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Plume au vent et encre sympathique

  • Auteur de la discussion DeletedUser41403
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DeletedUser41403

Guest
Ce que j'écrivis plume au vent, je le retrace à l'encre sympathique...
~Des écrits d'un Fantôme qui fut Aigle~
Ayant profité déjà un peu du meilleur de vos talents, il m'appartient désormais de partager avec vous le meilleur de ce que je sais faire, l'écriture.


Je n'ai encore rien écrit pour FOE, ce sont donc quelques archives que je vous ressort (mes écrits les plus récents sont trop ancrés dans leur contexte elvenarien), en attendant d'avoir l'occasion d'écrire un peu plus par ici.

Puissent ces mots vous distraire. Bonne lecture !

  • Acrostiche et novlangue pour un gage
Doubleplus curieux aux yeux malicieux,
Un fantôme joyeux hante ces lieux.
Nulle bourrasque ne le chasse,
Car il se plaît avec audace
A s’amuser avec vous tous,
Nonancien revenant en douce.

Oui, malgré ce gage (hein fée clochette)
Fort content de tout, ici il s’arrête.

Si vous attendez des histoires,
Contes endormi dans les mémoires
Ou poèmes jaillis de nulle part,
Tambourinez à sa porte :
Sans doute, il en apporte.
  • Des extraits de roleplay, qui servaient d'introduction à mon personnage rp. Ils fonctionnent un peu comme des récits à part, donc ils peuvent être lus hors du contexte du roleplayrolleyes(vous aurez déjà du mérite si vous lisez tout:p)
(Codes de RP usités : récit// paroles //* pensées* )


Thràvalgur le Maudit

Il se releva, le souffle court, l’air hagard, se retourna une dernière fois. Il avait de l’eau jusqu’à la ceinture. Au loin, un galop s’éloignait, mais il était bien proche encore. Il bondit, et se jeta dans les taillis. Les poursuivants semblaient l’avoir perdu de vue. Enfin. Il n’en arrêta pas moins de courir. Parvenu à une clairière, il s’arrêta, à bout de forces, glacé. Il se laissa tomber sur le bord du sentier. Sa respiration encore haletante était de plus en plus douloureuse. Chaque souffle lui ouvrait un peu plus la large estafilade qu’un mauvais coup d’épée lui avait infligée. Dès que son vertige eut disparu, il vint s’agenouiller vers son compagnon, aussi mal en point que lui, même plus.
Thorin ?
Pas de réponse. Une sorte de râle s’échappait des lèvres fendues, et de violents soubresauts agitaient le malheureux. Visiblement, il ne survivrait pas à la nuit. Il n’avait fui que pour différer l’heure de la mort, pour empêcher son corps de tomber aux mains de l’ennemi. Maelkas se pencha sur lui, et répéta :
Thorin ? M’entends-tu ? Tiens bon, je t’en supplie.
Avec effort, l’autre tourna la tête, et regarda d’un œil déjà fixe son ami :
Maelkas… Tu seras le dernier Chef des nains de notre Clan, à présent. Je rejoins nos pères sans descendance ni parenté encore en vie, il n’y a que toi qui est digne de me succéder, parmi les survivants. Je retourne à la Pierre, et dans les cavernes de Mandos. J’aurais aimé ne pas te laisser seul, mais…
Un flot de sang coupa la parole à celui qu’il avait tant aimé, tant comme ami que comme Prince. Il vit le corps s’affaiser, et glisser sur le côté. Il hurla de désespoir, la tête encore tiède posée sur ses genoux. Il sombrait dans le même néant que trois années auparavant. Bien qu’il soit en pleine forêt, il s’attendait à ce qu’un nouveau projectile fasse s’écrouler la bâtisse, et qu’une poutre incandescente le sépare de la dépouille de son ami comme avant le corps de sa mère … Un hurlement de douleur et de désespoir montait de sa poitrine déchirée.
C’est son propre cri qui le tira de son cauchemar. Il émergea lentement, et pris conscience d’où il était. Depuis longtemps -il ne comptait plus les années depuis ce temps- il ne s’appelait plus Maelkas, mais Thravalgur. Et si la nuit rôdait toujours autour de sa sombre silhouette, se fondant avec la mort, elle n’était plus la même ; si le même froid poignard glaçait son cœur, il avait depuis longtemps allumé un brasier de haine digne du gouffre de ses ressentiments, et à ce feu il avait trempé son âme, comme on reforge des éclats de glaive une lame nouvelle. Il se releva, sortit discrètement et marcha un peu dans la pâle lueur des astres nocturnes.

Thràvalgur l'Assassin


Au-delà du Gué de Cabed-En-Dhaeraow, le voyageur entre dans un territoire interdit. Jadis, cette région fut nommée par les Drows : les Marches d'Outreterre... À présent, les autres peuples l'évoquent plus que sous cette appellation teintée de peur : la Frontière de l'ombre. Le vent hurle dans la vallée sombre qui mène à ces montagnes obscures. Leurs flancs boisés servent de refuge à des bêtes surprenantes. Ceux qui osent s'aventurer en ces lieux ne le font pas sans une bonne raison. Bien fol serait celui qui trop longtemps s'y aventurerait. Ses restes viendraient peut-être rejoindre ces tas d'os à demi-enfouis sous les broussailles.
Le voyageur égaré devrait se souvenir qu'il n'est qu'à un demi jour de marche des premiers villages de la Vieille Route, et qu'il peut toujours rebrousser chemin...
Mais s'il poursuit dans cette direction, il peut s'éviter un long détour, pour gagner la Forêt de Liriönwën, antique contrée elfique.
Un peu en amont du gué, il trouvera les vestiges de Lùngdir, la légendaire ville minière des Nains, désertée il y a trois siècles.

