Harald se taisait. Il avait entendu un bruit. La créature gardienne de la Forêt Ancienne, où il se trouvait, n'était pas loin. Il n'en doutait plus, maintenant, et il approchait de son but. Celui de ses origines, de ses racines. Retrouver ce à quoi il tenait tant à cœur : ses ancêtres. Il fit un pas, et soudain, il entendit un bruissement dans les buissons. C'était trop tard, la créature s'était enfuie. Il avait cependant pu l'entrapercevoir, et elle était de couleur violette, avec de petites cornes qui lui saillaient sur le crâne, ainsi qu'une queue à la façon d'un diablotin, elle-même parsemée de petites proéminences osseuses.
Dépité, il se découragea. Tant de chemin parcouru, un si long voyage dans une quête qui s'avérait si vaine ! Il prit sa pierre de téléportation, et, d'un regard mélancolique, la pressa entre ses mains. Doucement et progressivement, il se dématérialisa, jusqu'à se retrouver dans une plaine, avec sa maison qui se situait non loin de là. Harald n'était pas un être ordinaire, car il n'avait jamais eu aucun souvenir de son enfance. A vrai dire, il n'en avait jamais eu, il avait toujours été un adulte à part entière. Il marcha jusque chez lui, entra dans la pièce principale et se servit à boire. Soudain, il se mit à réfléchir. Il avait, à plusieurs reprises, croisé une personne étrange, un magicien à ce qu'il semblait, qui se prenait parfois à rôder aux alentours. Il y avait, à quelques centaines de mètres de chez lui, un puits. La source infinie d'eau. Il se décida alors à s'y rendre.
Mephisatra... Songea-t-il sur le chemin de l'aller. C'était le nom attribuée à la créature gardienne de cette forêt où il s'était rendu auparavant. Mais cela lui semblait déjà si loin. Parviendrait-il un jour à la retrouver ? C'est sur ces entrefaites qu'il parvint au puits enchanté. Par le plus curieux des hasards, le magicien s'y trouvait. Il fixait le puits d'un air dubitatif, sans sembler avoir le moins du monde remarqué Harald.
- Bonjour ! lui instigua ce dernier.
Le magicien ne répondit pas. Il avait un chapeau pointu, une tunique recouverte d'une robe ample et grise. Il paraissait à présent soucieux de ne plus se savoir seul. Au bout d'un certain moment, et d'un silence ininterrompu, il se mit à parler.
- Bonjour, Harald.
Harald, habitué à ses manières plus que bizarres, lui répondit :
- Que faites-vous de si bon matin, cher monsieur ?
- Je réfléchis, lui répondit le magicien.
Harald s'en doutait. Il ne le comprenait que trop. Que faire dans ce monde, sinon réfléchir ? Lui-même se savait originaire d'une contrée lointaine, qui s'appelait la Contrée de Cieux, où vivaient les êtres ailés. Il l'avait appris du magicien, qui semblait, parfois, en savoir un peu trop long sur certaines choses. Mais Harald s'en moquait. Il voulait savoir. Savoir… C'est alors qu'il répondit au magicien :
Je me pose aussi des questions, cher ami. Je me pose, vous ne le savez vous-même que trop bien, des questions sur mes origines, sur ces êtres ailés dont vous m'avez parlé. Comment les connaissez-vous ?
- Pourquoi tant de hâte ? Approche…
Harald, un peu hésitant, finit par avancer.