• Événement Anniversaire 2024

    Joyeux anniversaire ! Notre équipe de scientifiques vous attend pour repartir à l'aventure dans notre nouvelle édition de l'évènement d'anniversaire !

    L'événement débute le 2 Avril et se poursuivra jusqu'au 23 ! Pour plus de détails, vous pouvez cliquer ici !
  • Événement Avril 2024 - Cot Cot Codeccc

    Forgiennes et Forgiens,
    Il est l'heure de participer à notre tout nouvel événement forum : Cot Cot Codeccc !
    Pour en savoir plus, vous pouvez cliquer ici.
  • Mise à jour 1.281

    La mise à jour 1.281 aura lieu le mercredi 24 avril ! Comme d'habitude, il y aura une courte interruption des serveurs pendant la mise à jour et nous vous prions de nous excuser pour ce petit désagrément.
    Pour une description détaillée des changements à venir, veuillez cliquer ici.

Mon salon, une nouvelle

  • Auteur de la discussion DeletedUser57601
  • Date de début
Statut
N'est pas ouverte pour d'autres réponses.

DeletedUser57601

Guest
Bonjour,

J'ai pas l'habitude d'écrire mais dans le cadre d'un concours organiser par mon ancienne école, j'avais écris une nouvelle.
Je vous la partage ici même :)

Merci à vous et bonne lecture !
 

DeletedUser57601

Guest
Demain, j’irai sur le pont

Il est huit heures du matin. Je le sais parce que mon réveil est en train de sonner. Je sais aussi que je suis bête parce qu’on est dimanche et que j’ai oublié de le désactiver.

Que fait une personne normalement constituée quand son réveil la tire du sommeil de manière impromptue ? Elle laisse la mélodie stridente l’assaillir sans bouger un muscle. Autrement dit, elle n’a pas le courage de tendre le bras pour l’éteindre et arrêter ce supplice.

D’ailleurs, qu’est-ce qui m’a pris de choisir cette bande-originale de film pour me réveiller ? Sûrement parce que l’intonation épique et les inflexions orientales me donnent l’illusion d’être l’être le plus séduisant du monde qui se réveille dans une quelconque contrée exotique aux côtés de divines créatures à la peau caramel et aux yeux d’émeraude ...

Je regarde autour de moi. Quelques cartons de pizzas, un cendrier plein, une table basse encombrée de jeux vidéo et de cadavres de bière. Un appartement de célibataire en somme. Je suis encore loin du réveil voluptueux que laissait présager ma sonnerie de réveil ...

Je me décide enfin à me lever avec, il faut bien l’avouer, peu d’entrain. Ma couverture glisse mollement sur le sol et mes membres engourdis s’animent. J’extrais difficilement mon corps courbaturé du lit et observe avec détachement les plis du drap s’atténuer progressivement de mes cuisses. D’un pas lourd, je me dirige vers la cuisine où une montagne de vaisselle hostile et répugnante se dresse devant mes yeux ensommeillés. J’allume la radio et écoute nonchalamment les mauvaises nouvelles que l’engin crachote péniblement. Tandis que ma bouilloire s’escrimait à faire chauffer de l’eau, je toisais le Golden Gate Bridge qui s’érigeait fièrement devant ma fenêtre. Tel un paon, il déployait ses câbles d’acier et sa hauteur insolente semblait défier le ciel. Cela fait presque 80 ans qu’il est construit mais je n’ai encore jamais mis les pieds dessus. Le fait qu’il me bouche la vue depuis que j’ai emménagé dans cet appartement a complètement désacralisé le fait qu’il fasse parti des sept merveilles du monde. A mon sens, c’est juste un pont. Un pont orange ... et très agaçant. Il me toisait lui aussi, de toute sa hauteur. Il avait l’air de me narguer. « J’ai vu des millions de personnes depuis ma naissance tu sais ! J’ai permis de relier la baie de San Francisco au Comté du Marin, admirable n’est-ce pas ? Je mesure presque trois kilomètres de longueur et plus de 200 mètres de hauteur, cela fait de moi un pont imposant et robuste. C’est d’ailleurs pour cela que j’attire des touristes du monde entier. Et puis, le orange n’a jamais été aussi bien porté ne trouves-tu pas ? Et toi, qu’as-tu fait d’admirable dans ta vie ? Qui as-tu rencontré ? Crois-tu avoir fière allure dans ton vieux tee-shirt siglé d’un pathétique Homer Simpson ? Est-ce avec un tel accoutrement que tu penses attirer les touristes ? » Semblait-il me lancer, impassible et goguenard.

Le sifflement strident de la bouilloire me tira brutalement de mes pensées. Alors que je versais l’eau dans une tasse à priori propre, je m’interrogeais sérieusement. Pourquoi est-ce que je m’obstinais à garder cette bouilloire ? En plus de son manque d’esthétisme dû au cuivre défraichi, elle siffle et met du temps à faire chauffer l’eau. C’est Eve qui l’avait trouvée lors de ses fameux « après-midi chinage » entre copines. J’aimais beaucoup Eve. Elle avait des taches de rousseur dans le creux de l’aine, de minuscules dents éclatantes et une chevelure brune indomptable. Elle lisait d’énormes livres ennuyeux sur la psychologie et peignait des tableaux d’art contemporain. On riait beaucoup, faisions tout le temps l’amour et encore plus souvent la guerre. Elle m’a remplacé par un grand homme, très sérieux, tout en costume et décapotable. Lui n’a pas de tee-shirt Homer Simpson, c’est certain.
 

