DeletedUser47234
Guest
Cet événement d'écriture de poème pour cette Saint Valentin 2018 m'a fait "comprendre" qu'il y avait un espace sur le forum dédié à celles et ceux qui ont la fibre littéraire ^^ Donc, j'ai décidé de me lancer: je vais "publier" ici mon "premier" roman, celui que j'ai écrit lorsque j'étais en seconde (j'avais 14 ans quand je l'ai commencé) et pour lequel mon professeur de français me tannait chaque semaine pour avoir un nouveau chapitre!! Oui, il lisait mes écrits et il adorait lol
Donc voilà un premier chapitre. Je ne sais pas si vous pouvez me dire ce que vous en pensez, mais si oui, n'hésitez pas ^^
CHAPITRE 1
Il était près de vingt-deux heures, mais cela ne se voyait pas. Tout le monde pouvait encore apercevoir le soleil danser au niveau de l'horizon brûlant, embrassant le ciel et la mer à la fois. Il avait fait si chaud dans la journée que personne n'avait osé sortir de chez soi avant que la cloche de l'église ne sonne dix-huit heures. Il était infernal en pleine canicule de voir une grande ville comme celle-ci complètement figée, gelée par ce soleil de plomb, faisant souffrir chaque habitant depuis plus d'une semaine déjà. Cela ne s'était jamais vu dans l'histoire. Et apparemment, c'était pareil partout ailleurs.
Et maintenant, il commençait enfin à se coucher pour laisser place à sa cousine la lune. Après de longues heures d'agonie pour la population, celle-ci pouvait à présent respirer plus confortablement et profiter du peu de temps de répit avant le retour de cette sphère brûlante qui dévorait tout sur son passage.
C'était par ce temps que lui aussi sortit de chez lui, habillé très légèrement comme tant d'autres. Il s'était revêtu d'un pantacourt noir et gris, d'un marcel blanc à motif sombre et de chaussures de ville classique. Il empoignait une casquette verte et blanche avec sa main droite, la main gauche étant emmitouflée dans la poche de son pantalon. D'un pas hésitant, il se dirigeait vers la périphérie de la ville en essayant de se frayer un passage à travers la foule immense jonchant les rues. Sorti de cette vague humaine, il regarda autour de lui pour voir où il avait atterri. Après de longues minutes de panique, il retrouva son chemin au travers cette fois des rues désertes de la banlieue. Il semblait nettement plus rassuré, et son pas prenait de plus en plus de vitesse. Il stoppa d'un coup sa course au niveau d'une ruelle. Seule la lumière de l'arrière-cour d'un restaurant huppé venant d'ouvrir il y avait à peine quelques mois de cela, mais excellent d'après les rumeurs, l'éclairait. Elle semblait si sombre et si infâme. On y entendait les rats, les chats et autres animaux des rues se battre pour quelques morceaux de nourriture. L'homme s'engagea alors dans celle-ci, très sûr de lui, faisant fuir les chats dans le fracas des poubelles se frappant les unes aux autres. Il ne sursauta même pas. Il serra un peu plus sa main gauche toujours caché dans la poche de son bermuda, et mit sa casquette de telle sorte qu'on ne pouvait plus voir son visage entièrement. Au fond de la ruelle, plus aucun moyen de sortir. C'était une impasse, mais se trouvait plantée là une petite maison glauque et lugubre, toute crasseuse et branlante. Comment faisait-elle pour tenir debout ainsi? C'était un des mystères que personne n'avait réussi à élucider. Il s'était de nouveau arrêté pour la contempler. Il y avait de la lumière au rez-de-chaussée, mais aucune à l'étage. Les fenêtres étaient toutefois ouvertes au maximum afin d'aérer les pièces, chose que l'on ne pouvait pas faire dans la journée à cause de la chaleur pesante. Dans la cuisine, on pouvait voir une femme s'atteler à faire la vaisselle pendant qu'un homme, son mari, s'occupait de leurs trois enfants dans le minuscule salon-salle à manger. Tous dans le canapé, ils regardaient la télévision avec grande attention. Au vue de l'enthousiasme qu'ils pouvaient tous dégager, il devait à coup sûr y avoir un match de rugby ou de football.
Notre homme baissa la tête et continua son chemin jusqu'au seuil de la porte. Il sonna deux fois.
"une seconde, j'arrive!"
Il vit l'homme se redresser et se lever pour ouvrir tandis que les enfants continuaient à regarder la télévision. Il entendit la clé dans la serrure tourner trois fois, puis la porte grinça.
"Bonsoir!" dit le mari en souriant.
