Pusso
Empereur
Bonsoir, voici l'heure des votes. C'est avec plaisir que je vous propose deux œuvres.
Vous avez trois semaines pour voter pour votre œuvre préférée.
Bien sûr, vous pouvez toujours laisser un petit commentaire (tout en restant courtois) que les auteurs des œuvre se feront un plaisir de lire.
... Et dire que tous croient que je suis en train de penser à des trucs métaphysiques !
Mais je me les gèle !
J'ai confié, à ma femme, mes vêtements pour les laver à la rivière et depuis... j'attends. Et dire que j'ai la plomberie de la maison à refaire... et le jardin à tondre !
Ça m'apprendra à toujours repousser à demain. Résultat : la machine à laver est bonne pour la poubelle. C'est sûr que laver le linge à la main, ça prend du temps mais j'ai l'impression que cela fait des siècles que j'attends !
En plus cette pierre est dure, j'aurais pas dû m'assoir dessus. Il faudra que j'achète un bel hamac... ahhh oui, un hamac accroché à deux arbres centenaires... Ça c'est une bonne idée !
Et zut, j'ai oublié d'amener la voiture au garagiste pour la révision des deux ans ! Bon sang que je m'ennuie ! J'aurais dû prendre un journal ou une revue.
Patience, patience.......
Vous avez trois semaines pour voter pour votre œuvre préférée.
Bien sûr, vous pouvez toujours laisser un petit commentaire (tout en restant courtois) que les auteurs des œuvre se feront un plaisir de lire.

... Et dire que tous croient que je suis en train de penser à des trucs métaphysiques !
Mais je me les gèle !
J'ai confié, à ma femme, mes vêtements pour les laver à la rivière et depuis... j'attends. Et dire que j'ai la plomberie de la maison à refaire... et le jardin à tondre !
Ça m'apprendra à toujours repousser à demain. Résultat : la machine à laver est bonne pour la poubelle. C'est sûr que laver le linge à la main, ça prend du temps mais j'ai l'impression que cela fait des siècles que j'attends !
En plus cette pierre est dure, j'aurais pas dû m'assoir dessus. Il faudra que j'achète un bel hamac... ahhh oui, un hamac accroché à deux arbres centenaires... Ça c'est une bonne idée !
Et zut, j'ai oublié d'amener la voiture au garagiste pour la révision des deux ans ! Bon sang que je m'ennuie ! J'aurais dû prendre un journal ou une revue.
Patience, patience.......
Il avait décidé de consacrer cette journée de congé à une visite du Louvre. Il aimait s’y rendre de temps en temps, parcourir les galeries chargées d’histoire et de beautés, s’imprégner de la majesté des lieux, des émotions perceptibles chez l’ensemble des visiteurs.
De galerie en galerie, de temps passé à s’émerveiller, à observer ou à simplement regarder, sa visite évoluait doucement car il souhaitait prendre son temps pour mémoriser au mieux ce qu’il voyait.
Les salles n’étaient pas surchauffées, il y avait peu de monde, en conformité avec les mesures sanitaires destinées à préserver les visiteurs du virus, il avait le temps de prendre son temps.
Tout était donc parfait.
Sauf ce masque, satané tissu qui l’empêchait de respirer, l’étouffait et plaquait l’humidité de chaque exhalation sur son visage et lui donnait l’insupportable impression d’être immergé en forêt amazonienne à chaque respiration.
Il arriva enfin au saint des saint, l’immense salle tapissée d’un bleu nuit tacheté de toiles de maîtres. Tout au fond, isolée du reste des œuvres, la Joconde toisait sereinement l’ensemble des visiteurs de son regard tranquille et de son sourire indéfinissable.
Il s’arrêta à l’entrée de la vaste salle, et se fit la réflexion qu’elle était moins déserte qu’il l’aurait pensé. En dépit des restrictions sanitaires, la célébrité du chef d’œuvre amenait davantage de visiteurs dans cette salle que dans les autres, et les entraînait aussi à prendre plus de temps pour la contempler. Il s’aperçut avec une certaine appréhension qu’ils ne respectaient à peine les distances sécuritaires, certains se pressaient et se frôlaient.
