Lsf : Langue des Signes Françaises SOURCES :
https://interpretelsf.wordpress.com/2013/02/17/a-chacun-son-signe/
A chacun son prénom, son nom, ou surnom
Il suffit qu’une personne (entendante) fréquente régulièrement la communauté sourde ou bien que la communauté sourde parle fréquemment d’une personnalité (homme/femme politique, artiste, sportif, intellectuel, personnage historique…), pour qu’elle se voit attribuer par cette communauté un « nom-signé ».
Le premier ensemble de « noms-signés » est à la fois le plus vaste et le plus hétéroclite : ils font référence à une caractéristique de l’individu nommé.
C’est d’abord l’aspect physique (incluant la coiffure, le vêtement et ses accessoires) : [yeux en amande], [coupe de cheveux en brosse], [cicatrice sur le front], [pendentif dans le cou], [avant-bras poilu], [longues boucles d’oreille], [grosse joue], [baraqué] …
Exemple : pour désigner Nicolas Sarkozy on signera [sourcil en pointe].
On rencontre aussi quelques métaphores comme [girafe] pour une femme de haute taille, [nounours] pour un garçon rondouillard.
Viennent ensuite les « noms-signés » ayant un rapport avec une habitude, avec le caractère : [sans cesse remue ses pieds], [timide], [roule en moto], [rêveur], [caresse ses cheveux], [rigole tout le temps]…
Logiquement pour Napoléon, on glissera sa main sur le ventre.
Ce peut être aussi une qualité comme le « nom-signe » de Zidane illustrant sa capacité à être partout sur le terrain de football.
On peut aussi trouver des « noms-signés » se référant à un événement, une anecdote, le meilleur exemple étant Jésus-Christ qu’on désigne par les trous dans ses paumes de main suite à sa crucifixion.
Enfin certains « noms-signés » rappellent l’origine géographique de la personne [asiatique] ou sa profession [artiste peintre].
De part leur acuité visuelle les sourds repèrent immédiatement le trait saillant d’un visage, le détail qui introduit une disharmonie, l’originalité d’un comportement. Ainsi on peut remarquer que les noms attribués aux personnages publics mettent souvent l’accent sur un trait que l’on retrouve dans les dessins satiriques de nos quotidiens comme ceux de Plantu dans le journal Le Monde. Par exemple [nez pointu] pour Jacques Chirac, [poches sous les yeux] pour Michel Rocard et [goitre proéminent] pour Edouard Balladur.
Cependant, ces noms, s’ils fonctionnent objectivement sur le mode de la caricature, ne traduisent en général aucune intention satirique et n’ont pas de connotation péjorative. Il ne sont pas là pour se moquer, rabaisser critiquer ou blesser.
C’est en particulier le cas de ceux qui peuvent surprendre par leur extrême franchise, voire leur crudité comme [gros nez], [yeux de travers] [dent du bonheur]… Ils constatent simplement ce qui est, et permettent un repérage commode. Alors cessez de croire que Gérard Depardieu s’est enfui en Belgique vexé d’apprendre qu’en LSF il était désigné par [nez long et bosselé] !
Néanmoins reconnaissons que parfois l’attribution d’un « nom-signé » peut être malicieuse. Deux exemples : François Mitterrand est désigné par le signe vampire en référence à ses incisives qu’il a fait limer à la fin des années 80 et idem pour Ségolène Royal dont le premier « nom-signé » [royal] a été remplacé par [dents de devant rabotées] suite à ses opérations de chirurgie esthétique avant l’élection présidentielle de 2007.
Pour le jeune sourd le premier lieu où il peut recevoir un « nom-signé » est sa famille ou s’il nait dans une famille d’entendants l’école (ou l’internat).
Pour les entendants c’est beaucoup plus aléatoire. Le professeur de cours de LSF, le collègue sourd avec qui on travaille, son voisin de palier, le copain de son fils…
Le processus d’attribution n’est pas formalisé. A un moment, un ou plusieurs sourds vont remarquer que tel signe correspond bien à la personne et si ce choix est pertinent il se diffusera rapidement sur l’ensemble du territoire notamment grâce aux interprètes
Ainsi ce peut être dans les banales interactions de la vie quotidienne qu’un « nom-signé » trouve son origine. Lorsque dans une conversation on évoque une personne qui ne possède pas encore de « nom-signé » on décrit en LSF les différents éléments de son aspect physique, à quoi peuvent éventuellement venir s’ajouter d’autres éléments d’information : maigre + petit + raie des cheveux sur le coté droit + mal rasé + toujours avec une écharpe rouge + comédien. Cette succession de signes constitue une source potentielle de « noms-signés ». Par la suite, la série se réduira à un ou deux éléments, variant selon les interlocuteurs, jusqu’à ce qu’un consensus finisse par s’établir sur un élément unique, qui sera désormais la manière normale, stéréotypée, de désigner cette personne. Évidemment de nombreuses personnes ont le même signe tout comme il existe de nombreux Stéphane, Béatrice, Françoise, Alexandre, Frédéric ou Martine.
Au travail, le mien était :
l'index et le pouce de chaque main écartés sur le côté de chaque oeil
avec les deux index le dessin d'un énorme sourire......