des nouveaux-nés
Mille fusées issues de la tranchée adverse
Réveillèrent soudain les canons ennemis.

Je m'en souviens comme si cela s'était passé hier

... Et tous mes canonniers attentifs à leurs postes
Annoncèrent que les étoiles s'éteignaient une à une
Puis l'on entendit de grands cris parmi toute l'armée

ILS ÉTEIGNENT LES ÉTOILES A COUP DE CANON

Les étoiles mouraient dans ce beau ciel d'automne
Comme la mémoire s'éteint dans le cerveau
De ces pauvres vieillards qui tentent de se souvenir

Nous étions là mourant de la mort des étoiles
Et sur le front ténébreux aux livides lueurs
Nous ne savions plus que dire avec désespoir

ILS ONT MÊME ASSASSINÉ LES CONSTELLATIONS

Mais une grand voix venue d'un mégaphone
Dont le pavillon sortait
De je ne sais quel unanime poste de commandement
La voix du capitaine inconnu qui nous sauve toujours cria

IL EST GRAND TEMPS DE RALLUMER LES ÉTOILES

Et ce ne fut qu'un cri sur le grand front français

AU COLLIMATEUR A VOLONTÉ

Les servants se hâtèrent
Les pointeurs se pointèrent
Les tireurs tirèrent
Et les astres sublimes se rallumèrent l'un après l'autre
Nos obus enflammaient leur ardeur éternelle
L'artillerie ennemie se taisait éblouie
Par le scintillement de toutes les étoiles

Voilà, voilà l'histoire de toutes les étoiles
Et depuis ce soir-là, j'allume aussi l'un après l'autre
Tous les astres intérieurs que l'on avait éteints ...

Guillaume APOLLINAIRE


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BlackKwolph

Biologiste
Alfred de Musset, qui de son étoile allume aussi nos astres intérieurs -

Rêverie

Quand le paysan sème, et qu'il creuse la terre,
Il ne voit que son grain, ses bœufs et son sillon.
— La nature en silence accomplit le mystère, —
Couché sur sa charrue, il attend sa moisson.

Quand sa femme, en rentrant le soir, à sa chaumière,
Lui dit : « Je suis enceinte », — il attend son enfant.
Quand il voit que la mort va saisir son vieux père,
Il s'assoit sur le pied de la couche, et l'attend.

Que savons-nous de plus ?... et la sagesse humaine,
Qu'a-t-elle découvert de plus dans son domaine ?
Sur ce large univers elle a, dit-on, marché ;
Et voilà cinq mille ans qu'elle a toujours cherché !
 

Lyuba

Conquistador
MA MAISON DÉTRUITE

Donne-moi un mur,

Je te donnerai un trou.

Donne-moi une fenêtre,

Je te donnerai une vitre brisée.

Donne-moi de l’eau,

Je te donnerai du sang.

BETTY

Ma mère, Betty, est née le 12 février 1954 à Ozark, dans l’Arkansas, fille d’une femme aussi saisissante qu’un rêve et d’un père cherokee qui fabriquait son propre alcool de contrebande et créait ses propres mythes. Avec ses onze frères et sœurs, ma mère a grandi dans les contreforts des Appalaches de l’Ohio. Ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l’histoire qu’il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne. Je t’aime, maman. Ce livre est pour toi et toute ta magie immémoriale. - Betty - Tiffany McDaniel.

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BlackKwolph

Biologiste
Et le merle des Moluques d'Harley a rappelé ce poème de T.Gauthier (encore me direz-vous, mais nous l'étudiions beaucoup, autrefois) :

Le merle
Théophile Gautier

Un oiseau siffle dans les branches
Et sautille gai, plein d’espoir,
Sur les herbes, de givre blanches,
En bottes jaunes, en frac noir.

C’est un merle, chanteur crédule,
Ignorant du calendrier,
Qui rêve soleil, et module
L’hymne d’avril en février.​
Pourtant il vente, il pleut à verse ;
L’Arve jaunit le Rhône bleu,
Et le salon, tendu de perse,
Tient tous ses hôtes près du feu.