Il dut un peu jouer des coudes pour se glisser entre les badauds et arriver jusqu’à la Joconde. Mais cette chaleur qui montait de l’agglutinement des visiteurs lui rendait son masque insupportable. N’y tenant plus, discrètement, il le rabaissa un peu pour tâcher de respirer un peu et de se libérer de la pression du tissu l’empêchant de respirer normalement.
Il put enfin se poser en face de la toile de maître et la contempler, ce qu’il n’avait encore jamais eu l’occasion de faire au cours de ses visites précédentes, tant la foule rendait l’accès à cet emplacement impossible.
C'est à ce moment précis que l'attaque bactériologique, imprévisible et brutale, est soudain déclenchée.
Aucun avertissement préalable.
Nulle sensation de danger imminent.
Pas de picotements annonciateurs.
Raz-de-marée nasal irrépressible, il éternue bruyamment sur la toile de maître, projetant malgré lui des nuées glaireuses partout alentour.
Compte tenu du contexte sanitaire, c’est alors un cataclysme qui se déclenche partout dans la salle. Un affolement général s’empare de tous les occupants de la salle, qui s’éparpillent aussitôt dans un affolement précipité. Il entend même une dame d’apparence pourtant digne s’enfuir bien indignement en lâchant dans sa panique une logorrhée dans laquelle il distingue vaguement les mots "Covid » et « Pesteux".
Le pauvre visiteur morveux reste pétrifié par le chaos qu'il a provoqué bien malgré lui. Stupéfait, il pivote sur lui-même pour regarder alentour et s'apercevoir que la volée de pigeons quasi compacte qui l'entourait quelques secondes plus tôt s'est dispersée en un battement d'ailes. La salle s’est vidée de tout visiteur en quelques secondes.
Passé cet instant de stupéfaction, il se dit qu'après tout il va pouvoir profiter d'un tête-à-tête tout à fait rarissime avec la Joconde. Se tourne alors pour la contempler et constate alors avec épouvante que l'assaut glaireux a aspergé le pauvre modèle du Maître de Vinci.
Paniqué par son geste, le visiteur sort un mouchoir en papier de sa poche et commence à essuyer la toile pour tâcher de la débarrasser de ses miasmes kaki et gluants.
Il tapote d'abord doucement, ne réussissant qu'à ôter la partie la plus proéminente de la masse gluante, qui dégouline désormais dangereusement du haut de la toile vers le bas.
Voyant que sa technique d'abord prudente ne lui permettra pas de redonner à la pauvre Joconde sa dignité séculaire, il s'applique à frotter sur une zone plus étendue et avec un appui un peu plus assuré.
Suivant la coulée nasale qui macule désormais la Joconde du milieu du visage au menton, il appuie encore un peu plus.
Ouf... La coulée semble stoppée. Plus rien ne filtre de sous le mouchoir pour ruisseler vers le bas de la toile.
Il recule d'un pas pour faire un état des lieux. Et s'aperçoit que le nez de la Joconde a lui aussi... Goutté. Non pas goutté mais bavé. Une partie la peinture s'est estompée sous les frottements dans un flou biaisé vers la droite du visage.
Le désespoir panique commence à le gagner franchement. Il sort de sa poche le paquet entier de mouchoirs en papier et essaye de rectifier le tir en frottant l'écoulement dans l'autre sens, de la droite vers la gauche.
Essayer au moins de lui remettre le pif au milieu du visage.
Il tamponne et frotte encore un peu, puis soulève le mouchoir pour vérifier si ça a fonctionné. Horreur ! C’est pire ! C’est maintenant toute la peinture qui composait le visage énigmatique qui bave en s’estompant comme un flouté à la Fanny Nushka Moreaux. Devant l’ampleur du désastre qu’il a sous les yeux, impossible désormais de contrôler la panique qui couvait et le voilà qui frotte frénétiquement comme si le fait de repasser à l’infini sur les contours déformés de ce qui était la Joconde pouvait réussir à recomposer ses traits comme à l’origine.
C’est maintenant une bouillie informe de couleurs mélangées sur le tissu qui tournoie si vite qu’il ne voit même plus ce qu’il y a sur la toile. Essoufflé, il finit par s’arrêter. Il n’ose même pas relever le tissu pour regarder. La peinture semble avoir quitté toute la toile pour maculer le mouchoir d’un arc-en-ciel improbable.