Il ne prit pas la parole mais esquissa un sourire lui aussi en guise de réponse. D'un coup et d'un seul, une énorme éclaboussure rouge repeignit l'entrée du sol au plafond. Aucun bruit, mis à part le fracas sourd du corps inerte du père de famille. Il se vidait de son sang. La mère cria en regardant ce spectacle insoutenable, et se mit à courir vers les enfants, assis sur le canapé. L'homme la rattrapa et la jeta au sol. Elle pleurait tandis que les enfants, en entendant tout ce bruit, s'étaient retournés. Les deux plus jeunes ne savaient pas ce qu'il se passait, mais l'aînée tenta de s'interposer entre sa mère et lui. Lui qui avait tout vu se saisit de la fille par le cou et la suspendit au mur par les mains, un couteau de boucher planté dans ces dernières. Elle hurlait de douleur et se débattait du mieux qu'elle pouvait, pendant que les autres enfants ne bougeaient plus, pétrifiés par la scène. Ils avaient enfin compris ce qu'il se tramait. Il prit un autre couteau, nettement plus fin et se pencha sur la mère, elle aussi tétanisée. Il passa sa main sur sa bouche pour qu'elle ne puisse émettre presque aucun son. Elle ne résistait pas, ou plutôt elle ne résistait plus. Elle se savait perdue. Il fit alors une entaille moyennement profonde au niveau du cou, d'un bout à l'autre. Elle gesticulait de moins en moins, jusqu'à ne plus avoir une once de vie en elle. Il se releva et vit les deux autres enfants recroquevillés sur le canapé, pleurant à chaudes larmes. Il s'empara de la plus jeune, et dans un éclatement de rire il la transperça lentement plusieurs fois au niveau de l'abdomen avant de monter au fur et à mesure vers le haut du torse. Elle criait, hurlait et pleurait encore plus à chaque lame enfoncée. Jusqu'au moment fatidique, ce moment où cette épée blanche entra dans le cœur et coupa sur sa route l'aorte. Elle aussi s'éteignit pendant que l'aînée, toujours suspendue par les mains, se débattait de nouveau en voyant sa douce petite sœur se faire tuer. Trente-six coups de couteau. Voilà ce qu'elle venait d'endurer avant de s'éteindre à jamais. L'homme sourit encore une fois, et la délivra. Pour encore mieux la savourer. Il la prit de ses mains puissantes par le cou, et serra de plus en plus fort. On pouvait entendre ses vertèbres craquer sous son emprise colossal. Rien ne le touchait, il était imperturbable, pas même les cris et les pleurs du cadet des enfants. En fait, le ravisseur riait. Encore plus fort, toujours plus fort. Il en avait enfin fini avec elle. Il s'approcha alors de sa prochaine victime, la dernière. Celle-ci, dans un élan de courage, ou plutôt d'imprudence, regarda son bourreau droit dans les yeux, s'arrêta de pleurer, et ne bougea plus, figée. Elle ne tremblait plus. Et lui ne riait plus. Il la regardait comme elle l'avait fait auparavant. Elle ne semblait plus avoir peur de lui. Les bras de l'homme tombèrent et il lâcha le couteau qu'il tenait. Il s'accroupit lentement et trempa son doigt dans la mare de sang de la mère, puis se dirigea vers la cheminée avant décrire quelque chose avec. Il partit ainsi en courant. La petite l'observait s'enfuir par la fenêtre du salon, puis se tourna vers les corps sans vie de sa famille avant de s'effondrer au sol.
