Quand le soleil se couche, il se passe quelque chose quand je marche dans la rue.
En effet dans la nuit, où il n’y a plus d’été, où il n’y a plus d’hiver, quand le système d’aération a été déréglé par des mains criminelles, c’est fou ce qu’on peut entendre, c’est fou ce qu’on peut voir.
J’entends les hommes qui murmurent, ça fait rire les passants.
A la une de ce soir, encore les étoiles noires, à la une de ce soir, toujours les étoiles noires.
De temps en temps je baisse le son, pour écouter les conversations, dans le seul but de retarder l’arrivée de la terreur et plonger dans le noir.
En effet dans la nuit, quand le soleil se couche, les étoiles ne brillent pas fort, je suis comme un néon éteint, un café décaféiné, un coca décocainé, un comprimé d’adrénaline, ça fait comme un éclair dans le brouillard. J’ai grandi sur les trottoirs, j’ai pas de passé, j’ai pas d’avenir.
Y’a longtemps que j’ai pas vu le soleil, pour moi la vie sert à rien.
Je suis venu au monde en criant au secours, j’ai pas demandé à venir au monde. Pourquoi je ris ? Pourquoi je pleure ?
J’ai comme des envies de métamorphose, j’aimerais mieux être un oiseau, j’ai jamais eu les pieds sur terre.
Mais je n’ai plus l’âge de tourner la page, au fond ça changerait quoi ?
Plus on évolue et plus on rétrograde.
On manque de globules et on devient maussades.
J’ai déjà l’âge, à ce rythme là, plus on prend de pilules, plus on est malade.
Ca me rend paranoïaque, ça me trouble les sens, quand j’ai de l’argent, je consomme à fond, j’ai juste envie d’être bien.
J’ai passé ma vie à étouffer mes rêves, mes envies.
Quand j’ai mal à la tête, je fume une cigarette.
Quand le soleil se couche, j’entends les hommes qui murmurent.
Les pieds sur le ciment, je suis dans mon élément, je suis un agent de consommation.
Avant je vendais du rêve, maintenant je porte du vice.
Tout le monde s’est arrêté de parler. Je suis le sexe démystifié.
Je sens des mains sur ma peau, je sens que je dégringole, quand je fume du hasch, ça me donne pas de flash, la musique est sans paroles.
J’ai trop pris d’amphétamines, je suis dans un film d’horreur, je sens des mains qui se glissent, on me crache à la figure, pardon je sens que j’ai mal au cœur.
On me frappe à coups de ceinture, des ombres dans mon dos, ça sent le sang. Un gramme de morphine ! C’est une réaction saine contre la décadence.
Quand on a rien à perdre, alors vous comprendrez jusqu’où on peut aller.
Je suis dans une salle obscure, où des messieurs d’âge mûr, regardent un film sans paroles, j’ai la ville qui me viole, docteur faites-moi une piqûre.
Pour gagner ma vie : travesti de vos corps, travesti de vos âmes, travesti de vos rêves, travesti de vos drames, travesti de vos jours, travesti de vos nuits, travesti de vos amours, travesti de vos vies.
En effet dans la nuit, je sens des mains sur ma peau, des ombres dans mon dos, comme des pieuvres entre mes cuisses, des séances de groupe thérapie qui ressemblent à des orgies.
Chacun fait ce qu’il veut de sa vie.
Dans une ruelle obscure, je marche en rasant les murs, ça vaut la peine que je m’assoie, votre tour viendra. Quand je marche dans la rue, j’entends les hommes qui murmurent : « est-ce une étoile du futur ? ». C’est là qu’on voit que le petit garçon a bien appris sa leçon.
Mais je connais un garçon, son regard a croisé mon regard, j’ai été projeté quelque part, c’est un garçon pas comme les autres.
La première fois que je l’ai vu, on s’est raconté nos vies.
J’aurais voulu être un artiste, pour pouvoir faire mon numéro.
Dans sa tête, il y’a que de la musique.
J’aurais voulu être un chanteur, pour pouvoir crier qui je suis.
On dirait qu’il vit dans une autre galaxie.
J’aurais voulu être un auteur, pour pouvoir inventer ma vie.
On a ri, on a pleuré.
J’aurais voulu être un acteur, pour tous les jours changer de peau et pouvoir me trouver beau.
Pourquoi lui ? Pourquoi pas ?
C’est très bien de croire en son étoile, j’ai le vent dans les voiles, moi je l’aime, c’est pas de ma faute, même si je sais qu’il ne m’aimera jamais.
J’aurais voulu être un artiste, pour avoir le monde à refaire.
