• Événement Anniversaire 2024

    Joyeux anniversaire ! Notre équipe de scientifiques vous attend pour repartir à l'aventure dans notre nouvelle édition de l'évènement d'anniversaire !

    L'événement débute le 2 Avril et se poursuivra jusqu'au 23 ! Pour plus de détails, vous pouvez cliquer ici !
  • Événement Mars 2024 - La chasse aux voyous

    Forgiennes et Forgiens,
    Il est l'heure de participer à notre tout nouvel événement forum : La chasse aux voyous !
    Pour en savoir plus, vous pouvez cliquer ici.
  • Mise à jour 1.279

    La mise à jour 1.279 aura lieu le mercredi 27 mars ! Comme d'habitude, il y aura une courte interruption des serveurs pendant la mise à jour et nous vous prions de nous excuser pour ce petit désagrément.
    Pour une description détaillée des changements à venir, veuillez cliquer ici.

Au plaisir des yeux...

Statut
N'est pas ouverte pour d'autres réponses.

Lyuba

Conquistador
Inédit

Ainsi coulent les saisons,
s’évanouissent les mirages,
s’effritent les désirs.
Mais derrière les futaies
quand le fleuve épouse le ciel
à quoi bon se retourner ?
le paysage se délite,
la vie maraude quoi qu’on veuille
.

Devant soi on mesure
cette étendue de terre
bleuissant dans le soir
et que l’on sait
ne jamais rejoindre,
comme une voix se perd
dans les sous-bois
et n’appartient à personne.
Max Alhau
 

kyhd

Modératrice
Membre de l'équipe
Modérateur
La Chevelure

O toison, moutonnant jusque sur l'encolure!
O boucles! O parfum chargé de nonchaloir!
Extase! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir!

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans les profondeurs, forêt aromatique!
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève!
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts:

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse!
Infinis bercements du loisir embaumé!

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps! toujours! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde!
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir?

Charles Beaudelaire
 

BlackKwolph

Biologiste
De saison, l'un de ces textes simples et tendres que l'on apprend en primaire et n'oublie jamais .

Mars

Il tombe encore des grêlons,
Mais on sait bien que c'est pour rire.
Quand les nuages se déchirent,
Le ciel écume de rayons.

Le vent caresse les bourgeons
Si longuement qu'il les fait luire.
Il tombe encore des grêlons,
Mais on sait bien que c'est pour rire.

Les fauvettes et les pinsons
Ont tant de choses à se dire
Que dans les jardins en délire
On oublie les premiers bourdons.
Il tombe encore des grêlons …

(Maurice Carême, La lanterne magique, 1947)
 

Lyuba

Conquistador
Extrait de La Nuit des temps de René Barjavel

"Tu me comprends, tu avais compris, peut-être pas tous les mots, mais assez de mots pour savoir combien, combien je t'aimais. je t'aime, l'amour, amour, ces mots n'ont pas de sens dans votre langue, mais tu les avais compris, tu savais ce qu'ils voulaient dire, ce que je voulais te dire, et s'ils ne t'avaient pas apporté l'oubli et la paix, ils t'avaient donné, apporté, posé sur toi assez de chaleur pour te permettre de pleurer.

Tu avais compris. Comment était-ce possible ? Je n'avais pas compté, personne de nous ne comptait avec les facultés exceptionnelles de ton intelligence. Nous nous croyons à la pointe du progrès humain, nous sommes les plus évolués ! les plus affûtés ! les plus capables ! le brillant résultat extrême de l'évolution. Après nous, il y aura peut-être, il y aura sans doute mieux, mais avant nous, voyons, ce n'est pas possible ! Malgré toutes les réalisations de Gondawa que tu nous avait montrées, il ne pouvait pas nous venir à l'esprit que vous nous fussiez supérieurs. Votre réussite ne pouvait être qu'accidentelle. Vous nous étiez inférieurs puisque vous étiez avant."
 

Lyuba

Conquistador
Est-ce ainsi que les hommes vivent

Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.
Cœur léger cœur changeant cœur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes nuits
Que faut-il faire de mes jours
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.
C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Dans le quartier Hohenzollern
Entre La Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un cœur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola.
Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.
Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu.
Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton cœur
Un dragon plongea son couteau
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent


Louis Aragon - Le Roman inachevé



 

Barbara99

Conquistador
Je me suis souvenu de ce texte après avoir lu la discussion sur la Cathédrale


la traduction en francais ( par google , ça va pas être au top, mais compréhensible, j'éspere )

Une histoire de dieu

Quand, après beaucoup d'hésitation, Dieu rentra chez lui,
C'était beau temps fabuleux.
Et la première chose que Dieu fit fut d'ouvrir les fenêtres
de l'ouvrir pour bien aérer sa maison.