Dal Drin, Karak Dharkhengron. (La Vieille Route, Marches d'Outreterre)

L'agitation grandissait dans le village à mesure que la matinée avançait. Cela avait commencé par des portes claquées et des bougonnements d'ivrognes expulsés des tavernes dans lesquelles ils avaient réussis à passer la nuit sans payer de chambre à l’étage. Les premiers coups de burin commencèrent ensuite à résonner depuis les carrières, puis le marteau de la forge voisine. Ce fut ce dernier qui vint à bout du sommeil pourtant profond de Thràvalgur. Il ouvrit à demi les yeux, les referma, secoua la tête, hésita à se rendormir quelques instant, puis cligna des yeux fortement, et les rouvrit cette fois pour de bon.

Il se leva péniblement, et l’air frais de la pièce acheva de le réveiller. Il ramassa ses habits posés sur le bord du lit. Il grimaça en constatant une déchirure dans l’étoffe bleue de son surcot. Il passa ses vêtements rapidement, et marcha vers la table basse où traînaient le reste de ses affaires. Là, il vit son reflet dans son bouclier.

Il distingua le visage jeune et émacié d’un nain d’une cinquantaine d’années, aux traits encore peu anguleux, mais prématurément durcis.Un nez légèrement épaté surplombait son menton fuyant. Une barbe rase recouvrait ses joues. Ses cheveux noirs étaient tirés en arrière, de sorte à dégager son front. Sa peau était hâlée, mais semblait blafarde sur ce reflet. La silhouette générale était de taille moyenne, trop haute pour être celle d’un Nain de Thrazwyr Ankor pur sang. En effet, Thràvalgur était né dans une petite colonie du Royaume Gris, et sa mère avait des origines humaines, ce qui faisait de lui un Tiers-Sang reconnaissable à sa barbe courte et ses sourcils trop fins.

Il revêtit la cuirasse d’une armure légère, et soupira en regardant ses épaulettes. La marque des déserteurs avait disparue avec le temps, mais l’insigne des novices manquerait à jamais. Le sort avait voulu que jamais il ne devienne le guerrier qu’il aurait dû, ni même l’annaliste qu’il aurait voulu. Au lieu de cela, il assumait la profession de joaillier, orfèvre et forgeron. Les voies du destin sont plus impénétrables que les Sources Noires…Après avoir mis l'armure, il banda soigneusement ses mains avec de longues lanières de cuir qui faisaient office de gants. Il prit soin de recouvrir la rune du déserteur qui était tatouée sur son poing.

Il vérifia son sac et ses sacoches encore une fois. Il avait remplacé les torches usagées, fait réparer quelques outils et fait changer le pic de sa pioche. Il s’assura que sa marchandise était toujours intacte. Il jugea inutile d’acheter de la nourriture, ses provisions actuelles étant encore suffisantes. Il chasserait en route pour compléter au besoin : inutile de s’encombrer lorsqu’on voyage seul.

Il vérifia également le contenu de ses gourdes d'eau : les sources n’étaient pas toutes sûres là où il comptait se rendre. La bière allait se faire désirer : son stock était arrivé à sa fin, et celle qui était vendue ici était trop exécrable pour qu’il se permette de diminuer ses réserves d’eau. Cependant il avait encore une petite quantité de ce qu'on appelait le « miruvor nain » : un alcool très fort, revigorant mais aux effets secondaires assez impressionnants. Il le réservait aux cas d’urgence ou de grande nécessité. De part et d'autre de son sac était posées sa hache, qu'il avait affûté avec soin la veille, et son imposant marteau, arme de combat autant qu’outil de forgeron.

Il jeta sur ses épaules un long manteau noir, harnacha son sac, replaça ses sacoches et sa dague à sa ceinture, fixa au baudrier son bouclier et son marteau dans son dos. Il boucla le tout et rabattit sa capuche sur la tête, puis sortit de la pièce. Il régla de neuf pièces d’argent la nuit exécrable qu’il avait passé, salua la matrone qui tenait le comptoir, et poussa la porte de l’auberge pour retrouver la pleine lumière du jour naissant.

Guraz Tiwaz… La taverne la plus miteuse sur toute la Dal Drin ! , siffla Thràvalgur à mi-voix en jetant un dernier regard de la bâtisse disgracieuse. Il était habitué à cheminer sur cette portion de la Vieille Route, et ce n’était pas la première fois qu’il passait la nuit dans cette auberge. Mais il ressentait toujours le même dégoût devant ces murs gris suintant d’humidité au dehors, couverts de boiseries vermoulues au dedans.

Lorsqu’il était entré là, la veille, il avait tout de suite commandé une chambre à l’étage, pour lui seul et fermant à clef. Comme il y avait mis le prix, il avait obtenu immédiatement de qu’il désirait, et le tenancier lui-même l’avait mené dans une pièce décorée de tentures défraîchies, éclaboussées de liquides douteux et irrémédiablement empruntes de relents de vin aigre. Il n’en était sorti qu’à l’heure du repas, et avait passé la soirée dans la grande salle. Il avait à peine écouté les rumeurs vagues que colportaient les ivrognes de passage. Il saisit vaguement qu’un homme avait été retrouvé noyé la veille, et que les deux cavaliers elfes qui semblaient si pressés avaient laissé derrière eux un amusant voyageur Halfelin, qui arriverait sans doute ici dans les prochains jours. Il avait eu une violente altercation avec un homme teigneux, qui trichait aux dés avec la complicité de trois truands de ses amis.
Nyr doch ! Comme s’il aurait pu être incapable de remarquer l’apparition d’une tache d’encre sur le jeu dont l’autre se servait… Pitoyable. Il regrettait seulement d’avoir perdu son médaillon runique en envoyant le mauvais drôle rouler sous la table. Il avait eu beau regarder, il avait dû glisser trop loin pour qu'il le retrouve. Il se promit d’en fabriquer un nouveau très bientôt.

