DeletedUser
Guest
Et voilà, mes terres sont à feu et à sang.
Incessants déplacements de troupes épuisées, d’hommes las de trainer le lourd fardeau de leur paquetage, au son des ordres transmis par nos généraux à toute volée.
Ca me manque les blagues salaces que s’échangeaient mes forestiers dans leurs campements miteux. Ca me manque les regards pervers que lançaient les mousquetiers sur mes formes dissimulées par mes longues robes.
Aujourd’hui, les camps sont vides. Il n’y a pas un bruit. Pas un. Pas même un charognard. Ca pue la mort ici.
Fort de nos récentes découvertes dans l’âge colonial, nous avons choisi de nous battre dans ce secteur. Les sons stridents de nos lourdes armes de siège nous ralentissent.
Derrière les équipes logistiques, essentiellement féminines, nous suivent, tirant les charrettes bardées de ressources. C’est leur fardeau, leur cœur et leur courage.
Ce sont les aïeuls qui se chargent de garder les enfants et de cultiver nos terres. On en est là...
Nous avons péniblement conquis 4 secteurs, et perdu des centaines d’hommes pour ça. Ca valait le coup?
On lance tous azimuts des messages portant nos espoirs d’alliance et de renfort. Ca valait le coup?
Nous sommes les membres de l’Ordre de la Chevalerie.
Petite guilde soudée, mais pas du tout calibrée pour la guerre et ses ravages.
Nous vivotions à construire les monuments dans nos Cités respectives. "Ca" nous est tombé dessus. Je n’ai rien vu, rien compris.
Nous sommes face à des armées immenses, dont je salue l’anticipation et l’organisation. La Templerie et leur chef, dont la sombre et épaisse capeline recouvre des yeux traqueurs, me hante. Ils raflent tout, et face à leurs efforts de préparation, ce n’est que justice.
Ils frappent, frappent et ne paraissent pas le moins du monde affaiblis.
Mais on s’accroche, on tient encore..Nous sommes fiers et ne lâchons rien. Une armée de siège abattue? on en repose une. Et encore, et encore, et encore...
Je me souviens d’avoir visité, il y a quelques mois, les champs de l’un de mes voisins, truffés de fileries, à côté de belles demeures aux portes et volets bleus. Je n’avais pas compris, j’avais juste trouvé ça "esthétique"..
Et moi, Reine misérable, je faisais quoi pendant ce temps là? Je me préoccupais de savoir qui avait saboté mes usines de tissus..
Je repense ironiquement au concours de la Cité la plus belle...
Voila ce qui vous gouverne mes fiers soldats...
Nous, nous n’avons presque rien. Nous n’étions pas prêts. Nous faisons face malgré tout, construisons des campements de fortune en toute hâte, recrutons des pauvres mercenaires, distribuant avec peine quelques deniers en guise de solde.
Des jeunes hommes, à peine sortis de l’adolescence, rêvant de gloire et de médailles, mais contraints d’avancer péniblement et d’écraser les cadavres laissés à même le sol. Peut-être leur frère, leur père..
Je suis Reine. Indépendante, solitaire, aguerrie à la rudesse de notre époque. Formée aux batailles que je gagne par dizaines, je n’ai ni besoin, ni envie de personne.
Je me suis pourtant ralliée à des Généraux, en qui j’ai confiance. Je les ai choisis pour leur cohérence, et les suis aveuglément. Et j’ai mon Prince, avec qui je partage un peu de vie dans son château de Deal. Je le suivrai lui aussi.
Je rêvais secrètement d’un enfant au fond de mon ventre. C’est dorénavant la peur qui me ronge les entrailles.
Mes hommes ne bronchent pas. Aucune désertion n’est à signaler.
Je ne sais pas ce qui se passera encore ce soir. Mais s’ils ordonnent, nous irons.
Aux miens, à ceux que je sacrifie au nom d’un idéal dont je doute encore, je demande pardon
Ca valait le coup?
*******
Les notes pleurent de mon violon ce soir.
Chaque coup d’archet semble trouer mon cœur de brèches.