Et Dieu pensa
"Je vais étirer mes jambes pendant un moment avant de manger."
Et il a descendu la colline jusqu'au village dont il était
Je savais que c'était là.
Et la première chose qui frappa Dieu fut qu’il se trouvait au centre du village
quelque chose était arrivé pendant son absence
ce qu'il n'a pas reconnu.

Au milieu de la place se trouvait une masse avec une coupole
et une flèche qui pointait vers le haut avec pédantisme.
Et Dieu courut à pas de géant en bas de la colline,
pris d'assaut l'escalier monumental
et était dans une étrange,
chambre humide-froide, semi-sombre, moisi.

Et cette pièce était pleine de toutes sortes d'images étranges,
beaucoup de mères avec des enfants avec des cerceaux sur la tête
et une statue presque sadique d'un homme
sur un sommier à lattes.
Et la salle a été éclairée par un certain nombre de graisseux,
blanc jaunâtre, substances chamoises,
à partir de laquelle la lumière a fui.

Il a également vu une foule très improbable
petits gars courent avec des bruns foncés et
robes noires et livres épais en dessous
aisselles fatiguées, même à distance
sentait légèrement moisi.

"Viens ici, qu'est-ce que c'est?"
"Qu'est-ce que c'est ... c'est une église, mon ami.
C'est la maison de Dieu. mon ami. "
"Ah, si c'est la maison de Dieu, mon garçon,
pourquoi les fleurs ne fleurissent pas ici alors,
pourquoi l'eau ne coule-t-elle pas ici et pourquoi?
Le soleil ne brille-t-il pas ici alors, mon garçon? "
"Je ne le sais pas."

"Est-ce que beaucoup de gens viennent ici, mon garçon?"
"Hmm, ça va un peu en arrière ces derniers temps,
mon ami. "
"Et d'où ça vient, à votre avis,
ou n'en avez-vous pas? "
"C'est le diable, le diable est dans les gens
vers le bas. Les gens pensent aujourd'hui,
qu'ils sont eux-mêmes Dieu et préfèrent s'asseoir
ses fesses au soleil. "
"Hmm."

Et Dieu sifflait joyeusement hors de l'église
Sur la place, il en a vu un petit gars assis au soleil sur un banc.
Et Dieu se poussa à côté du petit homme, croisé ses jambes les unes sur les autres
et dit "collègue".


J'ai été très choqué par l'incendie de la cathédrale, j'étais amoureux du charpente, quel travail merveilleux et en quelques minutes..... rien

Ce texte me venue, lorsque j'ai lu le lendemain, que beaucoup de fonds avaient été collectés en une nuit pour la reconstruction. Pour une maison de Dieu dans laquelle personne ne vit et combien de personnes vivent à Paris dans la rue ....
 

BlackKwolph

Biologiste
Je me suis souvenu de ce texte après avoir lu la discussion sur la Cathédrale


la traduction en francais ( par google , ça va pas être au top, mais compréhensible, j'éspere )

Une histoire de dieu

Quand, après beaucoup d'hésitation, Dieu rentra chez lui,
C'était beau temps fabuleux.
Et la première chose que Dieu fit fut d'ouvrir les fenêtres
de l'ouvrir pour bien aérer sa maison.

Et Dieu pensa
"Je vais étirer mes jambes pendant un moment avant de manger."
Et il a descendu la colline jusqu'au village dont il était
Je savais que c'était là.
Et la première chose qui frappa Dieu fut qu’il se trouvait au centre du village
quelque chose était arrivé pendant son absence
ce qu'il n'a pas reconnu.

Au milieu de la place se trouvait une masse avec une coupole
et une flèche qui pointait vers le haut avec pédantisme.
Et Dieu courut à pas de géant en bas de la colline,
pris d'assaut l'escalier monumental
et était dans une étrange,
chambre humide-froide, semi-sombre, moisi.

Et cette pièce était pleine de toutes sortes d'images étranges,
beaucoup de mères avec des enfants avec des cerceaux sur la tête
et une statue presque sadique d'un homme
sur un sommier à lattes.
Et la salle a été éclairée par un certain nombre de graisseux,
blanc jaunâtre, substances chamoises,
à partir de laquelle la lumière a fui.