Laissant là ses pensées, Thràvalgur se mit en marche. Bientôt le village encore endormi ne fut plus qu’une ombre grisâtre. Parvenu à la grande route, il la suivit pendant deux bonnes heures, puis bifurqua dans la direction des marécages,et de Cabed En Dhaerow, le seul endroit où traverser le Mhornar Stromez à sec sans faire de détours inutiles. Non qu’il fût pressé par la nécessité, mais il n’aimait pas traîner dans les Karag Dharkhangron, les antiques Marches d’Outreterre... La mine de Lùngdir où il se rendait n’avait pas été désertée par hasard. Elle se trouvait trop près de la Frontière de l’Ombre, avait-il entendu murmurer chez les Elfes.

Dans le courant de la matinée, le temps devint mauvais. Il dut presser le pas, pour gagner un abri. La pluie fine qui s'abattait du ciel automnal précédait l'orage que l'on entendait gronder au loin. Les températures inhabituellement chaudes pour la saison n'empêchaient pas le nain de frissonner après une heure de marche sous l’averse. Il décida donc de s’arrêter sous une avancée rocheuse. Avec soulagement, il fit glisser de son dos son bouclier et son sac, et s’adossa à la pierre. Il commença à déballer quelques provisions, tout en jetant un coup d’œil aux alentours.

Certains disent que toutes les routes se ressemblent. Mais il faut n’avoir jamais prêté attention à la route empruntée pour l’affirmer ainsi. Le pays que traversait de la Dal Drin, était aussi beau que rude, aussi hostile que poétique, et le Nain savourait les souvenirs lointains que le charme étrange des lieux faisaient remonter dans ses pensées.

Mais alors qu’il s’apprêta à repartir, il eut l’impression obsédante d’être observé. Il se leva. Un bruit de branchages brisées le fit tressaillir nerveusement. Il entrevit une silhouette noire reculer dans les taillis. Il fit lentement craquer ses phalanges, et serra sa hache un peu plus fort. Il se mit en marche sans perdre de temps. Si les maladroits qui le poursuivaient étaient ceux qu’il pensait, il aurait davantage de facilité à s’en débarrasser après le Cabed En Dhaerow, si jamais ils passaient à l’action.

De fait, il traversa les eaux noires du gué sans être inquiété. Un instant, il crut que ses poursuivants avaient renoncé à le suivre sur ces terres inhospitalières. Mais les silhouettes sombres qu’il avait pu apercevoir en jetant de fréquents regards par-dessus son épaule lui avaient fait comprendre que la traque était engagée, et que ses poursuivants ne lui laisseraient pas le moindre répit.

Il les distinguait nettement, à présent. Ils les reconnaissait même, pour avoir commis l’imprudence de jouer avec eux à l’auberge. Le gros gobelin au regard torve, l’humain au visage en lame de couteau, l’adolescent aux mains noueuses, le joueur de dés, tous ses partenaires de la nuit dernière. Quatre brutes qui l’avaient suivi dans ces contrées déserte et pensaient aisément faire main basse sur la fortune d’un joaillier nain isolé. C'était classique. Inviter le voyageur à jouer, pour commencer à estimer la fortune qu'il portait sur lui, puis le rattraper au détour de la grand'route. On aurait d’ailleurs dit qu’ils avaient attendu la traversée du gué, pour exécuter leur forfait hors des terres fréquentées, car Thràvalgur remarqua une demi-heure après qu’ils avaient forcé l'allure pour envelopper sa trajectoire et le forcer à dévier de sa route. Mais, s'il connaissait mal le terrain, il l'utilisait mieux que ses poursuivants. Il réussit à échapper à leur champ de vision, et disparut dans les bois.

Le reste de la journée s’écoula sans incident particulier. À la nuit noire, il atteignit l'entrée de Lùngdir, dissimulée sur le flanc d'une colline derrière un éboulis de roches. Il sortit le parchemin qu'il avait recopié dans les archives d'Arhundïm : un plan de la mine abandonnée. Cela faisait la cinquième fois qu'il se rendait ici se servir dans les réserves oubliées de son peuple. La vision des grandes salles désertes lui glaça le sang. Leur majesté témoignait de l'antique puissance de la race des Nains, mais aussi de la force du pouvoir qui l'en avait chassé. Seul le rythme inégal mais régulier de ses bottes sur les dalles noires brisait le silence. L'écho s'en emparait lentement et l'amplifiait avant de l'étouffer. Sa torche jetait des lueurs brèves qui réveillaient les voûtes sculptées. Il atteignit assez vite les entrepôts. Des joyaux de grand prix, quantité de métaux précieux et de minerais rares étaient entassés dans de vastes coffres de pierre, quand ils ne traînaient pas sur les tables voire même sur le sol. Thràvalgur jouit un moment du spectacle, puis il remplit les sacoches vides qu'il avait emportées. Ceci fait, il se déchargea du reste de son matériel, et s'installa pour la nuit. Il se demandait comment échapper à ses poursuivants, qu'il jugeait finalement trop acharnés pour de simples maraudeurs.

Son manteau enroulé autour de lui, la tête posée sur le bord de son sac, Thràvalgur ne dormait pas. Lùngdir exerçait sur lui une influence étrange. Il y retrouvait les traces de l’esprit du peuple Nain. Il y retrouvait un monde qui lui était fermé à jamais depuis quinze années. Lùngdir réveillait sa nostalgie en même temps qu’il la comblait.
Un peu de lumière et d’air frais lui parvenaient d’une orficie qu’il ne distinguait pas. Le silence pesant des vastes salles était coupé de rumeurs sourdes en provenance des profondeurs. Lorsque, soudain, des voix basses et étouffées, mais amplifiées par les échos des cavernes, lui parvinrent.

Il n’a pas pu passer par là !
Nous ne pouvons pas en être sûr...
Nous n’avons pas de temps à perdre ! Il n’y a pas d’autre entrée que celle que nous avons prise !
Falrif a vu des traces de boue dans la caverne ouest.
Nous l’avons perdu de vue bien plus à l’est que cela !
Personne ne s’aventure par ici. Il est le seul voyageur dans le secteur, à ma connaissance, c’est un nain qui de plus est.
Il a pu se perdre dans ces cavernes. Nous avons déjà perdu quelques hommes comme cela...
Il a un plan, je l’ai vu à l’auberge ! Capturez-le, amenez-le moi! Depuis trois mois que nous cherchons ici en vain la bonne entrée de cette mine sans résultat, la seule salle que nous ayons trouvée est un dédale à elle seule… Mais il aura peut-être des éléments intéressants...