Les monts sur l’épaule ont l’hermine,
Comme des magistrats siégeant.
Leur blanc tribunal examine
Un cas d’hiver se prolongeant.​
Lustrant son aile qu’il essuie,
L’oiseau persiste en sa chanson,
Malgré neige, brouillard et pluie,
Il croit à la jeune saison.

Il gronde l’aube paresseuse
De rester au lit si longtemps
Et, gourmandant la fleur frileuse,
Met en demeure le printemps.​

Il voit le jour derrière l’ombre,
Tel un croyant, dans le saint lieu,
L’autel désert, sous la nef sombre,
Avec sa foi voit toujours Dieu.

A la nature il se confie,
Car son instinct pressent la loi.
Qui rit de ta philosophie,
Beau merle, est moins sage que toi !​
et donc le merle des Moluques
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Florn

Force de frappe
Pour garder ces plaisirs, je fermerai les miens
Ses yeux se sont fermés sans voir d'autres matins.


Fin d'hiver

Peu de chose, rien qui chasse l'effroi de perdre l'espace est laissé à l'âme errante
Mais peut-être, plus légère, ' incertaine qu'elle dure, est-elle celle qui chante avec la voix la plus pure les distances de la terre
Une semaison de larmes sur le visage changé, la scintillante saison des rivières dérangées : chagrin qui creuse la terre
L'âge regarde la neige s'éloigner sur les montagnes
Dans l'herbe à l'hiver survivant ces ombres moins pesantes qu'elle, des timides bois patients sont la discrète, la fidèle,
l'encore imperceptible mort
Toujours dans le jour tournant ce vol autour de nos corps
Toujours dans le champ du jour ces tombes d'ardoise bleue
Vérité, non-vérité se résorbent en fumée
Monde pas mieux abrité que la beauté trop aimée, passer en toi, c'est fêter de la poussière allumée
Vérité, non-vérité brillent, cendre parfumée


Philippe Jaccottet...


et m***
 
Dernière édition :

Lyuba

Conquistador
Impression de printemps
Il est des jours - avez-vous remarqué ? -
Où l'on se sent plus léger qu'un oiseau,
Plus jeune qu'un enfant, et, vrai ! plus gai
Que la même gaieté d'un damoiseau.

L'on se souvient sans bien se rappeler...
Évidemment l'on rêve, et non, pourtant.
L'on semble nager et l'on croirait voler.
L'on aime ardemment sans amour cependant

Tant est léger le cœur sous le ciel clair
Et tant l'on va, sûr de soi, plein de foi
Dans les autres, que l'on trompe avec l'air
D'être plutôt trompé gentiment, soi.

La vie est bonne et l'on voudrait mourir,
Bien que n'ayant pas peur du lendemain,
Un désir indécis s'en vient fleurir,
Dirait-on, au cœur plus et moins qu'humain.

Hélas ! faut-il que meure ce bonheur ?
Meurent plutôt la vie et son tourment !
Ô dieux cléments, gardez-moi du malheur
D'à jamais perdre un moment si charmant.
Paul VERLAINE

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Florn

Force de frappe



Fatigué de ce monde je demande à mourir,
Lassé de voir qu'un homme intègre doit mendier
Quand à côté de lui des nullités notoires
Se vautrent dans le luxe et l'amour du public,
Qu'on s'amuse à cracher sur la sincérité,
Que les places d'honneur sont pour les plus indignes,
Qu'on offre des corps vierges à des désirs brutaux,
Qu'on couvre d'infamies le juste diffamé,
Qu'un fort devienne infirme au pouvoir du difforme,
Que l'art est bâillonné sous un règne arbitraire,
Que des singes en docteurs décident du génie,
Qu'un être simple et vrai est traité de stupide,
Que le bien asservi est esclave du mal...
Fatigué de tout ça, je veux quitter ce monde
Sauf que si je me tue, mon amour sera seul.

William Shakespeare
 
Dernière édition :

Lyuba

Conquistador
Aucune redondance avec la citation du jour rolleyes

Rhinocéros

J’arpente le désert
Pensif et solitaire
Je rêve et je rumine
Parfois je parle au vent.

Certains soirs j’entrevois
Par-delà l’horizon
L’orée d’une vallée
Lumineuse et dorée.