Funeste mélodie, scèlle sous la terre mon rêve d’amour et mon espoir défunt
Calice, 2eme du nom, Reine de Calicia, Royaume de la faute et du Pardon
Incessants déplacements de troupes épuisées, d’hommes las de trainer le lourd fardeau de leur paquetage, au son des ordres transmis par nos généraux à toute volée.
Ca me manque les blagues salaces que s’échangeaient mes forestiers dans leurs campements miteux. Ca me manque les regards pervers que lançaient les mousquetiers sur mes formes dissimulées par mes longues robes.
Aujourd’hui, les camps sont vides. Il n’y a pas un bruit. Pas un. Pas même un charognard. Ca pue la mort ici.
Fort de nos récentes découvertes dans l’âge colonial, nous avons choisi de nous battre dans ce secteur. Les sons stridents de nos lourdes armes de siège nous ralentissent.
Derrière les équipes logistiques, essentiellement féminines, nous suivent, tirant les charrettes bardées de ressources. C’est leur fardeau, leur cœur et leur courage.
Ce sont les aïeuls qui se chargent de garder les enfants et de cultiver nos terres. On en est là...
Nous avons péniblement conquis 4 secteurs, et perdu des centaines d’hommes pour ça. Ca valait le coup?
On lance tous azimuts des messages portant nos espoirs d’alliance et de renfort. Ca valait le coup?
Nous sommes les membres de l’Ordre de la Chevalerie.
Petite guilde soudée, mais pas du tout calibrée pour la guerre et ses ravages.
Nous vivotions à construire les monuments dans nos Cités respectives. "Ca" nous est tombé dessus. Je n’ai rien vu, rien compris.
Nous sommes face à des armées immenses, dont je salue l’anticipation et l’organisation. La Templerie et leur chef, dont la sombre et épaisse capeline recouvre des yeux traqueurs, me hante. Ils raflent tout, et face à leurs efforts de préparation, ce n’est que justice.
Ils frappent, frappent et ne paraissent pas le moins du monde affaiblis.
Mais on s’accroche, on tient encore..Nous sommes fiers et ne lâchons rien. Une armée de siège abattue? on en repose une. Et encore, et encore, et encore...
Je me souviens d’avoir visité, il y a quelques mois, les champs de l’un de mes voisins, truffés de fileries, à côté de belles demeures aux portes et volets bleus. Je n’avais pas compris, j’avais juste trouvé ça "esthétique"..
Et moi, Reine misérable, je faisais quoi pendant ce temps là? Je me préoccupais de savoir qui avait saboté mes usines de tissus..
Je repense ironiquement au concours de la Cité la plus belle...
Voila ce qui vous gouverne mes fiers soldats...
Nous, nous n’avons presque rien. Nous n’étions pas prêts. Nous faisons face malgré tout, construisons des campements de fortune en toute hâte, recrutons des pauvres mercenaires, distribuant avec peine quelques deniers en guise de solde.
Des jeunes hommes, à peine sortis de l’adolescence, rêvant de gloire et de médailles, mais contraints d’avancer péniblement et d’écraser les cadavres laissés à même le sol. Peut-être leur frère, leur père..
Je suis Reine. Indépendante, solitaire, aguerrie à la rudesse de notre époque. Formée aux batailles que je gagne par dizaines, je n’ai ni besoin, ni envie de personne.
Je me suis pourtant ralliée à des Généraux, en qui j’ai confiance. Je les ai choisis pour leur cohérence, et les suis aveuglément. Et j’ai mon Prince, avec qui je partage un peu de vie dans son château de Deal. Je le suivrai lui aussi.
Je rêvais secrètement d’un enfant au fond de mon ventre. C’est dorénavant la peur qui me ronge les entrailles.
Mes hommes ne bronchent pas. Aucune désertion n’est à signaler.
Je ne sais pas ce qui se passera encore ce soir. Mais s’ils ordonnent, nous irons.
Aux miens, à ceux que je sacrifie au nom d’un idéal dont je doute encore, je demande pardon
Ca valait le coup?
*******
Les notes pleurent de mon violon ce soir.
Chaque coup d’archet semble trouer mon cœur de brèches.
Funeste mélodie, scèlle sous la terre mon rêve d’amour et mon espoir défunt
Calice, 2eme du nom, Reine de Calicia, Royaume de la faute et du Pardon
Dernière édition par un modérateur :