• Événement Historique 2024

    Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passerait si des personnages historiques de différentes époques et origines pouvaient se rencontrer ? Dommage si c'est le cas, car nous ne savons pas non plus ! Mais ... c'est cette idée qui nous a inspiré pour créer l'Événement Historique !

    Notre événement historique se déroulera du 6 au 27 mai ! Pour plus de détails, vous pouvez cliquer ici !
  • Événement Mai 2024 - Le coup de crayon !

    Forgiennes et Forgiens,
    Il est l'heure de participer à notre tout nouvel événement forum : Le coup de crayon !
    Pour en savoir plus, vous pouvez cliquer ici.
  • Mise à jour 1.282

    La mise à jour 1.282 aura lieu le mercredi 08 Mai ! Comme d'habitude, il y aura une courte interruption des serveurs pendant la mise à jour et nous vous prions de nous excuser pour ce petit désagrément.
    Pour une description détaillée des changements à venir, veuillez cliquer ici.

[Jeu] D'un titre à un autre

  • Auteur de la discussion DeletedUser51867
  • Date de début

Florn

Force de frappe

Loin du MONDE

- Marceline Desbordes-Valmore -

Entrez, mes souvenirs, ouvrez ma solitude !
Le monde m'a troublée ; elle aussi me fait peur.
Que d'orages encore et que d'inquiétude
Avant que son silence assoupisse mon coeur !

Je suis comme l'enfant qui cherche après sa mère,
Qui crie, et qui s'arrête effrayé de sa voix.
J'ai de plus que l'enfant une mémoire amère :
Dans son premier chagrin, lui, n'a pas d'autrefois.

Entrez, mes souvenirs, quand vous seriez en larmes,
Car vous êtes mon père, et ma mère, et mes cieux !
Vos tristesses jamais ne reviennent sans charmes ;
Je vous souris toujours en essuyant mes yeux.

Revenez ! Vous aussi, rendez-moi vos sourires,
Vos longs soleils, votre ombre, et vos vertes fraîcheurs,
Où les anges riaient dans nos vierges délires,
Où nos fronts s'allumaient sous de chastes rougeurs.

Dans vos flots ramenés quand mon coeur se replonge,
Ô mes amours d'enfance ! ô mes jeunes amours !
Je vous revois couler comme l'eau dans un songe,
Ô vous, dont les miroirs se ressemblent toujours !
 

Florn

Force de frappe

J'ai croisé sur la ROUTE où je vais dans la vie​

- Charles Guérin -

J'ai croisé sur la route où je vais dans la vie
La Mort qui cheminait avec la Volupté,
L'une pour arme ayant sa faux inassouvie,
L'autre, sa nudité.

Voyageur qui se traîne, ivre de lassitude,
Cherchant en vain des yeux une borne où s'asseoir,
Je me trouvais alors dans une solitude
Aux approches du soir.

Tout à coup, comme à l'heure où le vent y circule,
L'herbe haute a frémi sur le bord du fossé,
Et, près de moi, sortant soudain du crépuscule,
Les deux soeurs ont passé.

Poursuivant sans répit leur marche vagabonde,
Des régions de l'ombre aux rives du matin
Elles portaient ainsi leurs oeuvres par le monde,
Servantes du Destin.

D'un sourire cruel m'ayant cloué sur place,
Je les voyais déjà décroître à l'horizon
Que j'éprouvais encor, plein de flamme et de glace,
Un horrible frisson.

La dernière alouette a crié dans les chaumes ;
Et j'ai repris, d'un oeil craintif tâtant la nuit,
Le chemin où, parmi les pas des deux fantômes,
L'Inconnu me conduit.
 

Lyuba

Conquistador
Quand le fil de ma vie

Quand le fil de ma vie (hélas ! il tient à peine )
Tombera du fuseau qui le retient encor ;
Quand ton nom, mêlé dans mon sort,
Ne se nourrira plus de ma mourante haleine ;
Quand une main fidèle aura senti ma main
Se refroidir sans lui répondre ;
Quand mon dernier espoir, qu'un souffle va confondre,
Ne trouvera plus ton chemin,
Prends mon deuil : un pavot, une feuille d'absinthe,
Quelques lilas d'avril, dont j'aimai tant la fleur ;
Durant tout un printemps qu'ils sèchent sur ton cœur,
Je t'en prie : un printemps ! cette espérance est sainte !
J'ai souffert, et jamais d'importunes clameurs
N'ont rappelé vers moi ton amitié distraite ;
Va ! j'en veux à la mort qui sera moins discrète,
Moi, je ne serai plus quand tu liras : « Je meurs. »

Porte en mon souvenir un parfum de tendresse ;
Si tout ne meurt en moi, j'irai le respirer.
Sur l'arbre, où la colombe a caché son ivresse,
Une feuille, au printemps, suffit pour l'attirer.