Je me réveillai ainsi et me redressai dans mon lit, de grosses gouttes de sueurs froides coulaient depuis mon front brûlant jusqu'à la base de mon cou. Ma respiration s'enfuyait et je ne parvenais pas à reprendre mon souffle. Rien que de penser à ce que faisait cet homme me donnait la nausée. Cela avait beau ne pas être le premier rêve de ce genre que je faisais, j'avais toujours cette même impression. Tous les mois j'en faisais un, presque toujours le même avec des personnages différents, toujours le scénario identique. Sauf cette fois-ci. Il en avait épargné un. Cela n'était pas dans ses habitudes de laisser un témoin de ses massacres. Il fallait se ressaisir et penser à autre chose. Je regardai l'heure indiquée sur le réveil. Presque neuf heures. L'heure à laquelle je devais me réveiller pour me préparer à partir travailler. Il fallait d'abord que je puisse sortir de mon lit. Je sentais l'eau s'accumuler dans les draps. Je me levai doucement afin d'éviter tout mouvement brusque et ouvris les rideaux, mais la lumière m'aveugla quelques secondes. Je fis de même avec la fenêtre pour laisser pénétrer l'air chaud de juillet dans la pièce. Je devais prendre une douche pour me remettre les idées en place. Je sortis de la chambre pour me diriger vers la salle de bain. Je pris une serviette propre dans l'armoire, puis laissa couler l'eau chaude sur mon corps, les yeux fermés. Dix minutes plus tard, j'étais dans la même position, immobile sous la paume de douche, à repenser à tout cela. Il fallait sortir de cet endroit et ce le plus vite possible. Je sortis, enroulai la serviette autour de ma taille et essuyai le miroir en face de moi. Je revoyais cet homme, mais quand je frappais le miroir, la figure changeait. Elle redevenait moi. Je suis cet homme, et cela me terrifie. Savoir qu'il est bien plus fort que moi. Trois ans que mon équipe traquait cet homme, sans savoir qui il était. Trois ans de crimes abominables. Trois ans que ce salopard nous échappait. Il était maintenant neuf heures et demi passé, et je restais là à ne plus bouger en plein milieu du couloir menant à la chambre. Je n'avais pas encore réussi à me remettre de mes émotions. Il fallut que mon portable sonne pour enfin réagir. J'étais en retard au travail. Je m'habillai donc pour partir sans prendre de petit déjeuner, je n'avais pas faim. Ou plutôt si, mais je savais que je ne pourrais rien manger sans avoir des nausées. Heureusement, je n'habitais non loin du lieu de travail, et aujourd'hui, c'était la tournée de Nathanaëlle. Nathanaëlle était le chef du département de surveillance de la brigade quarante-six. Elle était à la fois douce et sévère. Ses cheveux châtain étaient d'une beauté inégalable. Je pouvais les contempler des heures durant. Dommage que ma douce navait pas ces cheveux-là. Parfois, elle me surprenait à les admirer, quand ils volaient près du ventilateur du couloir. Ses yeux émeraudes étaient tout aussi remarquables. J'étais certain qu'ils faisaient tomber de nombreux mecs avec ce tour. Mais ce qu'on ne comprenait pas dans le département, c'était de savoir comment elle se débrouillait pour ne pas avoir de petit ami. Ses un mètre quatre-vingt gênaient pour certains, pour d'autres c'était sa grande intelligence "pour une fille". Autrement c'était elle qui ne les trouvait pas à son goût. La belle plante n'a pas encore trouvé son pot comme on dit. On trouvait cela surprenant et triste.
"Bonjour Vincent! Dis-donc ça ne va pas? Tu es tout blanc!"
J'étais à peine arrivé au bureau que déjà des policiers chargée de la surveillance de la brigade quarante-six me fouillaient. C'était la règle depuis que ce psychopathe faisait cela.
"Bonjour Nathanaëlle. Désolé mais je n'ai pas mangé, j'ai eu envie de vomir ce matin.
-C'est pour cela ton retard?
-On peut dire cela. Cara est déjà montée?
-Oui, il y a environ une heure.
-Au fait, ce n'est pas un travail pour toi ça!! lui dis-je en rigolant.
-Je sais mais regarde le tien! C'est le pire d'entre tous: tu entres sur les scènes de crime, tu réconfortes les victimes... Je n'aimerais pas être à ta place! Je crois que je me mettrais à pleurer comme les victimes.
-Je sais. Mais avec le temps on s'y habitue tu sais... Alors que toi, tu feras toujours la même chose, nous au département, on change toujours de meurtrier avec un profil différent de victimes, etc...C'est même très intéressant, tu sais.
-C'est ennuyeux à souhait! Allez, file avant que je change d'avis et que je te coffre!
-Tu n'oserais pas, si?"
J'avais discuté longuement avec certains de mes collègues, et je me dirigeais vers le tas de paperasse amoncelé sur bureau que déjà mon supérieur me tombait dessus. C'était ma jolie fleur, Cara, chef du département meurtre en série. Elle avait toujours peur pour moi, mais elle ne voulait jamais me dire pourquoi. Elle me protégeait comme un enfant. Elle me voyait comme quelqu'un à protéger.
"Bonjour Vincent! Tu as bien dormi?
-Bonjour chérie.
-Chut! me lança-t-elle. Pas ici, tu le sais très bien!"
C'était vrai, personne ne le savait et ne devait le savoir. C'était contre le règlement. En plus, Cara était ma supérieure. Mais elle était si... resplendissante. Une chevelure blonde cendrée méchée de blond vénitien naturel. Des yeux bleus foncés, à la limite du bleu-nuit. Elle aussi était une belle plante et j'étais content d'être le vase qu'elle avait choisi. Mais un papier qu'elle tenait sans sa main m'interpella.
"Tiens, tu as un portrait robot? Je croyais qu'il n'y avait pas de témoin.