Des pilleurs de mine et des profanateurs de sanctuaire, grogna-t-il intérieurement. Sans doute me suivent-ils depuis le dernier village. C’est une chance qu’ils ne m’aient pas rattrapé, ils seraient entrés derrière moi…



Thràvalgur décida qu’il ne valait mieux pas passer la nuit ici. Il devait y avoir une bonne douzaine de pillards sur ses traces, et il n’avait pas pris de précautions particulières pour circuler dans la mine, persuadé qu’il était hors d’atteinte dans cette ruine oubliée. Il s’était visiblement trompé.
Il rassembla les quelques affaires qu’il avait sorties, et les rangea. Il empoigna sa hache, hésita à prendre son bouclier, mais conclut qu’il valait mieux compter sur sa vitesse pour s’échapper de là.
Il sortit donc par l’entrée qu’il avait empruntée à l’aller. Pas une trace d’éventuels poursuivants. Ils devaient être plus en contrebas. Cela lui laissait du temps. Il effaça les traces de son pasage, puis entama la descente.

Brusquement, au détour d’un sentier, il bouscula un homme de haute stature armé d’une masse de fer et d’un long poignard. Un juron nain lui échappa. L’autre donna immédiatement l’alarme :

Il est là, il est ici ! Il est à moi !

Et il engagea le combat. Thràvalgur fit un pas en arrière, esquiva le premier coup de masse. Il ne put éviter le poignard qui partait en direction de sa gorge. Fort heureusement, son adversaire n’avait pas l’habitude de combattre un être de petite taille, et avait dirigé son coup trop haut. Une estafilade sanglante mais superficielle barrait à présent son menton. Sans y prendre garde, mais conscient d’avoir frôlé la mort, Thràvalgur porta un coup de hache violent sur le flanc droit de l’homme, qui se trouvait ainsi découvert. Immédiatement après, il ramena vivement son arme, et scinda la masse en deux. La brute hurla, et eut exactement la réaction qu’il attendait. L’homme se précipita en avant, le poignard pointé vers lui. Thràvalgur jeta sa hache en travers des jambes de l’autre, et, tout en reculant, dégaina sa dague. Il acheva avec l’homme à terre, puis s’échappa rapidement, car d’autres pillards arrivaient déjà sur les lieux.

Mais il ne courrait pas assez vite. Les poursuivants gagnaient du terrain. Il fallait ruser et les diviser. Il commença à s’enfoncer dans les bois qui couvraient les collines. Le sol d’humus et de rocaille sur lequel il progressait rendait sa course inaudible. Les taillis devenaient de plus en plus touffus. Il s’arrêta un moment, pour reprendre haleine. Les runes qu’il portait sur ses pièces d’armure légère brillaient dans la pénombre. Elles avaient bien rempli leur office, en compensant son infirmité, mais leur pouvoir restait limité. Une odeur de mort et de décomposition lui parvenait du sentier de droite. Sans doute, une charogne abandonnée pourrissait là. Il bifurqua sur la gauche, après avoir disposé clairement des traces de son passage sur la droite. Puis il se mit à guetter le premier groupe de pillards qui se présenterait.

Le premier groupe ne tarda point. Mais, contrairement à toute attente, les bandits arrivèrent dans son dos.

Nyr doch! Baruk Khazâd! Khazâd ai-mênu! hurla-t-il tandis qu’il abattait sa hache sur la tête qui venait d’émerger des broussailles.

Sans prendre garde aux cris de rage et aux plaintes du blessé, Thràvalgur pesta contre son manque d’entraînement. Un nain ordinaire aurait tué net l’importun, il lui avait à peine fendu le dessus du crâne.

Il profita de la confusion générée dans les rangs des pillards pour s’enfuir à nouveau.

Gung-groad ! Abats-le moi ! Il s’échappe encore !

Thràvalgur jeta un bref coup d’œil en arrière. Un craquenier armait rageusement son arme.
Non, non…

Vas-y, maintenant !

Un bruit sec lui indiqua que la corde avait été relâchée. La flèche entama quelques protection de cuir avant de pénétrer dans sa chair, assez profondément pour lui arracher une grimace de douleur, mais pas suffisamment pour l’abattre.

Il essayait de ne pas ralentir. Les runes qu’il portait lui conférait une grande rapidité de mouvement, et une meilleure endurance, mais il leur était impossible d’agir sur la douleur. De plus, il sentait cruellement les limites de leur pouvoir. De temps à autre, un rapide coup d’œil par-dessus son épaule lui confirmait que les pillards continaient de se disperser, les plus agiles s’étant élancés en avant, les plus massifs étant plus lents à suivre. Lorsqu’il estima qu’il avait assez d’avance, il monta dans un gros chêne, dont les branches noueuses et le feuillage épais semblaient une cachette suffisante.

De fait, il vit passer de son refuge une bonne dizaine de poursuivants, très espacés. En dernier arriva un groupe de trois hommes, dont l’un semblait être celui qui commandait. Ils ne courraient pas, se contentaient de marcher à pas nerveux. Thràvalgur pouvait saisir des éclats de voix, et des sons indistincts, sans qu’il puisse comprendre un mot.
Lorsqu’ils furent passés, Thràvalgur se laissa tomber au sol. À cet instant, cinq hommes lourdement armés firent irruption sur la droite. Il s’engouffra dans une trouée, en maudissant sa hâte.

Umbar umgak ! Quel besoin avaient ces abrutis de gueux, de trolls puants, de pointer leurs sales grolles maintenant !

La politesse ne semble pas son fort,
remarqua un pillard goguenard.

Toi, j’aimerai savoir ce que tu diras quand t'auras la mâchoire enfoncée dans l’crâne ! lança Thràvalgur au vol en disparaissant derrière les taillis.