Il a également vu une foule très improbable
petits gars courent avec des bruns foncés et
robes noires et livres épais en dessous
aisselles fatiguées, même à distance
sentait légèrement moisi.

"Viens ici, qu'est-ce que c'est?"
"Qu'est-ce que c'est ... c'est une église, mon ami.
C'est la maison de Dieu. mon ami. "
"Ah, si c'est la maison de Dieu, mon garçon,
pourquoi les fleurs ne fleurissent pas ici alors,
pourquoi l'eau ne coule-t-elle pas ici et pourquoi?
Le soleil ne brille-t-il pas ici alors, mon garçon? "
"Je ne le sais pas."

"Est-ce que beaucoup de gens viennent ici, mon garçon?"
"Hmm, ça va un peu en arrière ces derniers temps,
mon ami. "
"Et d'où ça vient, à votre avis,
ou n'en avez-vous pas? "
"C'est le diable, le diable est dans les gens
vers le bas. Les gens pensent aujourd'hui,
qu'ils sont eux-mêmes Dieu et préfèrent s'asseoir
ses fesses au soleil. "
"Hmm."

Et Dieu sifflait joyeusement hors de l'église
Sur la place, il en a vu un petit gars assis au soleil sur un banc.
Et Dieu se poussa à côté du petit homme, croisé ses jambes les unes sur les autres
et dit "collègue".


J'ai été très choqué par l'incendie de la cathédrale, j'étais amoureux du charpente, quel travail merveilleux et en quelques minutes..... rien

Ce texte me venue, lorsque j'ai lu le lendemain, que beaucoup de fonds avaient été collectés en une nuit pour la reconstruction. Pour une maison de Dieu dans laquelle personne ne vit et combien de personnes vivent à Paris dans la rue ....
C'est un très beau texte, très juste. Surtout le passage sur la flèche qui s'élève avec pédantisme :-D quelle excellente approche de l'architecture gothique.:up:
Ce n'est pas une "maison de Dieu" qu'il convient de reconstruire, mais plutôt un souvenir de l'art de nos ancêtres (qui n'étaient pas les miens, eux viennent de bien plus loin) à tous. Un pan de l'histoire de la chrétienté, de l'humanité. Mais Dieu n'est effectivement pas dans ces murs. :-)
 

DeletedUser51572

Guest
Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ;
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,
Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher !

Bien des hommes, de tous les pays de la terre
Viendront, pour contempler cette ruine austère,
Rêveurs, et relisant le livre de Victor :
— Alors ils croiront voir la vieille basilique,
Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique,
Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort !

Gerard de Nerval
 

Lyuba

Conquistador
À la première Pâque il fleurit des lilas
La terre est toute verte oublieuse d'hiver
Tout le ciel est dans l'herbe et se voit à l'envers
À la première Pâque

À la Pâque d'été j'ai perdu mon latin
Il fait si bon dormir dans l'abri d'or des meules
Quand le jour brûle bien la paille des éteules
À la Pâque d'été

À la Pâque d'hiver il soufflait un grand vent
Ouvrez ouvrez la porte à ces enfants de glace
Mais les feux sont éteints où vous prendriez place
À la Pâque d'hiver.

Trois Pâques ont passé revient le Nouvel An
C'est à chacun son tour cueillir les perce-neige
L'orgue tourne aux chevaux la chanson du manège
Trois Pâques ont passé

Revient le Nouvel An qui porte un tablier
Comme un grand champ semé de neuves violettes
Et la feuille verdit sur la forêt squelette
Revient le Nouvel An.

Saisons de mon pays variables saisons
Qu'est-ce que cela fait si ce n'est plus moi-même
Qui sur les murs écris le nom de ce que j'aime
Saisons de mon pays
Saisons belles saisons.

Louis Aragon - Le Nouveau Crève-cœur
 

Lyuba

Conquistador
Mais seule…
Une femme seule
Dedans son abîme sans fond
Monte une échelle invisible
Au rythme…
De sa silencieuse respiration.
Esther Nirina