Je devrais me faire une raison, essayé de l’oublier… Mais…
Dites-moi ce qui sera le mieux ?
On a beau faire marche arrière, j’ai encore les yeux trop cernés.
J’aurais voulu être un artiste, pour pouvoir dire pourquoi j’existe.
Je passe la moitié de ma vie en l’air !
C’est mon seul ami, sa musique a changé ma vie.
C’est un garçon pas comme les autres, c’était fatal, au premier regard, c’était comme le feu et l’eau.
Moi j’ai toujours rêvé de rencontrer un ange, je te ressens bien plus que tu ne crois, j’ai besoin d’amour, mais je sais qu’il ne m’aimera jamais.
Avec lui j’ai envie de danser pieds nus dans la lumière, j’ai envie de marcher sur la mer, de planer dans les airs.
Comme j’ai besoin de musique, comme j’ai besoin de lumière, comme j’ai besoin d’eau, comme j’ai besoin d’air… Juste un peu d’amour, comme l’oiseau a besoin de ses ailes pour voler, comme la lune a besoin de la nuit pour briller, mais je sais qu’il ne m’aimera jamais.
En gage de mon admiration, je joue sur l’intériorité dans le désespoir total.
On se caresse, on se cajole, on se comprend, on se console mais au bout du compte on se rend compte qu’on est toujours tout seul au monde.
Pourquoi vivre à deux si c’est pour vivre à moitié, y’a quelque chose qui tourne pas rond.
Moi je l’aime c’est pas de ma faute, même si je sais qu’il ne m’aimera jamais.
Le jour est gris, la nuit est bleue, marcherons-nous main dans la main ?
Je m’envole… je m’envole… je m’envole… musique apocalyptique, je vois le monde s’écrouler dans un écran de fumée.
A quoi ça sert de vouloir monter si haut ?
A quoi ça sert de vouloir être si beau ?
Moi je l’aime, c’est pas de ma faute, même si je sais qu’il ne m’aimera jamais.
Si tu pars avec moi, les gens te montreront du doigt, si je pars avec toi, j’oublierai qui j’étais.
Loin de la foule qui m’affole, loin de la ville qui me viole. Si tu pars avec moi sur les autoroutes de la folie, me voir sous toutes mes coutures, sans foi ni loi, sans feu ni lieu, malgré la pluie, on verra bien où on va.
Quand on part pour ce pays là, on est sur qu’on revient pas.
On se déteste, on se déchire, on se détruit, on se désire.
Quand il est parti, au détour de la nuit avec la même main qui caresse si bien, avec le même bras qui vous serrait si fort, il ne m’a rien dit.
La lune sera mon diadème, la voie lactée sera mon voile nuptial, toi qui sais déjà la fin de mon histoire, emmène-moi avec toi dans le ciel.
Moi je l’aime, c’est pas de ma faute…
Personne ne s’arrête sur mon passage. Même ceux qui rêvent de moi la nuit, dans leur lit.
La dernière fois que je l’ai vu, il ne m’a même pas répondu.
Toutes les nuits je rêve qu’on me viole, comme une image divine qu’on adore et qu’on adule, une image de magazine sur laquelle on éjacule.
Vous qui m’avez volé ma vie, vous qui m’avez déjà tout pris, venez vous partager mon corps.
Je suis tout ce que vous voulez, je suis tout ce que vous pensez, je suis vos amours blessés, votre jeunesse envolée, je suis vos désirs secrets, je suis vos haines étouffées.
Je suis entre vos mains une star, c’est très bien.
Je devrais me faire une raison, essayé de l’oublier.
Au détour de la nuit, j’entends les hommes qui murmurent, les néons de la nuit remplacent le soleil quand vient la fin du jour.
J’entends les hommes qui murmurent.
Moi je l’aime.
Il ne m’a même pas répondu, ça fait rire les passants.
Demain il sera trop tard.
Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ?
Moi je l’aime, j’entends les hommes qui murmurent, je consomme à fond. Moi je l’aime, je sens des mains sur ma peau, quand je fume du hasch, des ombres dans mon dos. Moi je l’aime, un gramme de morphine, je sens des mains qui se glissent. Moi je l’aime, j’ai trop pris d’amphétamines, comme des pieuvres entre mes cuisses. Moi je l’aime, docteur, faites-moi une piqûre, c’est pas de ma faute, héroïne de mon film…
J’ai la tête qui éclate, je voudrais seulement dormir, m’étendre sur l’asphalte et me laisser mourir, je cherche le soleil au milieu de ma nuit, j’ai plus envie de me battre, j’ai plus envie de courir, laissez-moi me débattre, venez pas me secourir, je continue ma trajectoire vers d’autres galaxies...