-Oui, m'annonça-t-elle. D'après les données que l'on a, notre homme mesurerait environ une mètre soixante-quinze et pèserait près de soixante kilos. Il aurait à chaque fois de la barbe, mais on ne peut pas vraiment identifier le haut de son visage puisqu'il porte en permanence une capuche. Donc voilà le portrait".
Il était brun avec une queue de cheval, une cicatrice sous l’œil gauche, de la barbe, le visage allongé, les yeux noisettes, un type presque ordinaire comme on dit.
"Dis, Cara. J'ai fais un cauchemar cette nuit. Encore une fois.
-Le faucheur?
-Je ne sais pas. En fait, la trame du meurtre on dirait lui, mais le meurtre, on aurait dit que ce n'était pas lui. Cette fois, je le vois attaquer une famille de trois enfants, alors qu'avant il y en avait deux.
-Il est peut-être passé à la vitesse supérieure.
-Il a recommencé!"
Surpris, Cara et moi nous étions retournés et nous vîmes Sébastian, un bleu du département courir vers nous. Il s'arrêta essoufflé, un dossier à la main.
"Il a recommencé. Hier soir, nous dit-il.
-Tu es sûr que c'est lui? rétorquai-je.
-Cela y ressemble, continua-t-il en ouvrant le dossier. Une famille de trois enfants, leurs parents, décimée. Tous tués au couteau, expliqua-t-il pendant qu'il nous montrait les photos des victimes. Mais il y a des choses qui nous surprennent encore. Il a, semble-t-il, changé de mode opératoire. Sergent, vous qui êtes le spécialiste de cette affaire, il n'y a que vous qui puissiez dire si c'est bien lui ou non.
-Il a changé de mode opératoire? Dis-je en faisant semblant d'être étonné. Il faut que je vois cela au plus vite".
Cara et moi, nous nous regardions dans le blanc des yeux, estomaqués. Ce que je redoutais le plus était arrivé: il avait tué une autre famille, et pour elle il était passé à la vitesse supérieure. Ou alors il y aurait quelqu'un d'autre qui ferait la même chose que lui? Mais dans ce cas, pourquoi aurai-je aussi un lien avec lui? Pourquoi je rêverais de ces meurtres?
Dix heures trente. Cara, Sébastian et moi étions arrivés sur le lieu du crime. La maison était dans le fond d'une impasse et complètement isolée des autres maisons des environs. Il faisait cela pour éviter de se faire repérer rapidement, afin d'agir à sa guise et partir comme bon lui semble. C'était ce que faisait "le faucheur" avant, mais là... C'était comme s'il cherchait quelque chose ou quelqu'un pour attirer l'attention sur lui.
"Si c'est bien lui il a carrément changé de mode opératoire en s'attaquant à un quartier fréquenté.
-Oui, mais nous sommes tout de même dans une impasse, isolés de tout".
En entrant dans cette laborieuse demeure, les murs étaient peints de sang, le sang du père, gisant dans l'entrée. En regardant vers la droite, on pouvait voir le corps de la mère, vers la gauche ceux des deux enfants, deux filles. En face de l'entrée, une petite fille pleurait et me fixait. Elle ne savait sûrement rien de celui qui venait de détruire sa vie. Je venais de remarquer que sur le mur de la maudite cheminée était marqué quelque chose: je te vois. Marqué au sang. Rien qu'en observant les détails de la scène je pouvais me projeter son image: il faisait la même taille que moi à peu de chose près.
"Alors Sandra? Qu'est-ce qu'on a?
-Sophia, Martin, Marie et Morgane McCoylan. Le père, la mère et deux des enfants, tous tués au couteau, sauf l'aînée et la cadette. La première est morte étranglée et la deuxième est vivante, et là-bas, Aliyah McCoylan, six ans depuis quelques jours. Sympathique comme cadeau d'anniversaire. Ils sont morts cette nuit vers vingt-deux heures trente. C'est la nourrice qui a découvert les corps et Aliyah qui était inerte dans le sang de sa mère. Elle n'a pas arrêté de sangloter depuis le meurtre apparemment. On a beau faire tout ce qu'il faut pour qu'elle nous parle, mais rien n'y a fait".
La petite pleurait toujours et me fixait encore plus que quand je suis rentré dans la maison. Lorsque j'entrai dans la même pièce, elle continuait de m'observer. Et quand je me suis approché d'elle et que je me suis accroupi pour lui parler, celle-ci me sauta au cou. Ne sachant pas quoi faire, je l'entrelaçai de mes bras pour la rassurer. Ses pleurs avaient diminué un peu.
"On va retrouver celui qui t'a fait cela je te le promets".