Il essayait d’essouffler les brutes en les emmenant dans des endroits où seul un nain pouvait passer sans ralentir. Seulement, il avait l’impression de retourner là où il était déjà passé, et il redoutait l’irruption d’autres pillards.
Soudain, il entendit des hurlements inhumains, et un rire glacial. Il sentit ses poursuivants se figer sur place, reconnaissant sans conteste la voix du supplicié. Mû par une forte curiosité, il se rapprocha du lieu d'où venait ce cri qui le tirait momentanément d'embarras.
C'est alors qu'il vit, dans la pénombre d'un bosquet, une silhouette drapée d'une longue cape noire, assis sur un homme à terre, encore agité de spasmes et de convulsions. L'être étrange exhalait une odeur de mort et de décomposition, et son visage nécrosé arborait un sourire amusé.

*Un mort-vivant, sans conteste. Pourtant, les rumeurs ne font pas état d'un nécromancien dans la frontière de l'Ombre... De toute manière, il ne semble pas agir selon un ordre, et je n'ai jamais vu l'esclave d'une liche agir le sourire aux lèvres. Les Annales de Thrazwyr Ankor font état de morts vivants libérés de leur maître, qui lui survivent. Et les Maîtres du savoir prétendent qu'ils ne sont pas forcément mauvais. Essayons de voir si les annalistes disent vrai, après tout, ce serait dommage de passer à côté de ma meilleure chance de renverser la situation. D'ailleurs, un bon marchand devrait pouvoir avoir commerce avec n'importe qui...*
D'un pas décidé, il s'avança, mit sa hache sous le bras, et tendit la main :
Thràvalgur, surnommé l'Assassin, nain errant, marchand et forgerune, à votre service ! Puis-je vous demander, voyageur sans vie, quel est votre nom, et si vous recherchez d'autres pillards à expédier de la même façon ?

  • Poèmes
Le premier, en partant de deux vers de Rimbaud, est un petit essai sur l'inspiration
Plus léger…


Plus léger qu’un bouchon,
J’ai dansé sur les flots

Et dans un tourbillon
Joué avec les mots


Déferlement de vers
Viens peupler mes déserts !
Et vous regrets amers
Fuyez comme l’éclair.


Dans l’ombre je frissonne,
Ivresse d’un instant
Où tout ce qui m’environne
S’enfuit avec le vent !


Qui me donna ces ailes,
Quelle muse fidèle
Qui vient et m’ensorcelle,
Trop folâtre étincelle ?


Mystère que je sens,
Vacillante clarté…
Est-ce donc en rimant
Qu’on va sans s’arrêter


Loin de quelles prisons,
Vers quels horizons
Où la seule raison
Ne passe sans chansons ?


O puissance enivrante,
Qu’on nomme inspiration !
Tu m’entraîne et m’enchante,
Etrange sensation !


Vais-je courir le monde
Dans cette joie profonde
Vers l’aurore blonde
Comme un bateau sur l’onde ?


Heureux qui comme Ulysse
A fait ce beau voyage…
Vogue sur l’eau qui glisse
Vole loin de l’orage,


Eternel voyageur,
Esprit plein de candeur !
Eclipse-toi, demeure
Loin de ton œil qui pleure !


Je rêve sans sommei
Des astres magnifiques,
Regard plein de soleil,
Ame mélancolique !


Poésie, clef des cages
Où l’on meurt seul, otage,
Malheureux, sans courage
Qu’on soit fou, qu’on soit sage !


C’est assez pour suspendre
Les tourments et les pleurs
Et assez pour surprendre
Les ombres de la peur


De forger d’un murmure
Qui fasse trembler les murs
Je ne sais quel astre pur
Un de ces vers qui durent…


Quand l’aile fantastique
M’abandonne à mon sort
J'emporte ces reliques :
Des vers comme trésors !

L'autre a été réalisé dans le cadre de concours forum sur elvenar, et a été très légèrement retouché ensuite: les mots imposés sont en jaune et ne sont pas en italique... (d'où certaines bizarrerries)
Poème de la Saint-Valentin- En souvenir de l'amour fou de mes quinze ans...

Je suis parfois un peu fou
Mes vers sans rythme s'égarent
Se perdent au hasard
Dans un tourbillon flou...
Songe nocturne au charme inconnu,
Comment viens-tu, inattendue ?
C'est l'heure trouble d'un soir aux teintes mystérieuses,

Sur le bout de leurs orteils, les hippopotames,
Se glissent comme des
limaces silencieuses...
Je te vois, plus fière et libre qu’un étalon de flamme
Aux poils luisants ! à tes côtés je suis le
nain
Qui lève les yeux, muet, ravi, sous son chou-fleur !
Tes yeux bleus comme glace enflamment le cœur
Que tu retiens de ta fine et pâle main !

Je t'aime plus qu'un Aragorn son
Arwen,
Ta voix m'envoûte comme une sirène
Et tout prends près de toi un nouvel éclat !
Qui es-tu ? Que ton nom soit plus doux
Sur mes lèvres ardentes que le goût

D'une
banane au chocolat !
Tes mots sont l'écho d'une âme heureuse
Tes paroles coulent comme le miel
Ton rire résonne, clochette joyeuse
Ton regard reflète le ciel!
Je t'en prie réponds-moi
Mon cœur est tout à toi...
Je ne suis pas poète
Piètre musicien
Ecrivain analphabète
Peintre de rien
Mais tu peux changer tout !
L'amour je sais rends fou :
Laisse-moi suivre tes pas,
Mon bras te servira
Pour la vie jusqu'au trépas !
Oui, rien ne nous résistera,
Pour toi je ferais tous les exploits !
Tu ne me vois point, ne réponds rien,
Et brusquement disparais de mon chemin...
Laisse-moi te revoir une dernière fois,
Toi que j'aime si fort,
Rêve fugace d’une nuit d’or.