Je sais qu’elle m’attend
Vers elle je m’élance
Ma course fait trembler
Les terres et les gens.

Mon front d’os et de pierre
Renverse les obstacles
Je brise les barrières
Et j’abats les murailles.

Les flèches et les plombs
S’écrasent sur mon cuir
Et craquent sous mes pas
Les os des imprudents.

Mais toujours ma vallée
S’éloigne et disparaît
Je retourne au désert
Pensif et solitaire.

Henri CORSO

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Lyuba

Conquistador
Brin de muguet.

Quelques brins de muguet
Au parfum printemps
Ouvrent les secrets
Du cœur des amants

Vert et blanc couleurs
Du bonheur promis
Aux émois du cœur
Belles embellies

Frêles clochettes
Brins de verdure
Aux amourettes
Fière figure

Jour de premier mai
Envolée d'amour
Désir fou d'excès
Promesses d'un jour

Un brin de muguet
Comme un baiser chaud
Beau colifichet
Au revers des mots

Un parfum discret
Douce promesse
Joli mois de mai
Pour la tendresse

Quelques fleurs du jour
Rituel du temps
D'oubli des amours
Aux frasques du vent.

Jean-Marc BUTTIN

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Florn

Force de frappe
« Haïssez celui qui n’est pas de votre race
Haïssez celui qui n’a pas votre foi
Haïssez celui qui n’est pas de votre rang social
Haïssez, haïssez, vous serez haï.
De la haine, on passera à la croisade,
Vous tuerez ou vous serez tué
Quoi qu’il en soit, vous serez les victimes de votre haine
La loi est ainsi :
Vous ne pouvez être heureux seul
Si l’autre n’est pas heureux, vous ne le serez pas non plus,
Si l’autre n’a pas d’avenir, vous n’en aurez pas non plus,
Si l’autre vit d’amertume, vous en vivrez aussi,
Si l’autre est sans amour, vous le serez aussi.
Le monde est nous tous, ou rien.
L’abri de votre égoïsme est sans effet dans l’éternité.
Si l’autre n’existe pas, vous n’existez pas non plus.»


Louis Calaferte
 

BlackKwolph

Biologiste
@Lyuba , @Florn

J'ai cherché "argyraspides", à la suite du poème de V.Hugo. Et l'illustration était extraite de mon bouquin de poésie préféré : Alcools d'Apollinaire. (Voie lactée)

Au soleil parce que tu l’aimes
Je t’ai mené souviens-t’en bien
Ténébreuse épouse que j’aime
Tu es à moi en n’étant rien
O mon ombre en deuil de moi-même

L’hiver est mort tout enneigé
On a brûlé les ruches blanches
Dans les jardins et les vergers
Les oiseaux chantent sur les branches
Le printemps clair l’avril léger

Mort d’immortels argyraspides
La neige aux boucliers d’argent
Fuit les dendrophores livides
Du printemps cher aux pauvres gens
Qui resourient les yeux humides

Et moi j’ai le cœur aussi gros
Qu’un cul de dame damascène
Ô mon amour je t’aimais trop
Et maintenant j’ai trop de peine
Les sept épées hors du fourreau

Sept épées de mélancolie
Sans morfil ô claires douleurs
Sont dans mon cœur et la folie
Veut raisonner pour mon malheur
Comment voulez-vous que j’oublie
 

Lyuba

Conquistador
TO ONE IN PARADISE

THOU wast that all to me, love,
For which my soul did pine --
A green isle in the sea, love,
A fountain and a shrine,
All wreathed with fairy fruits and flowers,
And all the flowers were mine.
Ah, dream too bright to last!
Ah, starry Hope! that didst arise
But to be overcast!
A voice from out the Future cries,
"On! on!" -- but o'er the Past
(Dim gulf!) my spirit hovering lies
Mute, motionless, aghast!
For, alas! alas! with me
The light of Life is o'er!
No more -- no more -- no more --
(Such language holds the solemn sea
To the sands upon the shore)
Shall bloom the thunder-blasted tree,
Or the stricken eagle soar!
And all my days are trances,
And all my nightly dreams
Are where thy grey eye glances,
And where thy footstep gleams --
In what ethereal dances,
By what eternal streams.