Lentement, comme si cette lenteur pouvait avoir un effet magique de dernier instant, il écarte le mouchoir tacheté et la main qui le serre avec désespoir pour découvrir que toute peinture est effectivement estompée de la toile. A la place, tracés de lettres simples mais élégantes, 3 lettres : GIN.
Gin ? De Vinci aurait donc levé le coude en peignant et ce serait arrosé l’inspiration de gin avant de se lancer dans cette peinture ? Non… Mais non ça paraît improbable, le gin ne peut pas être un alcool si ancien. Et puis c’est quoi ce point avant les 3 lettres ? Il frotte autour du point, plus lentement cette fois, même si à ce point ça n’a plus d’importance. Se révèlent d’autres caractères, qu’il entreprend donc de libérer jusqu’à ce que la dernière lettre se fasse jour et composent le mot IMAGINE.
Oui… Qu’est-ce qui pouvait donner naissance à un chef d’oeuvre sinon l’invitation à imaginer le chef d’œuvre ?
Tiens, se dit le visiteur, tant qu’il n’y a plus personne ça vaut peut-être le coup de continuer ma visite et d’aller regarder les toiles des autres salles.
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(Les œuvres malmenées dans cette histoire sont bien sûr « La Joconde » de Vinci mais aussi « Imagine » de Lennon et un clin d’œil compatissant pour Mr Bean).
De galerie en galerie, de temps passé à s’émerveiller, à observer ou à simplement regarder, sa visite évoluait doucement car il souhaitait prendre son temps pour mémoriser au mieux ce qu’il voyait.
Les salles n’étaient pas surchauffées, il y avait peu de monde, en conformité avec les mesures sanitaires destinées à préserver les visiteurs du virus, il avait le temps de prendre son temps.
Tout était donc parfait.
Sauf ce masque, satané tissu qui l’empêchait de respirer, l’étouffait et plaquait l’humidité de chaque exhalation sur son visage et lui donnait l’insupportable impression d’être immergé en forêt amazonienne à chaque respiration.
Il arriva enfin au saint des saint, l’immense salle tapissée d’un bleu nuit tacheté de toiles de maîtres. Tout au fond, isolée du reste des œuvres, la Joconde toisait sereinement l’ensemble des visiteurs de son regard tranquille et de son sourire indéfinissable.
Il s’arrêta à l’entrée de la vaste salle, et se fit la réflexion qu’elle était moins déserte qu’il l’aurait pensé. En dépit des restrictions sanitaires, la célébrité du chef d’œuvre amenait davantage de visiteurs dans cette salle que dans les autres, et les entraînait aussi à prendre plus de temps pour la contempler. Il s’aperçut avec une certaine appréhension qu’ils ne respectaient à peine les distances sécuritaires, certains se pressaient et se frôlaient.
Il dut un peu jouer des coudes pour se glisser entre les badauds et arriver jusqu’à la Joconde. Mais cette chaleur qui montait de l’agglutinement des visiteurs lui rendait son masque insupportable. N’y tenant plus, discrètement, il le rabaissa un peu pour tâcher de respirer un peu et de se libérer de la pression du tissu l’empêchant de respirer normalement.
Il put enfin se poser en face de la toile de maître et la contempler, ce qu’il n’avait encore jamais eu l’occasion de faire au cours de ses visites précédentes, tant la foule rendait l’accès à cet emplacement impossible.
C'est à ce moment précis que l'attaque bactériologique, imprévisible et brutale, est soudain déclenchée.
Aucun avertissement préalable.
Nulle sensation de danger imminent.
Pas de picotements annonciateurs.
Raz-de-marée nasal irrépressible, il éternue bruyamment sur la toile de maître, projetant malgré lui des nuées glaireuses partout alentour.
Compte tenu du contexte sanitaire, c’est alors un cataclysme qui se déclenche partout dans la salle. Un affolement général s’empare de tous les occupants de la salle, qui s’éparpillent aussitôt dans un affolement précipité. Il entend même une dame d’apparence pourtant digne s’enfuir bien indignement en lâchant dans sa panique une logorrhée dans laquelle il distingue vaguement les mots "Covid » et « Pesteux".