Autre gage...
un sonnet élisabéthain et d’inspiration baudlérienne dont le sujet et la recherche de l'alter égo amoureux
J’ai longtemps erré seul sur les chemins mal pavés,
Foulé la terre aride et les sentiers gelés.
Je ne demeurais pas sous les toits délavés,
Je m’échappais toujours comme l’oiseau ailé.

Quel improbable Graal me tenait éveillé,
Aux soirs d’étape, couché sous la ramée ?
Un rêve intense et fou hantait mes tristes veillées,
L’obsédante quête de l’être unique aimé.

Enfin je l’ai conquise à l’issue de ma quête,
Fantasme de femme que je guettais toujours,
Devenue bien réelle – et pourtant je m’inquiète.

Je me trouvais indigne de son amour :
Bien trop pâle reflet dans une eau noire et trouble,
Disloquée, mon âme est si loin d’être son double.
  • Récits

    • Un récit humoristique de vacances à Elvenar
Mots imposés en jaune (baisse de difficulté en regard du précédent). Je précise que ce texte a été rédigé avant que je ne devienne moi-même rédacteur au journal d'Elvenar :whistle:

Partir

Chronique estivale de Diagramàr
Rédacteur au Journal populaire des ouvriers de Firixellia


Partir.
C’est le romantisme de l’époque... Tous les littérateurs et les auteurs dramatiques l’ont chanté. Ils y voient un moyen sûr de lutter contre le dégoût qu’inspire la monotonie de l’existence aux âmes nobles, de vaincre la monotonie des jours. Mais ce besoin d’envol n’est pas toujours un mal du siècle, une mélancolie morbide, frappant les âmes d’élite. Il arrive qu’il se révèle aussi chez les petites gens, spécialement en période estivale: éreinté par son travail journalier, lassé d’être assis face à un paysage quasiment identique jour après jour, n’importe quel être normalement constitué finit par aspirer à un peu de repos et de dépaysement. Dans ses dernières heures de travail, comment ne pas songer avec délectation aux vacances qui sont si proches ?

Je peux bien en parler, car j’étais exactement dans cet état d’esprit voici tout juste dix jours.Oui, tout l’après-midi de Donnàndor dernier, j’attendais avec impatience la soirée pour commencer mes préparatifs de départ.

Oh! Je suis très heureux à mon poste de responsable des chocolats chauds déshydratés, dans la manufacture d’élixir n° 3. Il est vrai que je n’ai pas connu autre chose, et il m’est difficile d’imaginer dans une vie différente. Cela fait maintenant dix ans que je suis ouvrier dans cette manufacture. Mais travailler dur sans relâche est impossible : fort heureusement, la course au développement et à la prospérité qu’a engagé notre Elvàndor n’empêche pas de prendre quelques jours de repos de temps à autre.

Comment n’y aurais-je pas rêvé ? Je savais que je serais en vacances seulement trois jours plus tard, ces vacances tant attendues ! Depuis trois ans, j’économise pour partir enfin à la plage. Car les temps sont durs, les tarifs de transport des navires volants élevés. Mais tant pis ! j’économiserai davantage en rentrant. D’abord, ma mère ne m’avait-t-elle pas assuré que la tante Milanariel, qui habite Aquaponil m’hébergerait volontiers ? Tout bien réfléchi, une place en troisième classe pour Elvenhaven, si les cousins venaient me chercher, ce n’était pas une trop grosse dépense : une fois là-bas, rien à payer ! Et puis, quel spectacle inoubliable, la mer ! Je ne savais pas ce que c’était, alors, dame ! j’imaginais, et avec quelle prodigalité ! Enfin, comme l’affirme une sagesse populaire et péremptoire, « on n’a de bon temps que celui que l’on se donne » !

Le matin même, j’avais envoyé mon oncle repérer la région de ce village en bord de mer où je devais passer mes congés : je voulais pouvoir le situer sur une carte et prévoir les trajets à faire là-bas.
L’oncle Zéphyrin Kràacken travaille dans l’éclairage... Comprenez bien : il n’est pas responsable d’une manufacture de bougies, ni d’un élevage de lucioles, et il ne travaille pas non plus chez EDF (Elfes & Dragons Flamboyants)... Jamais un Elfe Sylvain ne travaillerait là dedans ! Non, Zéphyrin Kràacken est « pisteur-explorateur intégral », c’est-à-dire “éclaireur officiel de la ville, de père en fils, et de fil en aiguille”, et c’est ce que nous autres, elfes de Firixellia, appelons ‘éclairage’ ! Sa fonction lui assure l’exclusivité des explorations menées par la ville. Emploi honorifique et lucratif (il est bien mieux payé que moi dans ma manufacture de chocolat chaud!), son travail lui permet d’effectuer en même temps des missions de reconnaissance pour la famille. Inutile de préciser pourquoi je l’avais sollicité avec trois jours d’avance. Si vous connaissez les éclaireurs et leur rapidité légendaire aussi bien que moi, vous savez parfaitement ce que vous auriez fait à ma place… Peut-être même auriez vous été plus prudent que moi, en lui donnant six jours d’avance. En effet, mon cher oncle ne rentra qu’au matin de mon second jour de congé.

Entre temps, j’avais bouclé mes valises, préparé parasol et transat’ (tous deux de la marque Silkon, soie 100 % naturelle et sans pollen ni polystyrène, fabrication elvenarienne ! N’hésitez pas à en acheter autant que vous le souhaitez à mon cousin Alf. Si vous n’en étiez pas content, vous n’aurez qu’à écrire à la maison qui se fera un plaisir -et un devoir – de ne pas vous répondre).

J’ai donc remercié chaleureusement mon oncle, et l’après-midi même, je suis monté dans le navire volant à destination d’Elvenhaven. Il était bondé d’honnêtes citoyens qui, avec leurs fils et leurs compagnes, s’en allaient battre la campagne
(1).
(1)Ces deux vers ne sont pas extraits, comme on pourrait le penser, de « L’hymne à la forêt ». L’auteur en revendique fièrement la paternité.