Edgar Allan Poe

Traduction Stéphane Mallarmé
A quelqu'un du Paradis

Tu étais pour moi, amour,
Tout ce vers quoi mon âme languissait -
Une île verte en mer, amour,
Une fontaine et un autel, enguirlandés tout de féeriques fruits et de fleurs,
Et toutes les fleurs à moi.
Ah ! rêve trop brillant pour durer :
Ah ! espoir comme une étoile, qui ne te levas
Que pour te voiler.
Une voix, du fond du Futur crie :
" Va ! - va ! " - mais sur le Passé
(Obscur gouffre) mon esprit, planant,
Est muet, consterné, immobile !
Hélas ! hélas ! car pour moi
La lumière de la vie est éteinte :
" non ! - plus ! - plus ! - plus ! "
(Ce langage que tient la solennelle mer
Aux sables sur le rivage)
Ne fleurira l'arbre dévasté de la foudre,
Et l'aigle frappé ne surgira.
Et tous mes jours sont des extases,
Et tous mes songes de la nuit
Sont où ton œil d'ombre s'allume
Et luit ton pas -
Dans quelles danses éthérées -
Par quels ruissellements éternels !


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Lyuba

Conquistador
« Pour arriver jusqu’au trésor, il faudra que tu sois attentif aux signes. Dieu a écrit dans le monde le chemin que chacun de nous doit suivre. Il n’y a qu’à lire ce qu’il a écrit pour toi. »

« Quand on veut une chose, tout l’univers conspire à nous permettre de réaliser notre rêve »

« - Mon cœur craint de souffrir, dit le jeune homme à l’alchimiste, une nuit qu’ils regardaient le ciel sans lune.

- Dis-lui que la crainte de la souffrance est pire que la souffrance elle-même.

Et qu’aucun cœur n’a jamais souffert alors qu’il était à la poursuite de ses rêves. »

« Chaque Homme sur terre a un trésor qui l’attend, lui dit son cœur. Nous, les cœurs, en parlons rarement, car les Hommes ne veulent plus trouver ces trésors. Nous n’en parlons qu’aux petits enfants. Ensuite, nous laissons la vie se charger de conduire chacun vers son destin. Malheureusement, peu d’Hommes suivent le chemin qui leur est tracé, et qui est le chemin de la Légende Personnelle et de la félicité. La plupart voient le monde comme quelque chose de menaçant et, pour cette raison même, le monde devient en effet une chose menaçante. »

Extrait de L'Alchimiste - Paulo Coelho

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Lyuba

Conquistador
... Je tire ainsi de l’absurde trois conséquences qui sont ma révolte, ma liberté et ma passion. Par le seul jeu de la conscience, je transforme en règle de vie ce qui était invitation à la mort – et je refuse le suicide. Je connais sans doute la sourde résonance qui court au long de ces journées. Mais je n’ai qu’un mot à dire : c’est qu’elle est nécessaire. Quand Nietzsche écrit : « Il apparaît clairement que la chose principale au ciel et sur la terre est d’obéir longtemps et dans une même direction : à la longue il en résulte quelque chose pour quoi il vaille la peine de vivre sur cette terre comme par exemple la vertu, l’art, la musique, la danse, la raison, l’esprit, quelque chose qui transfigure, quelque chose de raffiné, de fou ou de divin », il illustre la règle d’une morale de grande allure. Mais il montre aussi le chemin de l’homme absurde. Obéir à la flamme, c’est à la fois ce qu’il y a de plus facile et de plus difficile. Il est bon cependant que l’homme, en se mesurant à la difficulté, se juge quelquefois. Il est seul à pouvoir le faire.