--------------------

Parfois

Parfois, je suis ce désert inutile où la rosée
De l'aurore n’étend même pas ses bras
Pour éviter le souffle de l’harmattan glacé
Juste un sol assoiffé, un pays de non droit.
Parfois, les nénuphars du jour me parlent
Et j’hérite de promesses tièdes pour croire
Que la carte du destin peut être changée
Sans avoir à colorier le tain de mon miroir.
Parfois, l’ombre se vautre dans la nostalgie
Atrophiant le cœur prisonnier de chimères.
A fleur de mots, les parenthèses sans vie
Ouvrent le passé et tombent dans l’ornière.
Parfois, je cours le long des routes bleues
Franchissant les cols, en quête de l’absolu
Mais la brume mélancolique des désaveux
Chevauche, impudique, le songe mis à nu.
Et, je couds sur le temps chargé de solitude
Des alizés d’espoir pour mieux m’envoler
Tout en dirigeant ma girouette vers le sud
Pour oublier les caprices d’un ciel déchiré.
Puis, j’essaie de choisir dans la providence
Entre le crépuscule et les jours en jachère
Les pâturages de soleil même si la distance
Paraît longue avant d’atteindre la lumière.
Si, sous la pierre, s’est réfugiée l’inquiétude
C’est parce que les saisons se sont usées.
Sous le linceul givré de toutes les certitudes
Gisent les lambeaux des rêves de ce passé.
Dans le plomb du rideau, je cache l’espérance
Pour éviter qu’elle n’ait envie de s’échapper
Dans les méandres d’une autre malchance.
Parfois, j’aimerai qu’elle ait envie de rester.

Sedna -
poétesse du net
 

kyhd

Modératrice
Membre de l'équipe
Modérateur
La lune blanche …

La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée…

Ô bien-aimée.

L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure…

Rêvons, c’est l’heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise…

C’est l’heure exquise.

Paul Verlaine.
 

Lyuba

Conquistador
« Je sais maintenant, grâce aux récits intimes de mon for intérieur, et aux histoires des enfances fracassées, qu’il est toujours possible d’écrire des soleils. Combien, parmi les écrivains, d’enfants orphelins, d’enfants négligés, rejetés, qui, tous, ont combattu la perte avec des mots écrits ? Pour eux, le simple fait d’écrire changea le goût du monde. Le manque invite à la créativité. La perte invite à l’art, l’orphelinage invite au roman. Une vie sans actions, sans rencontres et sans chagrins ne serait qu’une existence sans plaisirs et sans rêves, un gouffre de glace. Crier son désespoir n’est pas une écriture, il faut chercher les mots qui donnent forme à la détresse pour mieux la voir, hors de soi. Il faut mettre en scène l’expression de son malheur. L’écriture comble le gouffre de la perte, mais il ne suffit pas d’écrire pour retrouver le bonheur. En écrivant, en raturant, en gribouillant des flèches dans tous les sens, l’écrivain raccommode son moi déchiré. Les mots écrits métamorphosent la souffrance. »
Boris Cyrulnik

hqdefault.jpg

Critique : "Un livre bouleversant, de témoignage et d’émotion, où Boris Cyrulnik convoque les déchirures d’écrivains célèbres, les conjugue à l’aune de ses propres souffrances pour mieux convaincre chacun de nous des bienfaits de l’imaginaire, de la puissance du rêve, des pouvoirs de guérison que recèle l’écriture."
 

bouncer13800

Chevalier
Prosternez-vous devant votre roi
Adorez-le de tout votre coeur
Faites monter
Vers sa Majesté
Un chant de gloire, pour votre Roi des rois


Hymne à Dieu
 

DeletedUser55705

Guest
Tiens, j'avais jamais été dans ce sujet....


" Les explications vont bien pour les choses pratiques, mais sont déplacées pour la beauté, l'amour et la simple présence.
Juste laissez les choses être. Aimez le mystère au lieu de résoudre l'énigme...
"


:-p
 

kyhd

Modératrice
Membre de l'équipe
Modérateur
Le regard.

Cache-moi ton regard plein d'âme et de tristesse,
Dont la langueur brûlante affaiblit ma raison ;
De l'amour qu'il révèle il m'apprendrait l'ivresse ;
Pour les infortunés son charme est un poison.

Lèves-tu sur mes yeux ta paupière tremblante,
C'est le ciel qui s'entr'ouvre et sourit au malheur ;
C'est un rayon divin, une étoile brillante,
Qui perce la nuit sombre où gémissait mon cœur.

Oui, la douleur s'envole ; et mon âme ravie
Suit la douce clarté qui ne peut m'éblouir.
Éviter ton regard, c'est repousser la vie ;
Attache-le sur moi, je ne puis plus le fuir.

Marceline Desbordes-Valmore.
 

Lyuba

Conquistador
Léger comme l'été, et tous ces livres, que l'on grignote avec plaisir, sans prise de tête !

"Pour finir la mère de Marie-José a apporté un grand plat, c'était la cérémonie du dessert, encore un truc italien, qui méritait un compliment.