La première heure fut un enchantement! L’atmosphère du navire était aussi ambiante que cordiale. Le temps invitait à la bonne humeur et à la détente. Mais voilà soudain que ce bandit de soleil a semblé se cacher derrière les nuages. Oui, oui, il a disparu complètement, et la pluie s’est mise à tomber ! Maudite pluie qui donne au paysage un aspect désolé ! Nous ne pouvions même plus sortir sur le ponton. Et les damnés gosses de ce gros Halfelin ! Le petit être joufflu et pansu n’était pas seulement concerné par les hurlements de sa progéniture ! et la mère ne les surveillait même pas ! Et mes souliers neufs qui me torturaient ! Et surtout, cet animal de contrôleur qui s’était avisé que je n’avais pas droit au rapide 404 et me demande un supplément de 85 pièces d’or ! Mais j’étais enfin arrivé.

Et j’ai eu une déception profonde. Je me suis dit : « C’est ça, le patelin de rêve ? Quel trou ! Et dire que Elvenhaven est encore plus isolé ! » Je précise ici que les indigènes ont de sales têtes, avec leur sourire effronté qui est sans doute une moquerie.
Ensuite, un petit être courtaud, le regard torve, s’est approché de moi Il est gobelin, et a été adopté par ma tante, d’où son physique disgracieux.. En plus, il ne parle pas l’elfique, seulement la langue des signes.

-Ce brave cousin Antoine !
-…
-Pas si fort, voyons, je ne suis pas aveugle !
-...
-Comment ? Toute la famille a voulu venir ici pour les vacances ? Mes vingts oncles et tantes ? Avec toute leur famille aussi ? Je dois loger à l’auberge ? Mais ça n’est pas du jeu, ça ! On prévient, dans ce cas !
-…
-La lettre est partie, elle a dû s’égarer ? Oui, c’est sûr, l’Adragonpostale se f**** du contribuable…
-…
-On fera une excursion magnifique sur le sentier côtier demain ? Bien ! Cela me consolera des désagréments du voyage…

Le lendemain, je n’ai certes pas été déçu.

Qu’elle était belle, cette excursion ! Si j’avais su que le sentier côtier passait par des falaises ! Les rochers, et cette eau, on les voyait de chez soi, sans fatigue ! Inutile de venir les chercher là ! Tout aurait été bien, encore, si Hernolf, qui s’était pas gavé de confitures en passant à l’auberge, n’avait pas dégurgité le surplus sur mon chapeau lors de la deuxième halte ! et si Trinitriel n’avait pas laissé la moitié de sa robe dans les ronces, et si cet air frais et vif qu’on nomme marin ne m’avait pas douloureusement averti que j’ai la gorge délicate.

Et l’arrivée à la mer, quelle désillusion ! c’était cela, l’Océan Ménarien ? Cette grande tache grisâtre qui s’étale sur l’horizon ? Ce grand lac où l’eau est affreusement salée, qui pique la gorge et les yeux si l’on a le malheur de tomber dedans alors que l’on éternuait? Et la plage ! Du vilain sable dont un souffleur de verre ne voudrait même pas !
Peut-être aurais-je fini par goûter la poésie du lieu, si en installant mon parasol -malheur !-je n'avais pas réalisé que j’avais oublié de prendre de l’huile, pour me protéger du soleil. A ce propos, pour éviter les coups de soleil, on se trouve certes bien de s’enduire de végétaline rectifiée, mais on se trouve encore mieux de rester chez soi !

Depuis cette excursion, j’ai passé quatre jours excécrables, à tousser et à user mes mouchoirs (de la marque Silkon, soie 100 % naturelle et sans pollen ni polystyrène, fabrication elvenarienne !).
Je ne suis pas sorti de l’auberge. Le cousin Stiffir y loge aussi, et il a lui aussi pris froid. Je me suis toujours très bien entendu avec lui. De trois ans mon aîné, il a un caractère semblable au mien, quoique plus acariâtre.

Hier soir, comme sa fiancée nous proposait de sortir nous promener dans le Parc de Venar, il a répondu sèchement :
-Passe-moi le parc ! Deux mètres carrés de vilaine herbe ! Et puis, je n’ai aucune envie d’être dévoré par les moustiques !
Elle a demandé s’il avait alors l’envie d’aller à la Lanterne Magique voir ce que l’on projetait. Il a été cinglant :
-Merci bien ! Toujours des âneries, on a beau avoir l’âme candide, on finit par se lasser !
-Tu ne voudrais pas entendre un concert ?
-Heu… L’orphéon des Gobelins sociaux d’Orcastère-sur-l’eau, très peu pour moi. Tu y tiens vraiment?
-Le théâtre, alors ?
-Mais enfin, tu oublies qu’on est à Aquaponil ! Parler de théâtre à Aquaponil, c’est discuter couleurs dans un tunnel !
Elle a fini par renoncer à le faire sortir.

Si vous souhaitez connaître l’étendue de ma malchance, jugez en par ma correspondance estivale.

Voici la lettre de mon collègue de rédaction, le nain :

Mon très cher ami à longues oreilles,
Depuis quelques jours, nous sommes partis à la montagne, chez le cousin Aiglonur. Il fait très beau là haut, je suis heureux de revoir tous mes amis. Je pense bien à toi, petit veinard qui doit être bien heureux d’avoir une seconde semaine de vacances alors que je dois reprendre mon travail à la mine dans deux jours! N'oublie pas d'écrire ta chronique pour le journal, tu sais que c'est important pour le moral des collègues!
Ton ami Mendalfur.