« La prière, dit Alain, c’est quand la nuit vient sur la pensée. – Mais il faut que l’esprit rencontre la nuit », répondent les mystiques et les existentiels. Certes, mais non pas cette nuit qui naît sous les yeux fermés et par la seule volonté de l’homme – nuit sombre et close que l’esprit suscite pour s’y perdre. S’il doit rencontrer une nuit, que ce soit plutôt celle du désespoir qui reste lucide, nuit polaire, veille de l’esprit, d’où se lèvera peut-être cette clarté blanche et intacte qui dessine chaque objet dans la lumière de l’intelligence. À ce degré, l’équivalence rencontre la compréhension passionnée. Il n’est même plus question alors de juger le saut existentiel. Il reprend son rang au milieu de la fresque séculaire des attitudes humaines. Pour le spectateur, s’il est conscient, ce saut est encore absurde. Dans la mesure où il croit résoudre le paradoxe, il le restitue tout entier. À ce titre, il est émouvant. À ce titre, tout reprend sa place et le monde absurde renaît dans sa splendeur et sa diversité.

Mais il est mauvais de s’arrêter, difficile de se contenter d’une seule manière de voir, de se priver de la contradiction, la plus subtile peut-être de toutes les forces spirituelles. Ce qui précède définit seulement une façon de penser. Maintenant, il s’agit de vivre...

Le mythe de Sisyphe. Albert Camus


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BlackKwolph

Biologiste
Une réponse ....... Prière de Socrate de Gérard de Nerval

Ô toi, dont le pouvoir remplit l'immensité,
Suprême ordonnateur de ces célestes sphères,
Dont j'ai voulu jadis, en ma témérité,
Calculer les rapports et sonder les mystères ;
Esprit consolateur, reçois du haut du ciel
L'unique et pur hommage
D'un des admirateurs de ton sublime ouvrage,
Qui brûle de rentrer en ton sein paternel !

Un peuple entier, guidé par un infâme prêtre
Accuse d'être athée, et rebelle à la foi,
Le philosophe ardent, qui seul connaît ta loi,
Et bientôt cesserait de l'être,
S'il doutait un moment de toi.

Oh ! comment, voyant l'ordre où marche toute chose,
Pourrais-je, en admirant ces prodiges divers,
Cet éternel flambeau, ces mondes et ces mers,
En admettre l'effet, en rejeter la cause.

Oui, grand Dieu, je te dois le bien que j'ai goûté,
Et le bien que j'espère ;
À m'appeler ton fils j'ai trop de volupté
Pour renier mon père.

Mais qu'es-tu cependant, être mystérieux ?
Qui jamais osera pénétrer ton essence,
Déchirer le rideau qui te cache à nos yeux,
Et montrer au grand jour ta gloire et ta puissance ?

Sans cesse dans le vague, on erre en te cherchant.
Combien l'homme crédule a rabaissé ton être !
Trop bas pour te juger, il écoute le prêtre,
Qui te fait, comme lui, vil, aveugle et méchant.
Les imposteurs sacrés, qui vivent de ton culte,
Te prodiguent sans cesse et l'outrage et l'insulte ;
Ils font de ton empire un éternel enfer,
Te peignent, gouvernant de tes mains souveraines
Un stupide ramas de machines humaines,
Avec une verge de fer.

À te voir de plus près en vain il veut prétendre,
Le sage déraisonne en croyant te comprendre,
Et, d'après lui seul te créant,
En vain sur une base, il t'élève, il te hausse ;
Mais son être parfait n'est qu'un homme étonnant,
Et son Jupiter un colosse.

Brûlant de te connaître, ô divin créateur !
J'analysais souvent les cultes de la terre,
Et je ne vis partout que mensonge et chimère :
Alors, abandonnant et le monde et l'erreur,
Et cherchant pour te voir une source plus pure,
J'ai demandé ton nom à toute la nature,
Et j'ai trouvé ton culte en consultant mon cœur.

Ah ! ta bonté sans doute approuva mon hommage,
Puisqu'en toi j'ai goûté le plaisir le plus pur,
Qu'en toi, pour expirer, je puise du courage
Dans l'espoir d'un bonheur futur !
Réveillé de la vie, en toi je vais renaître,
À tous mes ennemis je pardonne leurs torts,
Et puisque je me crois digne de te connaître,
Je descends dans ton sein, sans trouble et sans remords.
 

Lyuba

Conquistador
Si Gérard, alors son ami Weill, et donc pour conclure

On a dit : «Du sublime au ridicule il n'y a qu'un pas.» Ce pas même n'y est pas toujours !
Alexandre Weill

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Statut
N'est pas ouverte pour d'autres réponses.
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