Le pauvre visiteur morveux reste pétrifié par le chaos qu'il a provoqué bien malgré lui. Stupéfait, il pivote sur lui-même pour regarder alentour et s'apercevoir que la volée de pigeons quasi compacte qui l'entourait quelques secondes plus tôt s'est dispersée en un battement d'ailes. La salle s’est vidée de tout visiteur en quelques secondes.
Passé cet instant de stupéfaction, il se dit qu'après tout il va pouvoir profiter d'un tête-à-tête tout à fait rarissime avec la Joconde. Se tourne alors pour la contempler et constate alors avec épouvante que l'assaut glaireux a aspergé le pauvre modèle du Maître de Vinci.
Paniqué par son geste, le visiteur sort un mouchoir en papier de sa poche et commence à essuyer la toile pour tâcher de la débarrasser de ses miasmes kaki et gluants.
Il tapote d'abord doucement, ne réussissant qu'à ôter la partie la plus proéminente de la masse gluante, qui dégouline désormais dangereusement du haut de la toile vers le bas.
Voyant que sa technique d'abord prudente ne lui permettra pas de redonner à la pauvre Joconde sa dignité séculaire, il s'applique à frotter sur une zone plus étendue et avec un appui un peu plus assuré.
Suivant la coulée nasale qui macule désormais la Joconde du milieu du visage au menton, il appuie encore un peu plus.
Ouf... La coulée semble stoppée. Plus rien ne filtre de sous le mouchoir pour ruisseler vers le bas de la toile.
Il recule d'un pas pour faire un état des lieux. Et s'aperçoit que le nez de la Joconde a lui aussi... Goutté. Non pas goutté mais bavé. Une partie la peinture s'est estompée sous les frottements dans un flou biaisé vers la droite du visage.
Le désespoir panique commence à le gagner franchement. Il sort de sa poche le paquet entier de mouchoirs en papier et essaye de rectifier le tir en frottant l'écoulement dans l'autre sens, de la droite vers la gauche.
Essayer au moins de lui remettre le pif au milieu du visage.
Il tamponne et frotte encore un peu, puis soulève le mouchoir pour vérifier si ça a fonctionné. Horreur ! C’est pire ! C’est maintenant toute la peinture qui composait le visage énigmatique qui bave en s’estompant comme un flouté à la Fanny Nushka Moreaux. Devant l’ampleur du désastre qu’il a sous les yeux, impossible désormais de contrôler la panique qui couvait et le voilà qui frotte frénétiquement comme si le fait de repasser à l’infini sur les contours déformés de ce qui était la Joconde pouvait réussir à recomposer ses traits comme à l’origine.
C’est maintenant une bouillie informe de couleurs mélangées sur le tissu qui tournoie si vite qu’il ne voit même plus ce qu’il y a sur la toile. Essoufflé, il finit par s’arrêter. Il n’ose même pas relever le tissu pour regarder. La peinture semble avoir quitté toute la toile pour maculer le mouchoir d’un arc-en-ciel improbable.
Lentement, comme si cette lenteur pouvait avoir un effet magique de dernier instant, il écarte le mouchoir tacheté et la main qui le serre avec désespoir pour découvrir que toute peinture est effectivement estompée de la toile. A la place, tracés de lettres simples mais élégantes, 3 lettres : GIN.
Gin ? De Vinci aurait donc levé le coude en peignant et ce serait arrosé l’inspiration de gin avant de se lancer dans cette peinture ? Non… Mais non ça paraît improbable, le gin ne peut pas être un alcool si ancien. Et puis c’est quoi ce point avant les 3 lettres ? Il frotte autour du point, plus lentement cette fois, même si à ce point ça n’a plus d’importance. Se révèlent d’autres caractères, qu’il entreprend donc de libérer jusqu’à ce que la dernière lettre se fasse jour et composent le mot IMAGINE.
Oui… Qu’est-ce qui pouvait donner naissance à un chef d’oeuvre sinon l’invitation à imaginer le chef d’œuvre ?
Tiens, se dit le visiteur, tant qu’il n’y a plus personne ça vaut peut-être le coup de continuer ma visite et d’aller regarder les toiles des autres salles.
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(Les œuvres malmenées dans cette histoire sont bien sûr « La Joconde » de Vinci mais aussi « Imagine » de Lennon et un clin d’œil compatissant pour Mr Bean).