Et moi j’ai répondu :

Mon très cher demi-portion,
Je t’écris depuis Aquaponil, le petit village où je passe mes vacances au bord de l’Océan Ménarien, et avec toute ma famille. Oui, j’ai bien dit “toute”, hélas! Plus d’une soixantaine de parents, d’enfants, petits-cousins, cousins, de...: c’est tout bonnement invivable! De plus, j’ai logé à l’auberge alors que ce n’était pas prévu et j’ai failli avoir une syncope en voyant combien on me demandait pour mon séjour. J’ai attrapé froid lors de notre première sortie, et depuis, ils ne cessent de m’envoyer les nourrissons à garder, et je suis toute la journée environné de pleurs, de cris stridents... Je trouve enfin un moment de calme pour te remercier de ta lettre. Continue à m’écrire je t’en prie. Cela me fait bien plaisir. Ma chronique est en cours de rédaction.


Oui, dès que l’on rencontre des problèmes, tout semble aller à merveille pour tout le monde, sauf pour nous ! Dire que j’ai encore dix jours à passer ici !

Enfin, quelles vacances ! Je vais rentrer sans un sou, malade, plein de rancœur contre tout et tous… Je m’en souviendrai, de ce « beau voyage » Quoique, en cela comme en toute chose, l’expérience n’instruit guère : pour me consoler d’avoir manqué mes vacances de cette année, je me dis déjà : « Viennent celles de l’année prochaine, et cela ne se passera pas comme cela ! »

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Ce document a été trouvé en 670 après Submill par Yraltus le Sage, et a été traduit par lui. L’éditeur n’est pas responsable des erreurs qui pourraient s’être glissées dans l’original.

Pièce d’archive historique, ce carnet, où un elfe d’une vingtaine d’années narre le déroulement de son séjour près d’Elvenhaven, probablement pour l’instruction des générations futures sur sa vie passée, a été sorti spécialement pour ce concours. En raison de sa valeur inestimable, merci de ne pas mouiller son index pour tourner les pages. Mettez d’abord des gants prévus à cet effet.

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  • Autres textes (gages et autres vers de mirliton)
Gage de Lélia-Caramel rendu le 15/12/17
-10 vers minimum
-Rimes obligatoires sous le modèle suivant :
ABCD ABCD ABCD
-Les mots suivants : Froid, Glaçon, frigo, Dora, Beauty, République démocratique du Congo
-14 syllabes par vers.
Voilà qu’il vente et qu’il neige et qu’il gèle à fendre pierre.
Si en République démocratique du Congo
Il me prenait l’envie de partir et de m’installer
Je trouverais sans nul doute un climat bien plus chaud.


L’hiver tombe sur le monde, glaçon blanc dans la bière,
Froid et lourd sur un fond amer au sortir du frigo.
Le ciel a les teintes des yeux d’acier dur et gelés
D’une Beauty qui songe au sanglant accueil d’un nouveau.


Le vent et les flocons n’effacent pas les pluies d’hier,
Mais la douceur de la neige arrête du moins leur flot.
Le soleil d’hiver s’est levé et commence à briller
Sur les vestiges des étés qu’il dora sous les eaux...


Merci à ceux et celles qui liront ces lignes. :up: Commentaires et critiques sont appréciés !
 
Dernière édition par un modérateur :

DeletedUser51867

Guest
Alors là chapeau ! Faut que je fasse un tour aussi ici mais regarder des images c'est moins long que lire... mais quel dommage de passer à côté !
Autant mes bidouilles graphiques je me plais à les montrer et les partager mais mes écrits je n'ai pas du tout tant de talent.
 

Thorswall

Navigateur
Alors là chapeau ! Faut que je fasse un tour aussi ici mais regarder des images c'est moins long que lire... mais quel dommage de passer à côté !
Autant mes bidouilles graphiques je me plais à les montrer et les partager mais mes écrits je n'ai pas du tout tant de talent.

hihihi moi non plus pour ça que je n'avais rien dit, ^^ mais (j'aime bien mon écossais (Duncan) ) je sais qu'il sera être très bon car je sens les ailes lui pousser par tout les talents qui existent ici et que ça ne peut que booster ce qu'il sait faire de mieux : écrire
Impatient que je suis de voir une collaboration : Graphiste/écrivain (je lance ça, heuuu je dis rien :-p )
 

DeletedUser41403

Guest
Pour ce qui est d'écrire, j'ai toujours de multiples stimulants^^ je rp toujours et je me suis remis à un petit projet personnel
Mais avant que j'ose présenter mes gribouillages de graphs, de l'eau coulera sous les ponts... J'irai pas jusqu'à dire que je suis mauvais mais pas spécialement bon...

@Thorswall , tu as raison, je n'ai tenté qu'une seule fois une collaboration graphisme/ écrit qui n'a duré que le temps d'un gage, et j'adorerai recommencer avec des artistes qui ont le talent que j'ai pu voir !
 

Kristillera

Forgeur d'Or
Je m'installe et je savoure... :-) tu as énormément de talent Duncan. !

"... Tes mots sont l'écho d'une âme heureuse
Tes paroles coulent comme le miel
Ton rire résonne, clochette joyeuse
Ton regard reflète le ciel!..."

ma soeur a encore frappé :confused: :-D:-D

30279.gif
 

DeletedUser33392

Guest
Spoiler: Spleen... J’ai longtemps erré seul sur les chemins mal pavés,
Foulé la terre aride et les sentiers gelés.
Je ne demeurais pas sous les toits délavés,
Je m’échappais toujours comme l’oiseau ailé.

Quel improbable Graal me tenait éveillé,
Aux soirs d’étape, couché sous la ramée ?
Un rêve intense et fou hantait mes tristes veillées,
L’obsédante quête de l’être unique aimé.

Enfin je l’ai conquise à l’issue de ma quête,
Fantasme de femme que je guettais toujours,
Devenue bien réelle – et pourtant je m’inquiète.

Je me trouvais indigne de son amour :
Bien trop pâle reflet dans une eau noire et trouble,
Disloquée, mon âme est si loin d’être son double.
tous écrits sous la contrainte :rolleyes:
la contrainte te va bien ..
:oops: Gros Bisous Mon Fantôme
 

Amaroke

Comte
Bonjour, au vu de l'inactivité de cette discussion et l'auteur ayant disparu, je la ferme et l'archive.
 
Statut
N'est pas ouverte pour d'autres réponses.
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