DeletedUser57601

Guest
Je jette un rapide coup d’œil à l’horloge murale. 9h24. Elle va bientôt arriver.

Je me poste une nouvelle fois devant la fenêtre, mon café brûlant à la main, le regard avide et les yeux écarquillés. Mon cœur bat à tout rompre. Je me répète inlassablement « Elle va arriver, Elle va arriver, Elle va arriver... ». J’aimerais arrêter ce rituel, j’aimerais être complètement imperturbable devant Elle, ses robes, son vélo, ses fossettes, ses longs cheveux ... Je ressemble à un enfant la veille de Noël, à une hystérique le jour des soldes, à un junkie qui fait chauffer sa cuillère. Ridicule. Mais c’est plus fort que moi. Tel un prépubère fantasmant sur une starlette siliconée de téléréalité, je suis sensible à l’envie d’une femme inaccessible, d’un corps insaisissable ... 9h25. Je regarde défiler les secondes. J’ai peur de la manquer. Je reprends mon poste devant la fenêtre. 9h26. Je bois une gorgée de café. Je me brûle. Rien à foutre. 9h27. Les secondes s’étirent, languissantes, douloureuses, excitantes.

9h28. Elle arrive. Mon crâne explose. Feu d’artifice. Gaité. Voyeurisme. Comme dans un songe, je la regarde passer, inlassablement, ivre d’admiration, dingue de désir, incapable de bouger ni de détacher mon regard de cette vision enchanteresse. Encore sur son vélo. Encore les cheveux au vent. Encore en robe. Toujours magnifique. Depuis le premier jour, je me demande où elle va, tous les matins, à califourchon sur son vélo. Est-elle directrice d’un établissement scolaire ? Rédactrice en chef d’un magazine de mode ? Bénévole dans une association ? Fleuriste ? Pompier ? Vétérinaire ? Astronaute ? Actrice pornographique ? Je me laisse aller à mes fantasmes. J’imagine sa peau claire, ses mains douces caressant mes épaules, ses cheveux fins se nicher dans le creux de mon épaule. J’imagine son ventre reluisant de sueur, ses yeux plongés dans les miens, ses cuisses frémissantes, sa poitrine ferme et ses jambes galbées s’enroulant autour de mes hanches. J’imagine. J’imagine tant et si bien que je la regarde passer sans la voir. J’ai gâché le plus beau moment de ma journée. Son passage éclair sur le pont provoque toujours en moi un profond sentiment d’allégresse suivie d’un profond désespoir.

A la radio, ils passent « Are you gonna be my girl ? » de Jet. Je scrute mon reflet dans la vitre et passe la main dans mes cheveux indisciplinés.

J’entends un imperceptible frôlement. Je tourne la tête vers la porte d’entrée. L’enveloppe blanche est là, impassible, détestable et pourtant, c’est grâce à elle que je gagne ma vie. Je me dirige expressément vers elle et la ramasse rapidement. Je ne me pose pas la question habituelle car aujourd’hui, je sais qui je dois éliminer.

J’ouvre l’enveloppe d’un coup sec. Sans surprise, le nom en fines lettres dorées s’étale devant mes yeux. C’est donc comme cela qu’elle s’appelle ...

Demain, Elle ne passera pas devant ma fenêtre. Demain, son corps enchanteur sera froid et savamment découpé par le soin de mes lames aiguisées. Ce n’est plus à vélo mais dans le coffre de ma voiture qu’elle traversera le pont puis disparaîtra dans un endroit dont j’ai le secret. Demain, Elle ne sera plus.

Une imperceptible larme glisse sur ma joue, mon rouge à lèvre a coulé et les restes de mascaras appliqués généreusement collent mes cils. Je n’ai pas eu le courage de me démaquiller hier soir, ni de prendre ma pilule. Je m’essuie la joue d’un revers de main, agacée par cette marque de faiblesse. Le fait d’être une femme ne m’a jamais posé de problème dans mon métier, bien au contraire. Être tueuse à gage s’avère être bien plus simple que ce que je m’étais imaginée. Il fait beau. On entend « Killer Queen » de Queen à la radio.

Demain, j’irai sur le pont.
 

DeletedUser16895

Guest
C'est extra ! La chute est époustouflante ! mais elle est légèrement contredite par cette phrase du début "Elle m’a remplacé par un grand homme, très sérieux..." si le narrateur est une femme, la formule aurait été différente , par exemple "elle me remplaça" pour conserver l'anonymat du genre ^^
C'est très bien écrit, jusqu'au bout j'ai eu l'impression du narrateur masculin, sans doute à cause des cartons de pizzas et des jeux video (stéréotype, quand tu nous tient !!!)
Bravo bravo !! :up::up:
 
Bonjour nicogt3 :-)
J'ai honte ! Je découvre seulement ce sublime texte alors qu'il date de juillet !
J'espère te revoir bientôt dans ce salon et nous permettre de découvrir d'autres écrits!
Il y a parfois des concours (le prochain est prévu cet été) ! N'hésite pas à y participer ! ;-)
Cordialement.
Show.
 

Amaroke

Comte
Bonjour, au vu de l'inactivité de cette discussion et l'auteur ayant disparu, je la ferme et l'archive.
 
Statut
N'est pas ouverte pour d'autres réponses.
Haut