D'un coup, elle me regarda droit dans les yeux, humidifiés par ses larmes.
"Tu me le promets, monsieur?
-Oui c'est promis. Il ira là où il ne pourra plus faire de mal à personne".
Il fallait arrêter ce massacre pour de bon. Que fallait-il faire?
Donc voilà un premier chapitre. Je ne sais pas si vous pouvez me dire ce que vous en pensez, mais si oui, n'hésitez pas ^^
CHAPITRE 1
Il était près de vingt-deux heures, mais cela ne se voyait pas. Tout le monde pouvait encore apercevoir le soleil danser au niveau de l'horizon brûlant, embrassant le ciel et la mer à la fois. Il avait fait si chaud dans la journée que personne n'avait osé sortir de chez soi avant que la cloche de l'église ne sonne dix-huit heures. Il était infernal en pleine canicule de voir une grande ville comme celle-ci complètement figée, gelée par ce soleil de plomb, faisant souffrir chaque habitant depuis plus d'une semaine déjà. Cela ne s'était jamais vu dans l'histoire. Et apparemment, c'était pareil partout ailleurs.
Et maintenant, il commençait enfin à se coucher pour laisser place à sa cousine la lune. Après de longues heures d'agonie pour la population, celle-ci pouvait à présent respirer plus confortablement et profiter du peu de temps de répit avant le retour de cette sphère brûlante qui dévorait tout sur son passage.
C'était par ce temps que lui aussi sortit de chez lui, habillé très légèrement comme tant d'autres. Il s'était revêtu d'un pantacourt noir et gris, d'un marcel blanc à motif sombre et de chaussures de ville classique. Il empoignait une casquette verte et blanche avec sa main droite, la main gauche étant emmitouflée dans la poche de son pantalon. D'un pas hésitant, il se dirigeait vers la périphérie de la ville en essayant de se frayer un passage à travers la foule immense jonchant les rues. Sorti de cette vague humaine, il regarda autour de lui pour voir où il avait atterri. Après de longues minutes de panique, il retrouva son chemin au travers cette fois des rues désertes de la banlieue. Il semblait nettement plus rassuré, et son pas prenait de plus en plus de vitesse. Il stoppa d'un coup sa course au niveau d'une ruelle. Seule la lumière de l'arrière-cour d'un restaurant huppé venant d'ouvrir il y avait à peine quelques mois de cela, mais excellent d'après les rumeurs, l'éclairait. Elle semblait si sombre et si infâme. On y entendait les rats, les chats et autres animaux des rues se battre pour quelques morceaux de nourriture. L'homme s'engagea alors dans celle-ci, très sûr de lui, faisant fuir les chats dans le fracas des poubelles se frappant les unes aux autres. Il ne sursauta même pas. Il serra un peu plus sa main gauche toujours caché dans la poche de son bermuda, et mit sa casquette de telle sorte qu'on ne pouvait plus voir son visage entièrement. Au fond de la ruelle, plus aucun moyen de sortir. C'était une impasse, mais se trouvait plantée là une petite maison glauque et lugubre, toute crasseuse et branlante. Comment faisait-elle pour tenir debout ainsi? C'était un des mystères que personne n'avait réussi à élucider. Il s'était de nouveau arrêté pour la contempler. Il y avait de la lumière au rez-de-chaussée, mais aucune à l'étage. Les fenêtres étaient toutefois ouvertes au maximum afin d'aérer les pièces, chose que l'on ne pouvait pas faire dans la journée à cause de la chaleur pesante. Dans la cuisine, on pouvait voir une femme s'atteler à faire la vaisselle pendant qu'un homme, son mari, s'occupait de leurs trois enfants dans le minuscule salon-salle à manger. Tous dans le canapé, ils regardaient la télévision avec grande attention. Au vue de l'enthousiasme qu'ils pouvaient tous dégager, il devait à coup sûr y avoir un match de rugby ou de football.
Notre homme baissa la tête et continua son chemin jusqu'au seuil de la porte. Il sonna deux fois.
"une seconde, j'arrive!"
Il vit l'homme se redresser et se lever pour ouvrir tandis que les enfants continuaient à regarder la télévision. Il entendit la clé dans la serrure tourner trois fois, puis la porte grinça.
"Bonsoir!" dit le mari en souriant.