- Génial ! Un kamasutra ! Merci, j'adore ça !

J'ai tendu mon assiette avec le super sourire de reconnaissance.

C'était la consternation totale, je m'en suis bien rendu compte, car je les surveillais du coin de l'œil.

- Un...un quoi ? a demandé Marie-José en détachant les syllabes.

- Un kamasutra, quoi, le dessert italien, là. On va le manger ou le mettre au musée ?

- Ça y est, j'ai compris, a dit le père de Marie-José. Un tiramisu ?

- Voilà, j'ai confirmé : un tiramisu.

Il y a eu un moment de recueillement, avec une ambiance divine d'exception.

Dans l'ensemble j'ai trouvé que j'avais fait une superbe impression."
Extrait de Le Coeur en Braille de Pascal Ruter

à lire aussi
Le-coeur-en-braille-quatre-ans-apres.jpg


Je n'ai pas trouvé de discussion, où l'on échange sur des livres, alors j'ai posté ici, si besoin vous pouvez modifier
Edit modération : Mais tu as trouvé le sujet idéal, nul besoin de modifier
 
Dernière édition par un modérateur :

Lyuba

Conquistador
Pluie d'été

Que la soirée est fraîche et douce !
Oh ! viens ! il a plu ce matin ;
Les humides tapis de mousse
Verdissent tes pieds de satin.
L’oiseau vole sous les feuillées,
Secouant ses ailes mouillées ;
Pauvre oiseau que le ciel bénit !
Il écoute le vent bruire,
Chante, et voit des gouttes d’eau luire,
Comme des perles, dans son nid.

La pluie a versé ses ondées ;
Le ciel reprend son bleu changeant ;
Les terres luisent fécondées
Comme sous un réseau d’argent.
Le petit ruisseau de la plaine,
Pour une heure enflé, roule et traîne
Brins d’herbe, lézards endormis,
Court, et précipitant son onde
Du haut d’un caillou qu’il inonde,
Fait des Niagaras aux fourmis !

Tourbillonnant dans ce déluge,
Des insectes sans avirons,
Voguent pressés, frêle refuge !
Sur des ailes de moucherons ;
D’autres pendent, comme à des îles,
A des feuilles, errants asiles ;
Heureux, dans leur adversité,
Si, perçant les flots de sa cime,
Une paille au bord de l’abîme
Retient leur flottante cité !

Les courants ont lavé le sable ;
Au soleil montent les vapeurs,
Et l’horizon insaisissable
Tremble et fuit sous leurs plis trompeurs.
On voit seulement sous leurs voiles,
Comme d’incertaines étoiles,
Des points lumineux scintiller,
Et les monts, de la brume enfuie,
Sortir, et, ruisselants de pluie,
Les toits d’ardoise étinceler.

Viens errer dans la plaine humide.
À cette heure nous serons seuls.
Mets sur mon bras ton bras timide ;
Viens, nous prendrons par les tilleuls.
Le soleil rougissant décline
Avant de quitter la colline,
Tourne un moment tes yeux pour voir,
Avec ses palais, ses chaumières,
Rayonnants des mêmes lumières,
La ville d’or sur le ciel noir.

Oh ! vois voltiger les fumées
Sur les toits de brouillards baignés !
Là, sont des épouses aimées,
Là, des cœurs doux et résignés.
La vie, hélas ! dont on s’ennuie,
C’est le soleil après la pluie. —
Le voilà qui baisse toujours !
De la ville, que ses feux noient,
Toutes les fenêtres flamboient
Comme des yeux au front des tours.

L’arc-en-ciel ! l’arc-en-ciel ! Regarde. —
Comme il s’arrondit pur dans l’air !
Quel trésor le Dieu bon nous garde
Après le tonnerre et l’éclair !
Que de fois, sphères éternelles,
Mon âme a demandé ses ailes,
Implorant quelque Ithuriel,
Hélas ! pour savoir à quel monde
Mène cette courbe profonde,
Arche immense d’un pont du ciel !

Victor Hugo


685fb4e0.gif
 

Lyuba

Conquistador
Les loups

Parmi l'obscur champ de bataille
Rôdant sans bruit sous le ciel noir
Les loups obliques font ripaille
Et c'est plaisir que de les voir,

Agiles, les yeux verts, aux pattes
Souples sur les cadavres mous,
— Gueules vastes et têtes plates —
Joyeux, hérisser leurs poils roux.

