Rêves d'été
Il dessine des étoiles, le regard tourné vers l’horizon
Nuit et jour ils viennent et s’en vont
Il regarde le ciel plein d’espoir
Mais il est souvent seul dans le noir
Dessins d’enfants qui s’envolent
Des bateaux en papier mâché
La mer pleure et se désole
Elle est le bourreau des oubliés
La terre les oublie, la mer les enterre
Comme dernier espoir, un enfer
Leurs reflets disparaissent de l’onde
Effacés du miroir du monde
Dans ses yeux il y a des étoiles
Devant lui, un arc-en ciel
Il a terminé sa toile
Il traverse le pont qui s’offre à lui dans le ciel…
Ses yeux d’enfants portent à présent la marque du temps. Il appuie sa main tremblotante sur une cane faite de bois flotté. Ce même bois qui a peut-être déjà traversé la mer. La mer, immense et dangereuse mais à la fois pleine de promesses. Durant toutes ces années, il les a vu partir de cette plage. Des jeunes, des vieux, des petits, des grands. Il ne les a jamais revu. Où sont-ils à présent, que font-ils ? Aucune idée. Encore une fois, ils semblent livrés à l’indifférence du monde.
Mais souvent, un gilet de sauvetage parvenait jusqu’au rivage, des colliers, des dessins. Et tout le monde comprenait. Il a longtemps cherché la réponse à ses questions dans l’horizon, dans le ciel, dans les étoiles. Mais il n’était jamais parvenu au bout du dessin sur lequel il dessinait ses rêves et ses certitudes.
Il jette un dernier regard à sa table de travail. La toile d’araignée, le labyrinthe sans issues qu’il a dessinés. Il regarde une dernière fois l’horizon, puis il fait ce dont il a toujours rêvé. Il grimpe sur l’arc-en-ciel qui l’amènera vers une terre inconnue, énigmatique et pleine de mystère. De là-haut, ilvoit la mer sa vieille compagne qui semble le saluer en rugissant. Il voit la terre, les barbelés, la mort, la violence, la haine. Il voit les hommes froids, inhumains et sans coeur.
Il n’y avait pas de solution. Face à l’indifférence du monde, il rejoint ceux que ce dernier a oublié. Il grimpe en haut de cet arc-en-ciel et il vole au dessus de ce monde et de ses barrières.
Naviguant dans les mille couleurs de l’arc-en-ciel, il dit adieu à l’obscurité.