Il ne prit pas la parole mais esquissa un sourire lui aussi en guise de réponse. D'un coup et d'un seul, une énorme éclaboussure rouge repeignit l'entrée du sol au plafond. Aucun bruit, mis à part le fracas sourd du corps inerte du père de famille. Il se vidait de son sang. La mère cria en regardant ce spectacle insoutenable, et se mit à courir vers les enfants, assis sur le canapé. L'homme la rattrapa et la jeta au sol. Elle pleurait tandis que les enfants, en entendant tout ce bruit, s'étaient retournés. Les deux plus jeunes ne savaient pas ce qu'il se passait, mais l'aînée tenta de s'interposer entre sa mère et lui. Lui qui avait tout vu se saisit de la fille par le cou et la suspendit au mur par les mains, un couteau de boucher planté dans ces dernières. Elle hurlait de douleur et se débattait du mieux qu'elle pouvait, pendant que les autres enfants ne bougeaient plus, pétrifiés par la scène. Ils avaient enfin compris ce qu'il se tramait. Il prit un autre couteau, nettement plus fin et se pencha sur la mère, elle aussi tétanisée. Il passa sa main sur sa bouche pour qu'elle ne puisse émettre presque aucun son. Elle ne résistait pas, ou plutôt elle ne résistait plus. Elle se savait perdue. Il fit alors une entaille moyennement profonde au niveau du cou, d'un bout à l'autre. Elle gesticulait de moins en moins, jusqu'à ne plus avoir une once de vie en elle. Il se releva et vit les deux autres enfants recroquevillés sur le canapé, pleurant à chaudes larmes. Il s'empara de la plus jeune, et dans un éclatement de rire il la transperça lentement plusieurs fois au niveau de l'abdomen avant de monter au fur et à mesure vers le haut du torse. Elle criait, hurlait et pleurait encore plus à chaque lame enfoncée. Jusqu'au moment fatidique, ce moment où cette épée blanche entra dans le cœur et coupa sur sa route l'aorte. Elle aussi s'éteignit pendant que l'aînée, toujours suspendue par les mains, se débattait de nouveau en voyant sa douce petite sœur se faire tuer. Trente-six coups de couteau. Voilà ce qu'elle venait d'endurer avant de s'éteindre à jamais. L'homme sourit encore une fois, et la délivra. Pour encore mieux la savourer. Il la prit de ses mains puissantes par le cou, et serra de plus en plus fort. On pouvait entendre ses vertèbres craquer sous son emprise colossal. Rien ne le touchait, il était imperturbable, pas même les cris et les pleurs du cadet des enfants. En fait, le ravisseur riait. Encore plus fort, toujours plus fort. Il en avait enfin fini avec elle. Il s'approcha alors de sa prochaine victime, la dernière. Celle-ci, dans un élan de courage, ou plutôt d'imprudence, regarda son bourreau droit dans les yeux, s'arrêta de pleurer, et ne bougea plus, figée. Elle ne tremblait plus. Et lui ne riait plus. Il la regardait comme elle l'avait fait auparavant. Elle ne semblait plus avoir peur de lui. Les bras de l'homme tombèrent et il lâcha le couteau qu'il tenait. Il s'accroupit lentement et trempa son doigt dans la mare de sang de la mère, puis se dirigea vers la cheminée avant décrire quelque chose avec. Il partit ainsi en courant. La petite l'observait s'enfuir par la fenêtre du salon, puis se tourna vers les corps sans vie de sa famille avant de s'effondrer au sol.
Je me réveillai ainsi et me redressai dans mon lit, de grosses gouttes de sueurs froides coulaient depuis mon front brûlant jusqu'à la base de mon cou. Ma respiration s'enfuyait et je ne parvenais pas à reprendre mon souffle. Rien que de penser à ce que faisait cet homme me donnait la nausée. Cela avait beau ne pas être le premier rêve de ce genre que je faisais, j'avais toujours cette même impression. Tous les mois j'en faisais un, presque toujours le même avec des personnages différents, toujours le scénario identique. Sauf cette fois-ci. Il en avait épargné un. Cela n'était pas dans ses habitudes de laisser un témoin de ses massacres. Il fallait se ressaisir et penser à autre chose. Je regardai l'heure indiquée sur le réveil. Presque neuf heures. L'heure à laquelle je devais me réveiller pour me préparer à partir travailler. Il fallait d'abord que je puisse sortir de mon lit. Je sentais l'eau s'accumuler dans les draps. Je me levai doucement afin d'éviter tout mouvement brusque et ouvris les rideaux, mais la lumière m'aveugla quelques secondes. Je fis de même avec la fenêtre pour laisser pénétrer l'air chaud de juillet dans la pièce. Je devais prendre une douche pour me remettre les idées en place. Je sortis de la chambre pour me diriger vers la salle de bain. Je