Un rauquement rien moins que tendre
Accompagne les dents mâchant
Et c'est plaisir que de l'entendre,
Cet hosannah vil et méchant.

« Chair entaillée et sang qui coule
Les héros ont du bon vraiment.
La faim repue et la soif soûle
Leur doivent bien ce compliment.
« Mais aussi, soit dit sans reproche,
Combien de peines et de pas
Nous a coûtés leur seule approche,
On ne l'imaginerait pas.

« Dès que, sans pitié ni relâches,
Sonnèrent leurs pas fanfarons
Nos cœurs de fauves et de lâches,
À la fois gourmands et poltrons,

« Pressentant la guerre et la proie
Pour maintes nuits et pour maints jours
Battirent de crainte et de joie
À l'unisson de leurs tambours.

« Quand ils apparurent ensuite
Tout étincelants de métal,
Oh, quelle peur et quelle fuite
Vers la femelle, au bois natal !

« Ils allaient fiers, les jeunes hommes,
Calmes sous leur drapeau flottant,
Et plus forts que nous ne le sommes
Ils avaient l'air très doux pourtant.

« Le fer terrible de leurs glaives
Luisait moins encor que leurs yeux
Où la candeur d'augustes rêves
Éclatait en regards joyeux.

« Leurs cheveux que le vent fouette
Sous leurs casques battaient, pareils
Aux ailes de quelque mouette,
Pâles avec des tons vermeils.

« Ils chantaient des choses hautaines !
Ça parlait de libres combats,
D'amour, de brisements de chaînes
Et de mauvais dieux mis à bas. —

« Ils passèrent. Quand leur cohorte
Ne fut plus là-bas qu'un point bleu,
Nous nous arrangeâmes en sorte
De les suivre en nous risquant peu.

« Longtemps, longtemps rasant la terre,
Discrets, loin derrière eux, tandis
Qu'ils allaient au pas militaire,
Nous marchâmes par rangs de dix,

« Passant les fleuves à la nage
Quand ils avaient rompu les ponts
Quelques herbes pour tout carnage,
N'avançant que par faibles bonds,

« Perdant à tout moment haleine...
Enfin une nuit ces démons
Campèrent au fond d'une plaine
Entre des forêts et des monts.

« Là nous les guettâmes à l'aise,
Car ils dormaient pour la plupart.
Nos yeux pareils à de la braise
Brillaient autour de leur rempart,

« Et le bruit sec de nos dents blanches
Qu'attendaient des festins si beaux
Faisaient cliqueter dans les branches
Le bec avide des corbeaux.

« L'aurore éclate. Une fanfare
Épouvantable met sur pied
La troupe entière qui s'effare.
Chacun s'équipe comme il sied.

« Derrière les hautes futaies
Nous nous sommes dissimulés
Tandis que les prochaines haies
Cachent les corbeaux affolés.

« Le soleil qui monte commence
À brûler. La terre a frémi.
Soudain une clameur immense
A retenti. C'est l'ennemi !

« C'est lui, c'est lui ! Le sol résonne
Sous les pas durs des conquérants.
Les polémarques en personne
Vont et viennent le long des rangs.

« Et les lances et les épées
Parmi les plis des étendards
Flambent entre les échappées
De lumières et de brouillards.

« Sur ce, dans ses courroux épiques
La jeune bande s'avança,
Gaie et sereine sous les piques,
Et la bataille commença.

« Ah, ce fut une chaude affaire :
Cris confus, choc d'armes, le tout
Pendant une journée entière
Sous l'ardeur rouge d'un ciel d'août.

« Le soir. — Silence et calme. À peine
Un vague moribond tardif
Crachant sa douleur et sa haine
Dans un hoquet définitif ;

« À peine, au lointain gris, le triste
Appel d'un clairon égaré.
Le couchant d'or et d'améthyste
S'éteint et brunit par degré.

« La nuit tombe. Voici la lune !
Elle cache et montre à moitié
Sa face hypocrite comme une
Complice feignant la pitié.

« Nous autres qu'un tel souci laisse
Et laissera toujours très cois,
Nous n'avons pas cette faiblesse,
Car la faim nous chasse du bois,

« Et nous avons de quoi repaître
Cet impérial appétit,
Le champ de bataille sans maître
N'étant ni vide ni petit.

« Or, sans plus perdre en phrases vaines
Dont quelque sot serait jaloux
Cette heure de grasses aubaines,
Buvons et mangeons, nous, les Loups ! »

Paul Verlaine.
 
Statut
N'est pas ouverte pour d'autres réponses.
Haut