S'ils viennent demander pourquoi ta fantaisie
De cette couleur sombre attriste un temps d'amour,
Dis que c'est par amour que ton cœur l'a choisie ;
Dis-leur que l'amour est triste, ou le devient un jour.
Que c'est un vœu d'enfance, une amitié première ;
Oh ! dis-le sans froideur, car je t'écouterai !
Invente un doux symbole où je me cacherai :
Cette ruse entre nous encor . . . c'est la dernière.

Dis qu'un jour, dont l'aurore avait eu bien des pleurs,
Tu trouvas sans défense une abeille endormie ;
Qu'elle se laissa prendre et devint ton amie ;
Qu'elle oublia sa route à te chercher des fleurs.
Dis qu'elle oublia tout sur tes pas égarée,
Contente de brûler dans l'air choisi par toi.
Sous cette ressemblance avec pudeur livrée,
Dis-leur, si tu le peux, ton empire sur moi.

Dis que l'ayant blessée, innocemment peut-être,
Pour te suivre elle fit des efforts superflus ;
Et qu'un soir accourant, sûr de la voir paraître,
Au milieu des parfums, tu ne la trouvas plus.
Que ta voix, tendre alors, ne fut pas entendue ;
Que tu sentis sa trame arrachée à tes jours ;
Que tu pleuras sans honte une abeille perdue ;
Car ce qui nous aima, nous le pleurons toujours.

Qu'avant de renouer ta vie à d'autres chaînes,
Tu détachas du sol où j'avais dû mourir
Ces fleurs, et qu'à travers les plus brillantes scènes,
De ton abeille encor le deuil vient t'attendrir.

Ils riront : que t'importe ? Ah ! sans mélancolie,
Reverras-tu des fleurs retourner la saison ?
Leur miel, pour toi si doux, me devint un poison :
Quand tu ne l'aimas plus, il fit mal à ma vie.

Enfin, l'été s'incline, et tout va pâlissant :
Je n'ai plus devant moi qu'un rayon solitaire,
Beau comme un soleil pur sur un front innocent
Là-bas . . . c'est ton regard : il retient à la terre !

Marceline Desbordes-Valmore. Recueil : Élégies (1830).
 

Florn

Force de frappe
Ce livre devrait ME permettre de résoudre le conflit au Proche-Orient, d'avoir mon diplôme et de trouver une femme

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L.P.M.

Modérateur
Membre de l'équipe
Modérateur
Rude tâche que celle de ce livre :laugh: Il faudrait que je me le procure, d'ailleurs :hmph:

Enfin ... bref, place à une découverte de ce soir : Les mots de la femme à genoux -- Marie-Luce Béland

Un sourire d’enfant sur un visage d’homme
Un désir suffocant, sur la peau de personne
Le baiser d’un souffle, plein de sincérité
Le déjà-vu d’un rêve, d’une saveur oubliée


L’écorce tombée d’un arbre, vulnérabilité
La douceur d’une fable, d’une plume affilée
Le bonheur illégal d’un tout premier baiser
La confusion palpable d’une dernière gorgée

À coup de galères et de surenchères
Ou simplement à coup de contes de fée
Tout l’monde un jour a sacrifié une partie de lui pour s’exaucer

Et puis après, que la vie reste la vie
Et l’inconnu, incompris
Enfouie au milieu des pleurs de ceux qui la prennent pour acquis
Que tous les trésors ensevelis, demeurent et ne soient jamais pris
Même dans les yeux d’un fou, même dans les mots de la femme à genoux

Que toutes les lumières sous les abat-jour
Que tous les mystères au creux des jours
Continuent de se faire la cour, continuent de se faire l’amour
Que tous les naufrages trouvent un rivage, que tous les déserts trouvent un geyser
Que tous les mystères demeurent mystères
Enfouis au milieu des millénaires

Et puis après, que la vie reste la vie
Et l’inconnu, incompris
Enfouie au milieu des pleurs de ceux qui la prennent pour acquis
Que tous les trésors ensevelis, demeurent et ne soient jamais pris
Même dans les yeux d’un fou, même dans les mots de la femme à genoux
 
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