pris une serviette propre dans l'armoire, puis laissa couler l'eau chaude sur mon corps, les yeux fermés. Dix minutes plus tard, j'étais dans la même position, immobile sous la paume de douche, à repenser à tout cela. Il fallait sortir de cet endroit et ce le plus vite possible. Je sortis, enroulai la serviette autour de ma taille et essuyai le miroir en face de moi. Je revoyais cet homme, mais quand je frappais le miroir, la figure changeait. Elle redevenait moi. Je suis cet homme, et cela me terrifie. Savoir qu'il est bien plus fort que moi. Trois ans que mon équipe traquait cet homme, sans savoir qui il était. Trois ans de crimes abominables. Trois ans que ce salopard nous échappait. Il était maintenant neuf heures et demi passé, et je restais là à ne plus bouger en plein milieu du couloir menant à la chambre. Je n'avais pas encore réussi à me remettre de mes émotions. Il fallut que mon portable sonne pour enfin réagir. J'étais en retard au travail. Je m'habillai donc pour partir sans prendre de petit déjeuner, je n'avais pas faim. Ou plutôt si, mais je savais que je ne pourrais rien manger sans avoir des nausées. Heureusement, je n'habitais non loin du lieu de travail, et aujourd'hui, c'était la tournée de Nathanaëlle. Nathanaëlle était le chef du département de surveillance de la brigade quarante-six. Elle était à la fois douce et sévère. Ses cheveux châtain étaient d'une beauté inégalable. Je pouvais les contempler des heures durant. Dommage que ma douce navait pas ces cheveux-là. Parfois, elle me surprenait à les admirer, quand ils volaient près du ventilateur du couloir. Ses yeux émeraudes étaient tout aussi remarquables. J'étais certain qu'ils faisaient tomber de nombreux mecs avec ce tour. Mais ce qu'on ne comprenait pas dans le département, c'était de savoir comment elle se débrouillait pour ne pas avoir de petit ami. Ses un mètre quatre-vingt gênaient pour certains, pour d'autres c'était sa grande intelligence "pour une fille". Autrement c'était elle qui ne les trouvait pas à son goût. La belle plante n'a pas encore trouvé son pot comme on dit. On trouvait cela surprenant et triste.
"Bonjour Vincent! Dis-donc ça ne va pas? Tu es tout blanc!"
J'étais à peine arrivé au bureau que déjà des policiers chargée de la surveillance de la brigade quarante-six me fouillaient. C'était la règle depuis que ce psychopathe faisait cela.
"Bonjour Nathanaëlle. Désolé mais je n'ai pas mangé, j'ai eu envie de vomir ce matin.
-C'est pour cela ton retard?
-On peut dire cela. Cara est déjà montée?
-Oui, il y a environ une heure.
-Au fait, ce n'est pas un travail pour toi ça!! lui dis-je en rigolant.
-Je sais mais regarde le tien! C'est le pire d'entre tous: tu entres sur les scènes de crime, tu réconfortes les victimes... Je n'aimerais pas être à ta place! Je crois que je me mettrais à pleurer comme les victimes.
-Je sais. Mais avec le temps on s'y habitue tu sais... Alors que toi, tu feras toujours la même chose, nous au département, on change toujours de meurtrier avec un profil différent de victimes, etc...C'est même très intéressant, tu sais.
-C'est ennuyeux à souhait! Allez, file avant que je change d'avis et que je te coffre!
-Tu n'oserais pas, si?"
J'avais discuté longuement avec certains de mes collègues, et je me dirigeais vers le tas de paperasse amoncelé sur bureau que déjà mon supérieur me tombait dessus. C'était ma jolie fleur, Cara, chef du département meurtre en série. Elle avait toujours peur pour moi, mais elle ne voulait jamais me dire pourquoi. Elle me protégeait comme un enfant. Elle me voyait comme quelqu'un à protéger.
"Bonjour Vincent! Tu as bien dormi?
-Bonjour chérie.
-Chut! me lança-t-elle. Pas ici, tu le sais très bien!"
C'était vrai, personne ne le savait et ne devait le savoir. C'était contre le règlement. En plus, Cara était ma supérieure. Mais elle était si... resplendissante. Une chevelure blonde cendrée méchée de blond vénitien naturel. Des yeux bleus foncés, à la limite du bleu-nuit. Elle aussi était une belle plante et j'étais content d'être le vase qu'elle avait choisi. Mais un papier qu'elle tenait sans sa main m'interpella.
"Tiens, tu as un portrait robot? Je croyais qu'il n'y avait pas de témoin.
-Oui, m'annonça-t-elle. D'après les données que l'on a, notre homme mesurerait environ une mètre soixante-quinze et pèserait près de soixante kilos. Il aurait à chaque fois de la barbe, mais on ne peut pas vraiment identifier le haut de son visage puisqu'il porte en permanence une capuche. Donc voilà le portrait".
Il était brun avec une queue de cheval, une cicatrice sous l’œil gauche, de la barbe, le visage allongé, les yeux noisettes, un type presque ordinaire comme on dit.
"Dis, Cara. J'ai fais un cauchemar cette nuit. Encore une fois.
-Le faucheur?
-Je ne sais pas. En fait, la trame du meurtre on dirait lui, mais le meurtre, on aurait dit que ce n'était pas lui. Cette fois, je le vois attaquer une famille de trois enfants, alors qu'avant il y en avait deux.
-Il est peut-être passé à la vitesse supérieure.
-Il a recommencé!"
Surpris, Cara et moi nous étions retournés et nous vîmes Sébastian, un bleu du département courir vers nous. Il s'arrêta essoufflé, un dossier à la main.
"Il a recommencé. Hier soir, nous dit-il.
-Tu es sûr que c'est lui? rétorquai-je.
-Cela y ressemble, continua-t-il en ouvrant le dossier. Une famille de trois enfants, leurs parents, décimée. Tous tués au couteau, expliqua-t-il pendant qu'il nous montrait les photos des victimes. Mais il y a des choses qui nous surprennent encore. Il a, semble-t-il, changé de mode opératoire. Sergent, vous qui êtes le spécialiste de cette affaire, il n'y a que vous qui puissiez dire si c'est bien lui ou non.
-Il a changé de mode opératoire? Dis-je en faisant semblant d'être étonné. Il faut que je vois cela au plus vite".
Cara et moi, nous nous regardions dans le blanc des yeux, estomaqués. Ce que je redoutais le plus était arrivé: il avait tué une autre famille, et pour elle il était passé à la vitesse supérieure. Ou alors il y aurait quelqu'un d'autre qui ferait la même chose que lui? Mais dans ce cas, pourquoi aurai-je aussi un lien avec lui? Pourquoi je rêverais de ces meurtres?
Dix heures trente. Cara, Sébastian et moi étions arrivés sur le lieu du crime. La maison était dans le fond d'une impasse et complètement isolée des autres maisons des environs. Il faisait cela pour éviter de se faire repérer rapidement, afin d'agir à sa guise et partir comme bon lui semble. C'était ce que faisait "le faucheur" avant, mais là... C'était comme s'il cherchait quelque chose ou quelqu'un pour attirer l'attention sur lui.
"Si c'est bien lui il a carrément changé de mode opératoire en s'attaquant à un quartier fréquenté.
-Oui, mais nous sommes tout de même dans une impasse, isolés de tout".
En entrant dans cette laborieuse demeure, les murs étaient peints de sang, le sang du père, gisant dans l'entrée. En regardant vers la droite, on pouvait voir le corps de la mère, vers la gauche ceux des deux enfants, deux filles. En face de l'entrée, une petite fille pleurait et me fixait. Elle ne savait sûrement rien de celui qui venait de détruire sa vie. Je venais de remarquer que sur le mur de la maudite cheminée était marqué quelque chose: je te vois. Marqué au sang. Rien qu'en observant les détails de la scène je pouvais me projeter son image: il faisait la même taille que moi à peu de chose près.
"Alors Sandra? Qu'est-ce qu'on a?
-Sophia, Martin, Marie et Morgane McCoylan. Le père, la mère et deux des enfants, tous tués au couteau, sauf l'aînée et la cadette. La première est morte étranglée et la deuxième est vivante, et là-bas, Aliyah McCoylan, six ans depuis quelques jours. Sympathique comme cadeau d'anniversaire. Ils sont morts cette nuit vers vingt-deux heures trente. C'est la nourrice qui a découvert les corps et Aliyah qui était inerte dans le sang de sa mère. Elle n'a pas arrêté de sangloter depuis le meurtre apparemment. On a beau faire tout ce qu'il faut pour qu'elle nous parle, mais rien n'y a fait".
La petite pleurait toujours et me fixait encore plus que quand je suis rentré dans la maison. Lorsque j'entrai dans la même pièce, elle continuait de m'observer. Et quand je me suis approché d'elle et que je me suis accroupi pour lui parler, celle-ci me sauta au cou. Ne sachant pas quoi faire, je l'entrelaçai de mes bras pour la rassurer. Ses pleurs avaient diminué un peu.
"On va retrouver celui qui t'a fait cela je te le promets".
D'un coup, elle me regarda droit dans les yeux, humidifiés par ses larmes.
"Tu me le promets, monsieur?
-Oui c'est promis. Il ira là où il ne pourra plus faire de mal à personne".
Il fallait arrêter ce massacre pour de bon. Que fallait-il faire?